éviter le surplus d'achats Si les véritables raisons sont connues, la manière de réduire ce phénomène socio-économique reste à trouver. En dépit de toutes les campagnes de sensibilisation menées ces dernières années, des volumes importants de pain jonchent encore mille endroits dans les centres urbain du pays. C'est le moins que l'on puisse dire quand on apprend que les entreprises d'hygiène et de collecte des déchets au niveau de la wilaya d'Alger ont durant les neuf mois écoulés de cette année, récolté près de 90 tonnes de pain. Un volume de gaspillage tout à fait alarmant dès lors que le pays importe chaque année par millions de dollars du blé tendre transformé en farine laquelle est subventionnée par l'Etat. En effet, selon une étude sur le terrain, l'Algérie perd plus de 40 millions de dollars chaque année en pain jeté. Un phénomène tout à fait déplorable lorsque l'on sait que les capacités de financement des importations du pays sont à la baisse. De ce fait, il devient urgent que ce gâchis cesse. Pour ce faire, il va falloir identifier les véritables raisons de ce gaspillage. Et dans ce registre les avis divergent. Certains avancent le fait qu'il y a lieu de continuer à mener des campagnes de sensibilisation, mais plus convaincantes, sur l'intérêt des ménages à rationaliser leurs achats de baguettes de pain, c'est-à-dire à éviter le surplus d'achat. En effet, les ménages, pour ne pas dire une majorité, ont cette tendance à acheter des quantités de pain qui dépassent de loin leurs besoins au quotidien en la matière. D'autres préconisent la révision de la politique de subvention du pain estimant par là que le prix actuel de baguette, accessible à toutes les bourses, encourageait sa surconsommation. Une option qui fait couler beaucoup d'encre du fait que sa mise en place n'est pas une mince affaire car une augmentation du prix de la baguette de pain pénaliserait beaucoup plus les ménages à faible revenu. C'est d'autant plus vrai dans la mesure où de nombreuses familles au pouvoir d'achat de plus en plus limité par des prix à la consommation de plus en plus élevés, se rabattent sur des plats légers qui s'accompagnent forcément par de nombreuses bouchées de pain. En clair: quand les familles n'ont pas plus ou mieux à mettre dans leur assiette, leurs membres finissent par ne pas oublier le croûton entre deux cuillerées. En résumé, il est devenu normal que des citoyens de condition modeste achètent sans compter la seule denrée qu'ils peuvent se payer sans avoir à se ruiner. De là à apprendre que le prix du pain pourrait augmenter, les familles démunies n'en seraient que plus inquiètes quant au moyen d'équilibrer leur budget de consommation. Cela dit, il reste un 3e courant d'idées quant à la démarche à adopter pour réduire le gaspillage du pain. Selon la Fédération nationale des consommateurs, le volume élevé de cet aliment qui est jeté «serait dû à la qualité du pain» a souvent ressassé le président de la Fédération algérienne des consommateurs, Zaki Hariz, dans chacune de ses sorties médiatiques. Pour ce dernier «beaucoup de baguettes de pain sont jetées à cause du fait qu'elles ne deviennent plus consommables au bout de quatre heures, sinon moins, de leur sortie du four». Pourquoi? Selon de nombreux maîtres- boulangers, «dans la profession, beaucoup usent et abusent d'améliorants lors de la panification. C'est pourquoi la baguette perd vite de sa fraîcheur et de son élasticité. Elle ne le reste en réalité que deux ou trois heures tout au plus. Après elle devient immangeable au lieu de rester croustillant du moins jusqu'au repas de la mi -journée pour les ménages qui se sont approvisionnés dans la matinée». Devant cet état des lieux, ces derniers espèrent que les services du contrôle de la qualité auprès du ministère du Commerce seront plus présents sur le terrain. «C'est d'autant plus indiqué si l'on veut que notre pain ne se détériore pas au bout de trois ou quatre heures, obligeant ainsi les ménages à jeter les baguettes et à se réapprovisionner à la boulangerie du coin», jugent des boulangers affiliés à la Fédération nationale des artisans boulangers. Toujours à propos de savoir comment réduire le gaspillage du pain, il faut dire que les imams ont eux également un rôle à jouer. En effet dans leurs prêches ils pourraient exhorter les fidèles et autres à se plier aux consignes de la religion et à bannir le gaspillage sous toutes ses formes. Disons enfin qu'il est temps de chercher les voies et moyens pour que ce phénomène socio-économique disparaisse à jamais. C'est d'ailleurs un impératif en ces temps où il est surtout question de réduire la facture des importations du pays pour ses besoins de consommation alimentaire.