La Haute Instance indépendante de surveillance des élections est face à un défi majeur, celui d'assumer sa mission consistant à assurer le déroulement des élections libres et honnêtes. Le président de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections (Hiise), Abdelwahab Derbal, a présidé une rencontre de concertation avec les partis politiques en perspective d'étayer un programme ample et rigoureux sur la question de la gestion des élections et leur surveillance. Cette rencontre qui n'a pas vu la présence des partis dits d'opposition, se voulait comme un espace pour permettre aux partis politiques via leurs candidats de soulever les questions en rapport avec les entraves et les blocages qui ont caractérisé l'opération de la collecte des signatures et aussi le sens à donner à cette instance créée par le président de la République après la révision constitutionnelle de 2016. Aussi, le président de la Hiise, s'est attardé sur le volet de la surveillance des élections, qui n'est pas l'apanage des partis politiques uniquement quand les rendez-vous électoraux approchent, c'est-à-dire faire du processus électoral un élément occasionnel. Abdelwahab Derbal indique par rapport à cette question qu'«il faut savoir que cette instance est permanente, elle dispose d'un levier constitutionnel avec des prérogatives qui font d'elle un instrument durable», a-t-il précisé aux représentants des partis politiques. Il rappelle qu' au-delà de cette Haute Instance de surveillance des élections, il faut que «nous fassions preuve de responsabilité politique en développant un espace de partenariat, voire d'alliance entre nous pour réussir le challenge de faire de l'instance un moyen de contrôle qui consacre l'approfondissement du processus et de la culture démocratiques», a-t-il souligné. Abdelwahab Derbal fait allusion à l'administration qui dépend du ministère de l'Intérieur qui ne s'implique pas profondément dans la mise en place des mécanismes aidant à mettre à niveau et former les agents pour assurer cette mission sensible et importante qui consiste à surveiller tout le processus électoral. Il explique que «la question de surveillance et du contrôle des élections n'est pas le produit de la courte durée du déroulement de l'opération du vote, c'est une tâche délicate qui commence au moment de la convocation du corps électoral», a-t-il rappelé. Derbal considère la question du corps électoral comme le noeud gordien du processus électoral, étant donné que les statistiques et la révision des listes constituent l'élément déterminant dans l'évaluation et la mise en place finale de l'étape électorale. Selon lui, «le corps électoral est la pièce maîtresse dans les pays civilisés à l'image de l'Occident, les statistiques sont considérées comme science d'un point de vue technique et politique, c'est pour cette raison que j'exhorte nos partenaires politiques et l'administration à s'impliquer davantage dans cette démarche électorale qui s'inscrit dans le temps pour faire de cette question sensible de l'élection une culture politique qui participe dans l'ancrage de la culture démocratique», a-t-il insisté. Le président de la Hiise sort de sa réserve en parlant des crises qui minent les partis politiques. Derbal pousse le bouchon jusqu'au bout en indiquant que «les crises et les séries d'implosion que subissent les partis politiques sont l'oeuvre du pouvoir, c'est inadmissible», a-t-il déclaré. En faisant allusion au ministère de l'Intérieur, Abdelwahab Derbal souligne que «l'administration est responsable de la mise à niveau et de la formation des agents qui assurent le déroulement des élections et aussi de la mise en oeuvre de la logistique inhérente à ce processus», et d'ajouter que «le processus électoral est un travail permanent nécessitant des moyens matériels considérables et aussi un suivi en matière d'encadrement et de formation technique et politique», précise-t-il.Dans le même sillage, Derbal a considéré la question de la révision de la loi électorale comme une urgence qui s'impose. Répondant aux attentes des partis politiques présents à cette rencontre de concertation, il a précisé que «la loi électorale doit être revue pour se mettre au diapason des changements que vient de connaître la scène politique et aussi après ce qu'on a vérifié à travers l'expérience des législatives du 4 mai dernier. La situation politique a connu des changements notables, la loi électorale doit suivre ce changement dans le sens de revoir certains aspects qui se proposent comme blocage quant à la création de bonnes conditions de déroulement du processus électoral», a-t-il annoncé. Cette demande est soutenue par les partis politiques présents lors de cette rencontre de concertation. La Haute Instance indépendante de surveillance des élections est face à un défi majeur, celui d'assumer sa mission consistant à assurer le déroulement des élections libres et honnêtes, et essayer de pérenniser cet instrument constitutionnel pour asseoir la culture démocratique dans ce genre de processus électoral.