Ils ont commis un crime impardonnable à l'encontre du parti, selon les pro-Djaballah. «Les redresseurs auront à répondre de toutes les accusations formulées contre le président du parti devant la justice.» Evitant de jeter de l'huile sur le feu, et «d'envenimer» la situation au sein du mouvement El Islah, M.Abdallah Djaballah a décidé de laisser le soin à la justice de mettre fin à la polémique déclenchée dimanche par les redresseurs, sur une prétendue fetwa lancée par lui contre les chefs de file du mouvement de redressement, laquelle légitimerait la liquidation physique des redresseurs. C'est ce que avons appris, hier, par la voix de M.Lakhdar Benkhellaf, secrétaire national chargé de l'organique. Contacté par nos soins, ce dernier a qualifié les propos de M.Djahid Younsi d'«accusations gratuites qui portent gravement préjudice au parti». «C'est un crime impardonnable à l'encontre d'El Islah et de ses militants». Cette sortie ne semble pas surprendre les pro-Djaballah «Nous attendons tout de ce mouvement qui vit ses derniers jours», précise notre interlocuteur, «c'est un geste désespéré, ajoute-t-il, qui traduit la fin politique de ces personnes». Au chapitre de la gestion financière du parti, M.Lakhdar Benkhellaf a démenti «les révélations» de M.Benabdesselam, lequel a accusé le chef du parti de détourner les fonds du parti pour son propre compte. «Nous travaillons dans une totale transparence, preuve en est, ces mêmes personnes ont voté quinze fois durant les cinq ans les rapports financiers établis par le bureau national. Ces mêmes rapports, note-t-il, ont été transmis aux autorités concernées. C'est le cas du budget des présidentielles qui a été adopté par le Conseil constitutionnel.» Notons que les cinq chefs de file du mouvement de redressement, qui ont animé la conférence de presse samedi, sont tous protégés par l'immunité parlementaire, «ce qui explique, atteste notre source, cette sortie». Mais, comme précise le M.Lakhdar Benkhellaf, «l'immunité ne saurait protéger éternellement ces députés dont le mandat expire dans une année et demie». Par ailleurs, il faut savoir que la chambre administrative rendra son verdict cette après-midi concernant le procès intenté à M. Djaballah par le mouvement de redressement. Un verdict qui sera décisif pour l'avenir du parti qui peine à organiser son premier congrès. Notre interlocuteur, confiant, a tenu à rappeler que la «décision de la chambre administrative est exécutoire». Autrement dit et contrairement aux déclarations de M.Boulahia, le renvoi en appel devant le Conseil d'Etat ne pourra retarder ou même bloquer la tenue du congrès. El Islah, pro-Djaballah, attend le signal de la justice pour annoncer la date du congrès. «Je peux assurer que ce rendez-vous se tiendra dans les meilleurs délais». Même son de cloche chez les redresseurs qui ont clôturé le congrès de wilaya. Par ailleurs, le bureau national du parti a rendu public hier, à l'issue de sa réunion, un communiqué dans lequel il a accusé les redresseurs de «blouser» l'administration en organisant des «congrès de wilaya» dans des conditions «contestables», en contradiction avec l'article 21 de la loi sur les réunions et les manifestations publiques. Des dépassements qui peuvent engendrer des peines de prison ferme. Les deux ailes antagonistes d'El Islah devront trouver un compromis sur les instances du parti au sein de l'APN. Un dossier clos par les redresseurs qui ont fait leur choix et désigné leurs représentants le 21 avril dernier. Une opération contestée par Djaballah, qui devra présider une réunion du groupe parlementaire, mercredi, pour élire ses instances.