«Pourquoi veut-on cloner Soltani sur Ouyahia ou ce dernier sur Belkhadem?» dixit Boudjerra Soltani. Je t'aime, moi non plus. Entre les trois partis de la coalition présidentielle c'est la lune sans miel. Les divergences entre le FLN, le MSP et le RND, sont, à dessein, portées sur la scène publique alors que rien ne laissait présager, il y a quelques jours seulement, une telle crispation entre le trio bouteflikien. Boudjerra Soltani, à qui l'on a confié la présidence - tournante - de l'alliance ne manque pas de tact pour placer ce malaise au coeur du débat politique national. La sortie la plus récente a eu lieu, vendredi 17 juin, en fin d'après-midi, à la salle El Mougar à Alger. Du haut de sa tribune, le chef islamiste, d'habitude plus circonspect sur tout ce qui touche à la fiabilité du triumvirat, est passé aux aveux en confirmant l'existence de points d'achoppement entre les trois formations sans pour autant s'étaler sur le sujet ni même citer la nature de ces désaccords. Maniant avec talent le discours paradoxal, M.Soltani n'ira pas toutefois loin dans son «passage à la table» et qualifie les divergences de normales et de légitimes du moment que celles-ci traduisent selon lui, les particularités politiques de tout un chacun. «Pourquoi veut-on cloner Soltani sur Ouyahia ou ce dernier sur Belkhadem?» ironise-t-il en réponse à «ceux» qui «misent» sur «l'éclatement» de la Troïka. Cela dit, pour remédier un tant soit peu à cette situation qui a mis à nu la vulnérabilité de l'alliance, le patron du MSP avance sa recette: le dialogue. C'est, à son avis, le seul « outil » apte à rapprocher les points de vue sur les dossiers qui fâchent comme celui des listes communes des élections législatives et communales de 2007. Une question qui avait provoqué un tollé chez le FLN et le RND si bien que Belkhadem est vite monté au créneau pour battre en brèche un tel scénario, qui ne servira en rien l'intérêt de son parti. Sur un autre registre plus théorique, M.Soltani, évoque l'urgence d'un nouveau «modèle» politique qui devrait, à ses yeux, se mettre en place à l'aune de l'«ère» de la réconciliation nationale. Cet «idéal» pour lequel il plaide, mettra sur un pied d'égalité islamistes, démocrates, nationalistes, gauchistes... et il ne saurait, par conséquent, y avoir, au sein de la classe politique nationale, de différence entre les courants politiques existants. Tous se fondront, laisse-t-il entendre, dans une sorte de moule unipolaire: «Nous avons un peuple uni, une langue unie et une religion unie», a-t-il argumenté. Seulement, Soltani paraît volontiers oublier que l'Algérie vit dans l'ère du multipartisme et que sa véritable force réside dans la richesse et la diversité de sa culture...