Sa philosophie est comme sa devise: accepter l'autre quelles que soient ses origines, sa culture et son identité. Elle se dit chanteuse du monde, ambassadrice de la paix. Elle se produit là où la guerre est la plus meurtrière. En fait, Sapho fait partie de ce genre humain qui a pris le glaive pour combattre l'injustice, la guerre et le sang. «Je suis contre cette guerre sans nom qu'on mène en Palestine. Je suis contre l'oppression de l'être humain. Contre tous ces discours de terreur qu'on prêche çà et là» a déclaré Sapho, hier lors de la conférence de presse qu'elle a animée à la salle Ibn Khaldoun, à la veille du concert qu'elle donnera dans la même salle. Pour illustrer ses dires, la chanteuse raconte un épisode qui, à ses yeux, revêt une importance capitale. Il s'agit des concerts qu'elle a donnés à Gaza et à Tel Aviv. «A l'époque, on voyait cela du mauvais oeil. Du côté palestinien d'abord parce que je suis juive. Du côté israélien ensuite parce que j'ai chanté en Palestine et on a pris cela pour de l'antisémitisme. Mais, moi, si je me suis produite dans ces lieux c'est bien pour briser tous les tabous et crier haut et fort que mon objectif est de semer la paix là où je passe». Mieux encore «j'ai chanté Oum Kalthoum là où il m'a fallu faire face à toutes les attaques». Cela, elle le dit sans rougir: «Je suis une chanteuse juive qui a repris une chanteuse égyptienne, musulmane de surcroît». Pour l'anecdote, lors de son passage à Gaza, Sapho s'est produite dans un théâtre dénué de tous les moyens, pour ne pas dire vétuste. «Lorsque le son est présent c'est la lumière qui s'en va. Et lorsque les lumières se rallument, c'est le son qui fait défaut» raconte Sapho avant d'éclater de rire. Cette chanteuse est née à Marrakech de famille juive. Cependant, sa judaïté ne lui cause aucun problème pour afficher hautement ses positions «politiques». Cependant, elle refuse d'être taxée de chanteuse engagée. «Je suis pour le politique et contre la politique» a-t-elle indiqué. Sa philosophie est comme sa devise: accepter l'autre quelles que soient ses origines, sa culture et son identité. «La paix commence là où commence le respect mutuel». Elle cite à cet effet son album Orients enregistré en 2003. «Dans Orients il y a eu un mélange des religions monothéistes: le judaïsme, l'islam et le christianisme» a déclaré Sapho. Se voulant plus claire, elle souligne: «L'album, je l'ai créé à Bagdad en 2002, soit un peu avant l'occupation des territoires irakiens. L'enregistrement a eu lieu à Nazareth. Le mixage à Chicago et en collaboration avec un jordano-palestinien. Et le comble c'est que l'orchestre est composé des musiciens musulmans, chrétiens et juifs!». Sapho se dit fière de cette diversité aussi bien de nationalités que de religions. «C'est l'exemple du pardon, de la tolérance et du respect entre les peuples» a-t-elle insisté. La chanteuse a indiqué par ailleurs qu'elle est aussi poétesse, essayiste et romancière. «L'écriture est une résistance qui se fait dans la douleur. La création, elle, il faut l'attendre au détour d'une phrase» a souligné la chanteuse. Elle a déclaré enfin que pour le concert qu'elle animera mardi prochain à la salle Ibn Khaldoun, elle chantera ses Orients. Elle sera accompagnée de sept musiciens «La soirée sera dédiée à la grande diva Oum Kalthoum» a-t-elle conclu avec son rire mythique.