Les Américains cherchent à déterminer l'affiliation exacte de ces nouvelles recrues. Le recensement des Algériens candidats au suicide pour la résistance irakienne, rendu public par un officier supérieur de l'armée américaine, est terrifiant. «Jusqu'à 20 % des kamikazes qui se font exploser dans des voitures piégées en Irak sont des Algériens», a affirmé ce responsable en se basant sur des investigations des services de renseignement américains. «Approximativement, 5% de ces kamikazes viennent également du Maroc et de Tunisie», selon les mêmes investigations qui soulignent cependant que la majorité des combattants en Irak viennent du Golfe persique, notamment d'Arabie Saoudite et du Yémen. Ces jeunes radicalistes, animés d'un antiaméricanisme exacerbé par l'invasion de l'Irak, transitent par la Syrie, l'Iran et la Turquie avant de rejoindre la résistance irakienne. «Les réseaux terroristes dormants en Europe fournissent de l'argent - plus de 200.000 dollars - et l'Afrique du Nord fournit la main-d'oeuvre aux insurgés», notent ces investigations qui expliquent le flux terroriste vers l'Irak par «une pression croissante exercée par les services de sécurité algériens, marocains et libyens sur les cellules terroristes locales». Les services de renseignement de l'armée US «cherchent à déterminer l'affiliation exacte de ces nouvelles recrues du terrorisme», a précisé le général Thomas Csrnko, chef des forces spéciales américaines en Europe. «Certains individus et groupes ont la possibilité de se rendre en Irak pour y mener des opérations ou pour y recevoir un entraînement. L'une de nos craintes est que s'ils sont entraînés aux tactiques (terroristes) appliquées en Irak, ils ne finissent par les appliquer, une fois de retour en Afrique», a affirmé cet officier supérieur. Cette armée de réserve qui dispose d'une arme redoutable: le sacrifice de leur vie, inquiète au plus haut point les Américains. Ils redoutent l'installation de camps d'entraînement des cellules d'Al Qaîda en toute quiétude et où ce réseau peut impunément préparer des opérations. Le Sahel est devenu ce que les spécialistes de géopolitique appellent une «zone grise», où terroristes et bandits évoluent en toute liberté. L'une des premières pistes pour les Américains est le Gspc. Ils étendent officiellement la chasse au terrorisme islamique au Maghreb et au Sahel. Une chasse qui connaîtra son baptême du feu avec la tenue depuis le 6 juin, de manoeuvres conjointes des forces spéciales maghrébines, sahéliennes et américaines. Ce programme, la «Trans Saharan Counterrorism Initiative» (Initiative transsaharienne de lutte contre le terrorisme), a commencé par des manoeuvres baptisées «Flint Lock 2005». Le Pentagone appuie la traque engagée contre les terroristes dans cette zone en fournissant conseils, formation et renseignements aux Etats de cette région qui pourrait constituer «un nouvel Afghanistan» pour les militants islamistes et combattants liés au réseau Al Qaîda dans le Sahel. Mais la focalisation du Pentagone sur le Maghreb et le Sahel ne date pas d'aujourd'hui. Considéré par les stratèges américains comme étant «le nouveau front dans la guerre globale contre le terrorisme», le Sahara bénéficie d'un intérêt particulier. «Le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord continuent d'être la région névralgique dans la lutte mondiale contre le terrorisme», souligne le département d'Etat américain dans son rapport annuel sur le terrorisme publié le 27 avril 2004. Quelques jours auparavant, des officiers africains, se sont rencontrés à la base militaire américaine de Stuttgart (Allemagne). L'ordre du jour était la lutte contre le terrorisme dans la région du Sahel et l'Afrique du Nord. En renforçant les capacités des nations africaines à lutter contre le terrorisme sur leur territoire, les Etats-Unis s'installent durablement dans ces territoires ou du moins y renforcent leur position.