Prévu pour hier, le verdict a été reporté à cause de l'absence des représentants du ministère de l'Intérieur et des plaignants (redresseurs). Qui sera le patron légitime du mouvement El Islah, Djaballah ou Boulahia? La réponse sera connue le 10 juillet. Le Conseil d'Etat, qui devait statuer hier sur cette question, a donc reporté le verdict à cette date. Lakhdar Benkhelaf, le bras droit de Djaballah, nous a expliqué les raisons de ce report. Selon lui, les représentants du ministère de l'Intérieur et les plaignants (les redresseurs) étaient absents. Plus déterminé que jamais, cheikh Djaballah attend de la justice qu'elle statue définitivement sur cette affaire. Il attend encore que le ministère de l'Intérieur se prononce sur les recours concernant la légalité du dernier congrès d'El Islah et sur l'autorisation accordée à l'aile rivale de se présenter aux législatives, bien que le Conseil d'Etat n'ait pas tranché la question. La justice devra trancher également la question du siège du parti, toujours aux mains des partisans de Djaballah que les rivaux veulent récupérer. La crise du parti perdure donc. Tout a commencé, lorsqu'un groupe de militants (les redresseurs) se sont retirés de l'aile de Djaballah l'accusant d'avoir transgressé le statut du parti. Ces derniers, à leur tête Mohamed Boulahia, ont déposé une requête auprès de la justice, en 2006. celle-ci prévoyait, notamment le gel des avoirs du parti au niveau des banques. Le Conseil d'Etat avait ordonné, par la suite, l'arrêt d'exécution du verdict prononcé le 12 juin contre M.Abdallah Djaballah, lui interdisant de s'exprimer au nom du président du mouvement El Islah. Sur le terrain, la décision de la justice a renvoyé la crise, au sein de ce parti islamiste, à la case départ. Les «redresseurs» ont tenu le 1er congrès national du parti d'El Islah le 1er mars 2007. Il a été décidé, à l'issue de ce congrès, l'exclusion définitive de Abdallah Djaballah, Lakhdar Benkhelaf et Abdelghafour Saâdi du parti. Les «redresseurs» ont exigé «officiellement et juridiquement» de Djaballah de présenter les deux rapports financier et disciplinaire du parti depuis 1999. L'aile de Djaballah considère ce congrès illégitime et «n'a aucun sens, puisqu'il a été organisé par des gens déjà exclus du mouvement». Un recours administratif remettant en cause l'autorisation délivrée par l'administration pour la tenue du congrès ainsi que l'illégalité de ce dernier, avait été déposé au niveau du ministère de l'Intérieur, rappelle-t-on. Le premier responsable de ce département, M.Noureddine Zerhouni, avait alors exprimé sa disponibilité au dialogue et avait promis d'étudier «soigneusement, avec rigueur et d'une manière responsable» le dossier, selon Djaballah. D'ailleurs, Djaballah explique que le ministère de l'Intérieur n'a pas validé le congrès. Selon lui, une autorisation «provisoire» a été, par la suite, délivrée au parti (faisant allusion au nouveau président, M.Boulahia) pour uniquement entamer la campagne électorale au nom d'El Islah en attendant que le Conseil d'Etat tranche le conflit. Quoi qu'il en soit, les coups bas et autres peaux de banane, Abdallah Djaballah y est habitué. El Islah est le deuxième parti qu'il aura créé avant d'en être écarté. Sa première formation fut le parti En Nahda. Des dissidents avaient pris les rênes et éjecté leur leader avec la bénédiction et la validation de l'administration. Loin de rester les bras croisés, Abdallah Djaballah se remet en selle en créant un nouveau parti, El Islah, qui connaît aussitôt un succès populaire au point de décrocher plusieurs sièges au Parlement.