Brahimi impuissant face à la Zambie Cette dernière sortie de l'EN a mis à nu toutes les faiblesses et les lacunes tactiques et techniques de ce groupe dirigé par un technicien qui, pour l'instant, n'a rien pu apporter pour laver l'affront. Au coup de sifflet final du match retour d'avant-hier soir entre l'Algérie et la Zambie, le peuple sportif algérien a ressenti de profondes déception et tristesse voyant les Verts brader définitivement à leur rêve de jouer une troisième Coupe du monde de suite. Le sursaut d'orgueil tant promis par les joueurs et l'entraîneur Alcaraz, n'a pas eu lieu. Cette dernière sortie de l'EN a mis à nu toutes les faiblesses et les lacunes tactiques et techniques de ce groupe, dirigé par un technicien qui, pour l'instant, n'a rien pu apporter pour laver l'affront. Au final, éliminé du Mondial russe, comme cela était bien évidemment pressenti, les Verts font face à présent à une situation délicate et qui sont fragilisés par ces contre-performances, mais surtout pas à un état d'esprit très fébrile pour ne pas dire complètement dépité. Sur le plan sportif, la dégringolade du niveau de la sélection algérienne est si apparente que certains observateurs sont unanimes à dire que les M'Bolhi et compagnie n'ont plus la même valeur acquise lors du Mondial brésilien de 2014. Et justement, au lendemain de la grosse performance des partenaires de Halliche à l'époque au pays de la samba, les Verts ont enchaîné les déboires et l'EN n'a jamais cessé de sombrer dans le doute et l'instabilité technique et organisationnelle. Voici donc une analyse qui reflète la chronologie de la chute libre de la sélection nationale. Quatre sélectionneurs en trois ans! Pour être plus clair, en football, la défaite peut et doit être acceptée car elle fait partie des cycles des équipes sportives. Toutefois, l'Algérie s'est autodétruite, créant elle-même les conditions de sa déchéance. Primo, l'instabilité au niveau de la barre technique de l'EN qui a contribué considérablement à la destruction de celle-ci. En consommant pas moins de quatre sélectionneurs nationaux au bout de trois années (depuis le Mondial 2014 à ce jour), la Fédération algérienne de football a montré son amateurisme dans la gestion de la transition après le départ de Vahid Halilhodzic, ce qui a eu des conséquences fatales sur l'évolution de l'EN. N'ayant pas trouvé un digne successeur au technicien bosniaque, l'ex-boss de la FAF, Mohamed Raouraoua, a enchaîné trois erreurs de casting. D'abord avec l'arrivée de Christian Gourcuff, les principes de jeu étaient tout aussi palpables avec un football offensif, organisé autour d'un 4-4-2 dans lequel Taïder et Bentaleb s'exprimaient pleinement. Cependant, mis sous pression par les médias et les supporters au lendemain de son échec en coupe d'Afrique des nations 2015 en Guinée équatoriale, le technicien français a choisi de rendre le tablier à Raouraoua. Ce dernier n'a pas trouvé mieux que de ramener un coach au profil inadapté à la sélection algérienne, en la personne du Serbe Milovan Rajevac. A la veille du match Algérie-Cameroun, les embrouilles ont commencé pour ce coach avec ses joueurs, qui recommanda alors à l'ancien président de la FAF de rebâtir carrément l'EN, alors que certains cadres l'ont carrément rejeté. Il lui avait demandé de renvoyer tous les joueurs et de repartir à zéro. Résultat des courses: l'EN a concédé un match nul contre les Lions Indomptables à Blida et a compromis ses chances d'aller au Mondial russe, précipitant le départ expresso de l'ex-sélectionneur du Ghana. Viendra par la suite le tour du technicien belge Georges Leekens, qui faisait un retour inespéré en Algérie. Ce dernier, dépassé par l'ampleur qu'a pris les Verts, a vite plié bagage au lendemain de la défaite catastrophique au Nigeria (3-1), qui a presque mis une croix sur les chances de l'EN d'aller à Moscou. Le Belge a finalement été sacrifié quelques mois seulement après sa prise de fonctions. Enfin, avec l'élection le 20 mars dernier de Kheireddine Zetchi à la tête de la FAF, ce dernier voyait en la personne de Lucas Alcaraz celui qui est capable de mener la sélection à bon port, avant de se heurter à la vérité du terrain. D'abord, échouant à qualifier l'EN des locaux au CHAN 2018 devant une modeste équipe libyenne, l'ex-coach du FC Grenade n'a pas eu le temps de souffler avant de trébucher de nouveau cette fois-ci avec l'EN A. Le technicien ibérique s'est vite rendu compte de la mauvaise passe que traversait la sélection algérienne: des joueurs incapables de se relever après ces échecs. Certes, Alcaraz n'est pas le seul fautif, mais il n'en reste pas moins le principal responsable. Certains joueurs n'ont plus l'état d'esprit de guerriers d'autrefois, mais le coach de l'EN a fauté par ses choix ratés et sa façon de gérer un groupe déjà à genoux. Instabilité à la FAF Au lendemain de son arrivée au siège de la FAF, Zetchi a promis de redorer l'image de l'EN en particulier, puis celle du football algérien en général. Cependant, ce dernier se heurta au grand chantier qui l'attendait à l'échelle locale, avec des scandales à la pelle, mais également à la lourde mission de remettre sur pied une sélection qui a été au bord de l'élimination du Mondial 2018 et qui devait se replonger tout de suite dans la préparation des éliminatoires de la CAN 2019. Une mission délicate confiée à Lucas Alcaraz qui, d'abord rata le premier challenge russe, puis ce retrouvera sous une pression terrible, son président et lui. Il faut dire qu'avec les nombreux dossiers délicats qu'il doit gérer entre l'arbitrage, les scandales de la corruption, les stades et la violence et enfin la formation, sans oublier les conflits au sein même de son Bureau fédéral, Zetchi se retrouve dans une situation complexe. Zetchi et Alcaraz appelés à revoir leurs projets Désormais, le président de la FAF doit d'abord remettre de l'ordre au sein de sa structure et penser à valoriser ce qui a été acquis avant d'entreprendre une «révolta» pour l'EN et le foot national. Pour ce qui est des Verts, l'Algérie a la chance de compter sur une génération talentueuse capable de relever le défi à condition de se ressaisir. Compter sur de nouveaux visages avec Saâdi, Ounas, Bennacer sans oublier les jeunes talents locaux tels que Salhi, Benguit, Abdellaoui et autres, permettra à Alcaraz de raviver son groupe en vue de la CAN 2019 et de bâtir une équipe jeune d'avenir et ne compter que sur les meilleurs joueurs motivés et dévoués. Et dans un autre registre, la FAF doit changer de mode de fonctionnement, en assainissant son BF puis en dotant les Equipes nationales de staffs compétents, d'une DTN forte et ensuite se pencher sur le marasme du championnat local. Plus que jamais, Zetchi doit appliquer ce qu'il avait promis de faire pour enclencher sa fameuse révolution du football algérien, à défaut de replonger dans les années néfastes.