La Fondation Charles de Gaulle a estimé qu'un «tel geste, s'il était accompli, serait une atteinte à la République». Le ministre français chargé des Anciens combattants, Hamlaoui Mekachera, a fermement condamné le projet d´inauguration, le 6 juillet, d´une stèle à la gloire de l´OAS (Organisation armée secrète) dans le cimetière de Marignane, près de Marseille (sud-est de la France). Pour cet ancien combattant de l'armée française, d'origine algérienne, «ce projet choque légitimement tous ceux qui sont attachés à l´oeuvre historique du général de Gaulle et au respect des institutions de la République, contre lesquelles les membres de l´OAS ont recouru aux moyens les plus violents et les plus condamnables». Le ministre a déclaré que «la volonté du gouvernement est que toutes les victimes de la guerre d´Algérie puissent trouver la sérénité plus de quarante ans après la fin de ce conflit». M.Mekachera a également estimé que «cette initiative crée un risque important pour la cohésion nationale». Cette réaction, première du genre, à un niveau aussi élevé de l'Etat français, intervient au lendemain d'une autre déclaration d'un officiel de l'Hexagone, le préfet Christian Frémont des Bouches-du-Rhône (dans le sud de la France) qui a envisagé l'interdiction de la manifestation qui consiste en l´inauguration de la fameuse stèle. «L´annonce récente d´une cérémonie d´inauguration solennelle de cette stèle, avec des discours, suscite des réactions d´indignation aussi bien de la part des victimes de l´OAS et de leurs descendants que des défenseurs de la mémoire du général de Gaulle», a déclaré le préfet, représentant de l'Etat français dans cette région. Ce responsable a révélé avoir pris attache avec le maire de Marignane début juin. «Je lui ai redit aujourd´hui en lui demandant d´y renoncer» , a souligné le préfet qui s'est dit prêt à «interdire la manifestation». Au niveau de la société civile française, le projet en question a suscité de nombreuses indignations. La Fondation Charles de Gaulle a estimé, dans un communiqué rendu public récemment, qu'un «tel geste, s'il était accompli, serait non seulement une offense au général de Gaulle, président de la République, lui-même cible des assassins de l'OAS, mais aussi une atteinte à la République». A cette réaction, il faut adjoindre une multitude d'autres sorties médiatiques, dont plusieurs associations et syndicats français, dont la Ligue des droits de l'Homme, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié des peuples, la fédération des syndicats unitaires (FSU), l'association des amis de Max Marchand et de ses compagnons. Le président de la région Province-Alpes-Côte d'Azur, Michel Vauzelle en visite en Algérie n'a pas manqué, à partir d'Alger, de condamner cette initiative qu'il qualifie d'«inspiration raciste, xénophobe et anti-républicaine». Pour M.Vauzelle, une telle démarche «ne vise rien d´autre qu´à semer des germes de haine et de division dans une région où le Front national reste une menace». Et de conclure: «Il serait choquant que l´Etat tolère une telle inauguration.» Cette pluie d'indignation outre-Méditerranée par rapport au projet est, dit-on, de bon augure quant à la volonté de la France d'empêcher ses démons de resurgir, pour ce qui concerne sa présence en Algérie. Il n'en demeure pas moins, cependant, que ce même Etat a fait voter par son Assemblée nationale, la fameuse loi qui «rend hommage à la présence coloniale en Afrique», notamment en Algérie. Les milieux tant en Algérie qu'en France hostiles à cette loi, estiment pour leur part que le geste de l'Etat français a encouragé les ultras de l'ex-OAS dans leur entreprise.