«Le risque est grand de voir nos efforts en matière de développement lourdement affectés par l'exode des intellectuels» Encore une fois, la fuite des cerveaux est mise sous les feux de la rampe. La sonnette d'alarme a été tirée derechef, hier à Alger, lors de l'ouverture des travaux de l'atelier sur la migration et le développement en Méditerranée occidentale. Les experts algériens et étrangers présents à cette rencontre, à laquelle assistent également les représentants des 5+5 (les dix pays des deux rives de la Méditerranée), sont unanimes: la menace est sérieuse. «Le risque est grandissant de voir nos efforts en matière de développement lourdement affectés par l'exode d'experts, d'universitaires et d'autres compétences vers les pays de la rive nord», a souligné le directeur général des affaires consulaires au ministère des Affaires étrangères, M.Boualem Hassan, dans une allocution à l'ouverture de l'atelier. «Il s'agit, pour les pays de la rive sud, d'un volet qui nous préoccupe au plus haut point», a ajouté M.Hassan. En effet, en optant pour l'immigration sélective, les pays de la rive nord de la Méditerranée ont complètement chamboulé la donne. Ces pays ne favorisent désormais que les intellectuels, les universitaires et, à un degré moindre, les étudiants. «Dans les années 1970 et 1980, les pays du Sud encourageaient la migration de leurs cadres, pour qu'ils puissent acquérir les connaissances qui seraient utiles au développement de leurs pays et ce projet faisait l'objet de tous les espoirs», a rappelé le représentant de l'Organisation internationale pour les Migrations (OIM), M.Gervais Appare. «Dans une planète mondialisée, il n'est pas possible d'empêcher le départ des compétences des pays du Sud, surtout que les pays développés leur fournissent toutes les facilités d'accueil, de travail et de bien-être», a relevé M.Appare. Et ceci est une réalité que nul ne peut nier ni même négliger. Les pays nordiques ne visent pas seulement à happer la sève des pays du Sud, mais aussi à les inonder de leurs produits. En ce sens, on ne doit pas passer sans rappeler l'accord d'association signé entre l'Algérie et l'Union européenne et qui entrera en vigueur en septembre prochain. L'objectif essentiel de cet accord est, on ne peut plus clair, la libre circulation des capitaux, alors que la possibilité de la circulation des personnes est, selon toute vraisemblance, renvoyée aux calendes grecques. Pour rappel, le ministre français de l'Intérieur, M.Dominique de Villepin a annoncé, au début du mois de mai, que, durant l'année 2005, il est prévu l'expulsion de plus de 20.000 immigrés clandestins. «Face à une situation plus ou moins récente, mais qui connaît une accélération préoccupante dans certains secteurs technologiques et de pointe, il semble de plus en plus urgent d'engager une réflexion commune pour le traitement de ce volet crucial de la migration migratoire», a déclaré M.Hassan. Les participants à l'atelier d'Alger sur «la migration et le développement en Méditerranée occidentale» ont estimé que ce genre de lacune ne peut être comblée qu'«en associant les pays de la rive nord qui ne cessent de nous interpeller avec insistance, lorsqu'il s'agit de lutter contre l'immigration clandestine». Il convient de souligner enfin que l'atelier d'Alger s'inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre des recommandations de la IIIème Conférence ministérielle des pays du Dialogue «5+5» sur la migration, tenue à Alger les 15 et 16 septembre 2004.