Dissuasion. Encore un essai nucléaire nord-coréen hier. Le sixième depuis 2006. Ce qui a provoqué un séisme d'une intensité de 6,3 dans l'échelle de Richter. Il s'agirait d'une bombe d'une puissance 10 fois plus importante que celle qui a été larguée sur Hiroshima en 1945. De plus, cette bombe peut être embarquée sur un missile intercontinental qui pourra atteindre les Etats-Unis. Ce qui pose un sérieux problème sur la sécurité américaine. Problème qui jusque-là ne semble avoir aucune parade réelle. Le président américain, Donald Trump, n'a de cesse de répéter que «toutes les options sont sur la table», c'est-à-dire même celle militaire. Ce qui n'a pas l'air d'impressionner Pyongyang qui poursuit ses essais. Son voisin et ancien colonisateur, le Japon, s'inquiète au plus haut point. Surtout depuis le lancement, la semaine dernière par la Corée du Nord d'un missile qui a survolé le Japon avant de s'abîmer dans l'océan Pacifique. La Chine, la Russie ont certes condamné l'essai nord-coréen, mais ont surtout appelé à l'apaisement et au dialogue. Ce qui démontre que le souci pour eux n'est pas le même que pour les Etats-Unis ou le Japon ou encore la Corée du Sud qui ne se sentent plus en sécurité. Même la France qui s'inquiète pour elle-même et son continent l'Europe. Le problème est plus qu'épineux. Voilà un pays qui se dote de la force nucléaire et de missiles balistiques sans «l'autorisation» du «club» des puissances nucléaires. Un défi à ces quelques pays qui croyaient à leur surpuissance et leur invulnérabilité. Pour la Corée du Nord disposer de l'arme nucléaire et des missiles balistiques la met à l'abri des menaces américaines. Elle a souvent cité les cas de l'Irak et le tragique sort infligé à Saddam Hussein ainsi que le cas de la Libye et l'assassinat de son leader Mâamar El Gueddafi. Selon les autorités de Pyongyang, si ces deux dirigeants disposaient de l'arsenal nucléaire, ils seraient toujours en vie et leurs pays en paix. Ceci dit, la Corée du Nord devient ainsi le deuxième pays au monde, après Israël, à disposer d'un arsenal nucléaire qui ne soit pas agréé par la communauté internationale. Il faut dire qu'entre ces deux pays, le courant ne passe pas du tout. Mais alors pas du tout. Dernièrement, un ministre israélien a osé critiquer le programme nucléaire nord-coréen. La réponse de Pyongyang a été fulgurante. Et pleine de menaces. A tel point que le chef du gouvernement de Tel-Aviv a rappelé à l'ordre son ministre lui disant qu'ils avaient assez d'ennemis sur la scène internationale pour ajouter dans la liste la Corée du Nord. Pour l'anecdote, l'humoriste français Dieudonné, connu pour ses démêlés avec le lobby israélien, va se rendre à Pyongyang pour «la fête de la paix» obtenue par la dissuasion nucléaire. Plus sérieusement et à terme, la Corée du Nord, avec son arsenal nucléaire va changer le rapport de force mondial en vigueur jusque-là. D'une part, parce que l'option militaire n'est pas viable et d'autre part, parce que les sanctions économiques n'ont rien donné. Rien n'arrêtera donc Pyongyang à poursuivre son programme nucléaire.