Les efforts de développement des pays du Sud sont menacés par l'“exode” de leurs élites vers les pays développés, ont averti, hier, à Alger des experts lors d'un atelier sur la migration en Méditerranée occidentale, et préconisé des solutions pour atténuer les conséquences de cette hémorragie de la matière grise. “Le risque est grandissant de voir nos efforts en matière de développement lourdement affectés par l'exode d'experts, d'universitaires et d'autres compétences vers les pays de la rive nord”, a souligné le directeur général des affaires consulaires au ministère des Affaires étrangères, M. Boualem Hassan, dans une allocution à l'ouverture de l'atelier. “Il s'agit, pour les pays de la rive sud, d'un volet qui nous préoccupe au plus haut point”, a ajouté M. Hassan. La migration des cadres maghrébins et ses répercussions constituent un “défi qu'il y a lieu de relever, en associant les pays de la rive nord qui ne cessent de nous interpeller avec insistance, lorsqu'il s'agit de lutter contre l'immigration clandestine”, a indiqué le diplomate algérien. “Dans les années 1970 et 1980, les pays du Sud encourageaient la migration de leurs cadres, pour qu'ils puissent acquérir les connaissances qui seraient utiles au développement de leur pays, et ce projet faisait l'objet de tous les espoirs”, a rappelé un représentant de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), M. Gervais Appare. Mais, “au fil du temps, ces espoirs se sont amenuisés face au problème de la fuite des cerveaux”, a ajouté l'expert mauricien, qui a affirmé que “la problématique s'est accentuée” ces dernières années. “Dans une planète mondialisée, il n'est pas possible d'empêcher le départ des compétences des pays du Sud, surtout que les pays développés leur fournissent toutes les facilités d'accueil, de travail et de bien-être”, a relevé M. Appare. L'objet de l'atelier d'Alger, dont l'OIM est associée à son organisation, est de “voir comment ces compétences peuvent bénéficier à leur pays d'origine”, a-t-il indiqué. “Face à une situation plus ou moins récente, mais qui connaît une accélération préoccupante dans certains secteurs technologiques et de pointe, il semble de plus en plus urgent d'engager une réflexion commune pour le traitement de ce volet crucial de la migration migratoire”, a, en outre, ajouté M. Hassan. Il a préconisé des “dispositifs compensatoires” pour “atténuer les effets négatifs de cet exode”. Le responsable algérien a notamment proposé l'adoption rapide de “formules de financement” en vue d'assurer la prise en charge de ces experts pour de courts séjours dans leur pays d'origine. “C'est à l'aune de la concertation régionale sur ces différents volets d'action et de réflexion, que se mesurera la réelle volonté d'asseoir un espace géographique apaisé et prospère, en tenant compte des attentes des différents partenaires, dans une démarche qui se veut réaliste, solidaire et intégrée”, a-t-il conclu. L'atelier d'Alger sur “la migration et le développement en Méditerranée occidentale” s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations de la IIIe Conférence ministérielle des pays du dialogue “5+5” sur la migration, tenue à Alger les 15 et 16 septembre 2004. La Conférence ministérielle d'Alger avait recommandé “l'organisation et la multiplication de rencontres et séminaires d'experts des deux rives de la méditerranée occidentale sur la gestion et le traitement des flux migratoires, et l'initiation de campagnes de sensibilisation”. N. F. /APS