Le président sahraoui demande aux Nations unies la protection des Sahraouis contre la répression marocaine. Le président de la République arabe sahraouie démocratique alerte : «La situation dans les territoires occupés est explosive. La répression acharnée qui s'abat depuis quelques semaines sur la population depuis le début des manifestations pourrait conduire à des massacres massifs des civils sahraouis» La sonnette d'alarme du chef de l'Etat sahraoui, hier à Alger, forum du quotidien arabophone El Bilad, tient des derniers développements dans les territoires occupés, notamment à Dakhla et à Lâayoune- suite aux manifestations anti-marocaines conduites principalement par les étudiants sahraouis. Dans ces deux villes essentiellement, la police marocaine a déclenché une vaste et «terrible» répression qui s'est traduite, selon lui, par le recours à des arrestations massives, à l'enlèvement d'une dizaine de personnes, mais aussi à la torture des personnes impliquées. Cela se passe, s'insurge M.Abdelaziz, dans l'anonymat le plus total après que les autorités marocaines ont interdit l'accès aux zones occupées, à la presse étrangère, aux observateurs internationaux ainsi que plusieurs ONG (Organisations non gouvernementales). Tout en réaffirmant la détermination des sahraouis à poursuivre, dans un cadre pacifique, le mouvement de protestation - à travers le recours aux marches, aux grèves, à des actes de désobéissance... - le président sahraoui lance un appel urgent à la communauté internationale, notamment aux Nations unies pour la protection du peuple sahraoui des territoires occupés contre la machine répressive marocaine. Le chef de l'Etat sahraoui qui n'a eu de cesse de prôner l'esprit pacifique du combat de son peuple et la fidélité de son gouvernement à la solution politique- le référendum sur l'autodétermination- n'a pas pour autant exclu l'éventualité du recours à la lutte armée «Et c'est au Maroc qu'en incombe la responsabilité» a-t-il prévenu. Mais force est de constater, reconnaît-il, que l'ONU, depuis quelques mois, ne porte plus le même intérêt à cette question: «Les Sahraouis se sentent, depuis quelque temps abandonnés par la communauté internationale. Par l'ONU notamment» lâche le président de la Rasd en appelant l'organisation à assumer ses responsabilités et ses engagements dans le cadre des résolutions adoptées et conclues entre les parties concernées, dans une région qui se trouve sous son entière responsabilité. Il a d'ailleurs saisi cette occasion pour demander la désignation de deux représentants- politique et technique- du secrétaire général de l'ONU pour la mise en oeuvre du référendum sur l'autodétermination mentionné, rappelle-t-il, dans le Plan Baker. Sur le plan diplomatique, le président de la Rasd ne peut que se réjouir. Après la reconnaissance officielle de la Rasd, récemment de l'Afrique du Sud, il a noté avec satisfaction l'appel de plusieurs députés du Congress américain au secrétaire d'Etat de leurs pays, Condolezza Rice la sommant de faire pression sur le Maroc pour permettre l'organisation du référendum: «Ce sont des signes extrêmement positifs», note-t-il. Le même optimisme est signalé vis-à-vis des efforts de l'Espagne depuis notamment la récente visite, il y a quelque temps, aux camps de réfugiés des Sahraouis, du secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires étrangères. Le président a alors interpellé de gouvernement de Jose Luis Zapatero pour stopper la répression qui se poursuit jusqu'à ce jour contre les manifestants sahraouis. Interrogé sur le pillage par le Maroc et des sociétés étrangères, américaines notamment, des ressources énergétiques- pétrole et gaz- après le retrait d'une société norvégienne, M.Abdelaziz a appelé la firme américaine à suivre l'exemple des Norvégiens sinon sa présence n'a d'autre sens que de soutenir «la colonisation des terres sahraouies», explique-t-il. Il aussi mis en garde l'Union européenne contre le projet- en gestation- d'exploitation des richesses halieutiques des côtes sahraouies. M.Abdelaziz a par ailleurs, minimisé le rôle joué par la Ligue arabe dans le règlement du conflit et a accusé le Maroc d'avoir diabolisé l'image des Sahraouis vis-à-vis de l'opinion arabe. Pour des considérations «humanitaires», le président sahraoui a promis de poursuivre la libération des otages marocains mais a vite répliqué en demandant la réciprocité et en appelant les autorités marocaines à libérer les 150 sahraouis qui croupissent dans leurs geôles.