L'idée de changer les billets de banque n'est pas nouvelle, puisqu'elle a, déjà, été usitée L'idée est séduisante, mais l'opération n'est pas permise par la loi sur la monnaie et le crédit en vigueur. Celle-ci garantit aux billets de banque en circulation, une validité de dix ans à compter de la date de la décision de leur remplacement. Les mesures prises pour tenter de ramener vers le circuit bancaire, les liquidités circulant en dehors, constituent une volonté d'action qui tranche avec un semblant de résignation devant le phénomène, frôlant l'accommodement. Voulant tout mettre en oeuvre en riposte à la conjoncture économique, la démarche prêche, toutefois, par deux faits invraisemblables. Le niveau de ces liquidités a été trop exagéré. Le niveau fantaisiste improvisé de 3 700 milliards de dinars annoncé par l'ex- Premier ministre Abdelmalek Sellal, lors de l'ouverture de la conférence sur le commerce extérieur tenue en mars 2015 à Alger, est ramené, par la Banque d'Algérie, à, seulement, 1200 milliards de DA, en juin 2015 pour être corrigé à 1700 milliards de DA, au maximum, le 21 septembre 2017 par le nouveau Premier ministre A. Ouyahia; soit environ 13% de la masse monétaire, formellement en circulation; mais, sans y intégrer apparemment, le poids et les origines des liquidités informelles en monnaies étrangères. Dans tous les cas, ces derniers niveaux sont très largement en deçà des surenchères situant ces liquidités informelles à 3700, 4000 et 5000, voire à 6 000 milliards de DA. Mais les mauvaises intentions continueront, pour longtemps, à marquer ces divergences, tant que le phénomène est, indéniablement, fort pesant. Ces liquidités, contrairement à ce qui est faussement répandu, ne sont pas oisives. Elles sont, plutôt, utilisées de manière efficiente, selon la logique de leurs détenteurs. Elles financent des activités économiques, commerciales et de services de l'économie non déclarée, y compris les salaires y attenant, pour des emplois «au «noir» qui seraient de l'ordre de trois millions ou quelque 32% de la population occupée, selon l'affirmation du ministre du secteur concerné, faite le 21 septembre 2015. Seules la fiscalité, les cotisations sociales et les statistiques officielles en sont privées. Ces liquidités sont à parfaire par la partie couvrant les encaisses des opérateurs informels ainsi que par leur à-côté prudentiel, plus ou moins important, qui est thésaurisé en Algérie ou placé ailleurs, en lieux sûrs, pas nécessairement en Algérie. Le lancement, en 2016, d'un emprunt obligataire n'ayant pas eu tout le succès attendu, en relation supposée déterminante avec l'intérêt jugé usuraire sur les prêts et emprunts d'argent, l'ouverture, dans les programmes des gouvernements de juin 2017 et 21 septembre 2017, sur les principes de la finance islamique, pourra permettre, du moins, d'en mesurer les liens prétendus, de cause à effet. Le dossier mérite d'être mieux cerné pour éviter des leurres, sachant que le niveau de ces liquidités traduit, d'une certaine manière, le niveau des activités du marché informel, avec sa partie en monnaies étrangères, circulant dans le marché parallèle de change. Ce marché nécessite, également, pour son évaluation, un traitement idoine. Ce traitement n'est pas, forcément, une éradication utopique là où des économies méditerranéennes, mieux organisées, ont échoué. C'est par une intégration spécifique de l'économie non déclarée avec sa face «devises», à l'économie formelle, qu'il s'agira d'entreprendre méthodiquement, sans précipitation, avec rigueur et sans heurts. L'idée de changer les billets de banque qui n'est pas nouvelle, puisqu'elle a, déjà, été usitée en Algérie. Elle est séduisante. Ses effets immédiats verront toutes les liquidités circulant en dehors du circuit formel, rentrer aux banques pour y être échangées, de peur d'être perdues par leurs détenteurs. Lesquelles fortunes (cachées) seront, du même coup, utilement localisées. Mais l'effet peut être éphémère car rien n'empêche les détenteurs de retirer leurs liquidités en nouveaux billets de banque, aussitôt échangés; même si, pour des raisons impérieuses, les autorités monétaires du pays peuvent réguler à souhait, le rythme des retraits, pour des raisons à inventer. L'opération n'est pas permise, par ailleurs, par la loi sur la monnaie et le crédit en vigueur. Celle-ci garantit aux billets de banque en circulation, une validité de dix ans à compter de la date de la décision de leur remplacement. A moins de mettre en avant, une mesure de sauvegarde extrême qu'il faudrait intégrer à l'amendement prévu de cette loi. Ceci n'empêcherait pas le retrait massif des liquidités échangées, de s'effectuer, avec en décote, la perte de confiance dans le système financier et bancaire algérien. Une autre raison pour encourager davantage, la circulation parallèle de liquidité et la perte de confiance en l'image du pays, vu, du moins, sous l'angle du climat des affaires, déjà, à tort ou à raison, suffisamment décrié. De la mesure des avantages et des inconvénients d'une telle opération, dépendrait la meilleure décision à prendre. Par ailleurs, dès l'apparition des moindres signes ou rumeurs sur cette opération, la ruée vers le change des dinars en monnaies ou en valeurs refuges sur le marché parallèle de change et/ou en or etou en immobilier, s'ensuivra à n'en point douter. Ce qui serait, déjà, le cas, puisqu'il est signalé, d'ores et déjà, et à l'annonce du recours au financement non conventionnel prévu dans le programme du nouveau gouvernement, l'apparition d'indices d'une certaine raréfaction avec renchérissement encore très timide, du dollar, de l'euro et de l'or. Si, malgré tout et pour un impératif jugé majeur, l'opération de changement des billets de banque est retenue, il en faudrait circonscrire, auparavant, tous les effets pervers de manière à les contenir, au mieux.