L e palais Zighout-Youcef où le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, présentera devant les députés son plan d'action sera placé sous les projecteurs de l'actualité. Quelles surprises nous réserve ce programme? Allons-nous encore serrer la ceinture d'un cran? L'angoisse a déjà gagné aussi bien les députés que le simple citoyen qui gardent toujours en mémoire, la terrible situation vécue au milieu des années quatre-vingt-dix quand l'Algérie était passée sous les fourches Caudines du FMI. Fermeture d'entreprises, licenciements, chômage et déprime sociale accentuée par une grave insécurité. La hantise. Plus jamais ça! «Tout sauf l'endettement extérieur», insistait le chef de l'Etat lors du dernier Conseil des ministres. De quel côté alors va raboter Ouyahia sans éroder au passage le capital sympathie? En plus du financement non conventionnel, ou planche à billets, le gouvernement compte puiser dans d'autres gisements comme la fiscalité ordinaire et la réforme bancaire pour irriguer l'économie nationale. Très critiques, les experts, récusent le financement non conventionnel et avancent des arguments; cette méthode, soutiennent-ils, est surtout utilisée dans une économie de marché concurrentielle structurée ayant un potentiel productif. Or, l'Algérie est dans le cas particulier d'une économie mono productrice dépendant à 97% des exportations des hydrocarbures. La superficie économique est constituée à plus de 80% de petits commerces/services avec la dominance de la sphère informelle. Enfin, concluent les mêmes experts, les exportations hors hydrocarbures entre 2010 et 2016 varient entre 1 et 1,5 milliard de dollars. Bien sûr, cette méthode qui préfigure pour les plus audacieux une réelle trouvaille pour sortir de la nasse d'une crise financière aiguë, pose les jalons, pour les autres, d'une menace pour l'ordre social. Mais il faut bien tenter quelque chose. «Le pays exige des expérimentations audacieuses et soutenues. Le bon sens est de choisir une méthode et de l'essayer. Si elle échoue, admettez-le franchement et essayez autre chose. Mais surtout, essayez quelque chose!». Cette citation a été formulée, il y a plus de 80 ans par l'ancien président américain Franklin Roosevelt. Si le Premier ministre s'est assuré de l'aval de la quasi-majorité du Parlement, le FLN, le RND, le TAJ et le MPA, il doit en revanche se soucier des incidences politiques de sa feuille de route. Il doit être en effet, susceptible de réunir une très large coalition sociale. Aguerri à cet exercice, le tribun Ouyahia trouvera-t-il le mot juste et l'argument imparable pour faire avaliser ses décisions même chez les plus sceptiques des députés? Il se pourrait que le citoyen trouvera sa potion amère, mais elle est guérissable.