Le Premier ministre et Ghassan Salamé D'autres paramètres influent en ce domaine, faussant les calculs et les approches des uns et des autres, dès lors que les rivalités tribales et le rôle fluctuant des milices islamistes, voire même des groupes terroristes, interfèrent au point de rendre insolubles les problèmes. Reçu dimanche dernier par le Premier ministre Ahmed Ouyahia au cours d'une audience à laquelle assistait le ministre des Affaires étrangères Abdelkader Messahel, le nouveau représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour la Libye et chef de la mission d'appui des Nations unies dans ce pays (Manul), Ghassan Salamé, est venu en Algérie pour un diagnostic pointu sur la situation actuelle qui prévaut dans le pays voisin. Les dispositions de l'accord conclu en décembre 2015 sont parvenues à leur terme, avec cette exigence afférente d'une stratégie qui intègre la problématique d'un consensus beaucoup plus large. En d'autres termes, le blocage observé au cours des derniers mois, avec un véritable bras de fer entre le GNA du Premier ministre Fayez al Serraj et les autorités de l'Est, rangées aux côtés du maréchal Khalifa Haftar, ne peut perdurer et pour le résoudre, il faut revoir la copie de 2015 en ce qui concerne les élections, d'une part, et la prise en compte des revendications de Haftar et des responsables de Tobrouk, d'autre part. Telles furent les motivations de certaines parties qui ont cherché à orienter les évènements, faute de pouvoir réellement les influencer, oeuvrant officiellement à concilier les positions et les attentes du GNA, appuyé par la communauté internationale, et celles du groupe rival soutenu par les Occidentaux et par Moscou. Sauf que d'autres paramètres influent en ce domaine, faussant les calculs et les approches des uns et des autres, dés lors que les rivalités tribales et le rôle fluctuant des milices islamistes, voire même des groupes terroristes tapis dans certains coins de la Libye, interfèrent au point de rendre insolubles bien dès problèmes. C'est d'ailleurs ce qu'on a pu observer dimanche dernier, dans la ville de Reqe'at où huit personnes ont été tuées et deux autres blessées, dans des affrontements entre des groupes armés et des habitants de la ville, à 40 km au sud-est de la capitale libyenne. «Les affrontements ont éclaté à l'aube entre de jeunes résidents et des groupes armés venus de la ville voisine de Tarhouna», a confirmé une source du ministère de l'Intérieur, citée par l'agence chinoise Xinhua. Des éléments armés avaient tué un jeune habitant de Reqe'at, provoquant la colère de la population qui les a attaqués. En représailles, ils sont revenus plus nombreux, avec des chars et de l'artillerie lourde, pour punir la ville et sa région, détruisant des quartiers résidentiels et créant un véritable chaos alors que le gouvernement et les autorités locales n'ont fait aucune déclaration à ce sujet. Un incident qui illustre parfaitement toute la difficulté à laquelle se heurtent les médiations autres que celle, dite politique, de l'ONU en concertation étroite avec l'Algérie dont le rôle est incontournable, compte tenu du poids des attaches ancestrales et des relations historiques entre les peuples algérien et libyen. La multiplication des efforts qui ont été tentés par certains pays, au Moyen-Orient et en Europe notamment, n'ont guère pesé dans la balance. Le travail inlassable de la diplomatie algérienne, lui, a bel et bien porté ses fruits, d'abord parce qu'il transcende les ambitions humaines, ensuite parce qu'il privilégie les intérêts vitaux du peuple libyen, à équidistance de toutes les parties en présence. Le souci de préserver la souveraineté, l'unité et l'intégrité de la Libye est ainsi reconnu et proclamé par l'ensemble des puissances, de quelque continent qu'elles viennent et c'est là un acte très important car les velléités de division et les facteurs de guerre civile sont toujours aussi actifs. La tournée de Abdelkader Messahel, à deux reprises en l'espace d'une vingtaine de jours, dans la majorité des villes libyennes, du nord au sud, d'est en ouest, avec les escales incontournables de Tripoli et Benghazi, a constitué le socle de cette stratégie diplomatique à long terme. Nul doute que la doctrine est immuable et le travail continu. Pour toutes ces raisons, Ghassan Salamé qui est porteur du plan onusien de résolution politique de la crise libyenne dont les accords de décembre 2015 ont été les premiers fruits, est venu à Alger pour des entretiens préalables à la détermination des prochaines étapes afin de faire progresser au plus vite le dialogue. Les soubresauts de la crise, conjugués aux inquiétantes présences des groupes terroristes sur les flancs sud et sahélien entre autres, imposent ce genre de concertation et la multiplication des contacts avec tous les responsables libyens afin de les encourager dans la voie de la réconciliation et de la paix, et celle d'élections libres dont sortiront enfin des institutions légitimes...