«C'est toujours une grande émotion quand je viens à Constantine, un sentiment fort.» Une figure emblématique de l'Histoire a animé, hier, le forum de «Houna Qassantina», dont l'évènement a été organisé par l'association «Numidi-Art», présidé par Lounis Yaho et «Les éditions Champs libres» de Meriem Merdaci. En tournée en Algérie, Benjamin Stora, a fini par atterrir chez lui dans sa ville Constantine. Benjamin Stora sera le premier invité de la première édition des rencontres de «Houna Qassantina», laquelle a été animée par le sociologue et chercheur Abdelmadjid Merdaci. Ce denier posera des questions pertinentes à l'hôte de Constantine, notamment sur son parcours, son enfance, sa vie de jadis dans sa ville natale. L'animateur voulait présenter une autre image de l'historien. Ce qui a permis à l'assistance présente en force au complexe culturel Al Khalifa de mieux connaître Benjamin Stora, ses engagements et son parcours intellectuel. Son côté humain a donc primé dans cette rencontre. Il a déclaré, pour la circonstance, à L'Expression «c'est toujours une grande émotion quand je viens à Constantine, un sentiment fort. Je revois une mémoire en face, les lieux où je suis né et grandi. Les ponts, enfin une nostalgie». Avant-hier, l'historien incontestable s'est exprimé à partir d'Oran de «l'apaisement des relations algéro-française», qui, pour lui, implique un travail de deuil que doit faire la France en acceptant sa défaite et guérir de cette grande blessure qu'a occasionnée l'indépendance de l'Algérie.«En France, le problème est qu'on n'accepte pas cette défaite», avait-il affirmé. Il a ajouté que «plusieurs explications complexes et sophistiquées sont avancées pour maquiller cette défaite. Les uns estimant que le général de Gaulle aurait trahi les Français, alors que pour les autres, la France a gagné militairement et perdu politiquement». Des positions fermes de Stora qui ne laissent pas les Algériens indifférents. Son soutien à la cause algérienne est claire et il le prouve encore une fois à Saïda jeudi dernier, lorsqu'il a souligné que «l'époque du général De Gaulle était la plus violente et la plus sanglante en Algérie». Dans une correspondance intitulée «Les racines du nationalisme algérien», que l'historien avait présenté lors d'une rencontre-conférence organisée par l'association locale «culture et cinéma» en collaboration avec l'université de Saïda, il a souligné que «le plan de Charles de Gaulle pour réprimer la Révolution algérienne a fait 140 000 morts parmi les Algériens durant la guerre de libération». Un témoignage fort et doué de sens que l'hôte a tenu à faire, tout en déclarant que «l'indépendance de l'Algérie a été le fruit de la résistance des Algériens dans les batailles armées qu'ils ont livrées à l'armée française». L'enfant de Constantine a notamment évoqué «son intérêt pour la recherche sur les origines du Mouvement national, s'attardant surtout sur la personnalité militante de Messali Hadj, qui revendiquait l'indépendance de l'Algérie depuis les années 20 du siècle dernier».