La voie du dialogue semble définitivement écartée. La crise au sein du mouvement islamiste El Islah s'étale dans la durée et peine à trouver le bout de tunnel. Les deux fronts antagonistes campent sur leurs positions depuis près de huit mois. La voie du dialogue semble définitivement écartée. «Redresseurs» et «légalistes» réclament la paternité du mouvement, et la légitimité «historique». Les dissensions ont atteint un point de non-retour, à tel point d'ailleurs que toute tentative de conciliation s'avère impossible. Le mouvement El Islah n'est vraisemblablement pas en mesure de juguler la crise. La situation est au bord de l'explosion, relèvent les observateurs de la scène nationale. En l'absence d'un compromis, le renouvellement des structures du parti au sein de l'Assemblée populaire nationale constitue l'autre bataille à laquelle se livre les frères ennemis, mettant le président de l'APN, M.Amar Saïdani, dans une position inconfortable. En effet les députés «redresseurs» ont pris de court Djaballah, et ce, en désignant Miloud Kadri comme chef du groupe parlementaire. Un vote auquel n'ont pas pris part les députés restés fidèles au chef du parti. «Pour nous, la question est tranchée. Nous avons convoqué l'ensemble des députés à la réunion, mais certains (pro-Djaballah) ont préféré boycotter», nous affirme Mohamed Boulahia, chef de file des «redresseurs». Selon lui, «23 députés (sur les 42 que possède le parti) ont assisté à la rencontre». Pour Boulahia donc la question n'est plus sujet à débat. «Nous nous attelons désormais à réunir les conditions nécessaires à même de réunir le congrès parallèle». Le «mouvement de redressement», à en croire le communiqué des dissidents à la ligne de Djaballah, a achevé l'opération d'organisation des congrès de wilaya. «Nous attendons seulement la levée de l'interdiction que prononcera la cour d'Alger», souligne notre interlocuteur. Le verdict attendu pour ce mardi, même s'il ne va pas mettre fin aux dissensions qui rongent le parti, permettra néanmoins une meilleure visibilité au sein de cette formation. Par ailleurs, Boulahia promet de faire des révélations aujourd'hui à l'occasion d'une conférence de presse qu'il compte organiser au CIP. Du côté des pro-Djaballah, le procès intenté au chef du parti consacrera «politiquement et organiquement la rupture avec les redresseurs». «Pour nous, ces gens sont exclus du parti.» Concernant le renouvellement des instances du parti à l'APN, M.Benkhelaf, secrétaire national chargé de l'organique persiste et signe: «Nous ne reconnaissons pas la liste établie par les députés redresseurs.» Djaballah a reporté l'élection des instances, prévue ce jeudi, pour la fin de la semaine prochaine. Ce renvoi est motivé selon M.Benkhelaf, «par le souci du chef du parti d'élargir la consultation sur cette question». El Islah a jusqu'au 30 juin pour communiquer sa liste au président de l'APN. Les 2 et 3 juillet, les listes seront votées en séance plénière. Le parti de Djaballah risque donc de se retrouver avec deux listes. Un scénario qui ne semble guère déranger les deux camps, lesquels revendiquent, chacun de son côté, la majorité. Le règlement intérieur de l'APN ne prévoit pas ce genre de situation. Un vide juridique qui risque de peser lourdement sur le verdict final. En somme, c'est la majorité qui aura le dernier mot. Notons enfin que le Conseil consultatif du parti, contesté par les «redresseurs», a réitéré la détermination de Djaballah de tenir son congrès dans «les plus brefs délais».