Chahed a été chargé de former un nouveau gouvernement plus consensuel par le président Essebsi «J'ai décidé de procéder à un remaniement gouvernemental», a déclaré M. Chahed suite à un entretien avec le président Béji Caïd Essebsi, avant de détailler la liste de ses nouveaux ministres. Le chef du gouvernement tunisien Youssef Chahed a annoncé hier avoir procédé à un vaste remaniement ministériel, qui était attendu et a notamment touché les ministères de l'Intérieur et de la Défense. «J'ai décidé de procéder à un remaniement gouvernemental», a déclaré M. Chahed suite à un entretien avec le président Béji Caïd Essebsi, avant de détailler la liste de ses nouveaux ministres. Le directeur de cabinet de M. Chahed, Ridha Chalghoum, ex-conseiller économique du chef de l'Etat, a été nommé ministre des Finances. Un ancien ministre de la Défense Abdelkrim Zbidi reprend ce poste et remplace l'universitaire Farhat Horchani, tandis que le ministre de l'Intérieur Hédi Majdoub a été remplacé par Lotfi Brahem. De formation militaire, Brahem a dirigé la Garde nationale (gendarmerie) selon des médias tunisiens. Chalghoum et Zbidi ont tous deux occupé des postes au gouvernement sous le président déchu Zine El Abidine Ben Ali, renversé par une révolution en 2011. Nommé ministre de la Défense juste après la chute de Ben Ali,. Zbidi avait occupé ce poste entre 2011 et 2013, avant de claquer la porte du gouvernement à la suite de la crise politique déclenchée par l'assassinat de l'opposant de gauche Chokri Belaïd le 6 février 2013. Il avait alors fustigé la classe politique incapable selon lui de sortir la Tunisie de la crise. Ce remaniement était fortement pressenti et la scène politique ainsi que les médias vivaient dans l'expectative depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines, au gré des rumeurs et des noms jetés en pâture pour «griller» les prétentions à tel ou tel portefeuille, même si en fin de compte le dernier mot appartenait aux principales forces sociopolitiques en pourparlers. L'annonce officielle est donc intervenue après les multiples et laborieuses consultations avec les principales formations politiques et les organisations comme la puissante Centrale syndicale Ugtt et le patronat Utica. Youssef Chahed, le plus jeune chef de gouvernement tunisien depuis l'indépendance du pays en 1956, a été nommé voici un an. Issu de Nidaa Tounès, formation créée par le président Essebsi, il avait alors été chargé de constituer un gouvernement «d'union nationale» pour transcender le cabinet précédent, dissous pour cause d'»inefficacité» économique. Dans un entretien au magazine Leaders, Youssef Chahed a révélé la préparation de «tout un plan de relance économique». «C'est le redressement des finances publiques qui exige une priorité absolue, tout comme la balance commerciale et les entreprises publiques en difficulté» a-t-il insisté. Son équipe sortante comptait des postes «vacants» qu'il fallait pourvoir, comme ceux des Finances et de l'Education, dont les titulaires contestés avaient été limogés. Le ministre de l'Investissement, Fadhel Abdelkéfi, a assuré l'intérim pour les Finances, mais lui-même a dû démissionner en août en raison d'une condamnation par la justice en 2014, dont il a dit ne pas être informé. Les tractations ont été particulièrement dures, retardant à maintes reprises ce remaniement. On parle en effet de tiraillements entre Nidaa Tounes et Ennahda qui ont cherché chacun à arracher le plus grand nombre de porte-feuilles, avec des retombées sur les rouages de l'Etat et la paralysie de ses institutions, selon les critiques de l'Ugtt qui n'a pas proposé de candidats, pas plus d'ailleurs que la centrale patronale. Toutes deux disent attendre une orientation claire de la stratégie gouvernementale, synonyme de changement en profondeur et de mise à l'écart des personnalités soupçonnées de corruption.