La chirurgie mène à tout, si j'ose dire, même à la découverte non pas seulement du corps humain en détail (au reste, c'est sa fonction), mais aussi, avec de l'intelligence et un coeur généreux (comme en a plein Maurice Bucaille, chirurgien de formation), à la compréhension des profondeurs de l'âme humaine. C'est tout à fait cette impression que l'on pourrait avoir, en cette fin de Ramadhâne, à la lecture ou à la relecture de la fine et très sérieuse étude La Bible, le Coran et la science - les Ecritures saintes examinées à la lumière des connaissances modernes du docteur Maurice Bucaille. Cet esprit scientifique français, mais au fond, homme simple, car doué de raison et de coeur, et son métier, de surcroît, le mettant très fréquemment en contact avec des patients musulmans, a été profondément ému précisément en découvrant leur exceptionnelle et ferme résignation devant la souffrance. Il a fini bientôt par se convaincre que ces musulmans tiraient leur «force d'âme» d'une piété religieuse, appelée Islam. Curieux, comme tout esprit scientifique, il s'est évertué à observer plus, à examiner plus, à expérimenter plus, à confronter plus les résultats obtenus, à analyser plus cette piété peu ordinaire avec la passion et le scrupule du chercheur de vérité pour conclure avec l'honnêteté et le savoir qu'exige une telle étude. Maurice Bucaille va directement à la source - plutôt aux sources. Il commence par le commencement: il apprend la langue arabe en lui consacrant tout le temps nécessaire; il étudie le Saint Coran et vérifie avec respect et détermination «les théories par essence changeantes» qui, dans la Bible, sont pourtant autant d'erreurs scientifiques. Et il découvre une immense, une vaste Vérité que certains scientifiques d'Occident (et d'ailleurs) ont passé et passent encore sous silence, continuant «après des siècles durant lesquels l'ignorance et les idées fausses largement répandues en Occident sur l'Islam ont empoisonné l'atmosphère». Aussi Maurice Bucaille entreprend-il bientôt une oeuvre de longue haleine: étudier, analyser, expliquer, expliciter le riche trésor de vérités scientifiques que recèle le Coran au regard «des problèmes multiples...(...) que posent les Ecritures Saintes... Il est donc capital de bien connaître l'idée que se font chrétiens et musulmans des Ecritures, fondement de la foi des uns et des autres». Dans cette oeuvre, ayant pour titre La Bible, le Coran et la science, notre auteur tente, déjà en 1976, «après confrontation des données scientifiques aves les énoncés des Ecritures» de présenter, écrit-il, «des conclusions qui constituèrent initialement pour moi une immense surprise: le Coran ne contenait assurément aucune proposition en contradiction avec les connaissances les mieux établies de notre temps et il ne laissait aucune place aux idées de l'époque sur les sujets traités. Mais bien plus, un grand nombre de faits qui ne seront découverts qu'à l'époque moderne y sont évoqués, à telle enseigne que le 9 novembre 1976, je pus présenter à l'Académie de Médecine une communication sur les Données physiologiques et embryologiques du Coran, ces données constituant, comme bien d'autres sur des sujets différents, un véritable défi à l'explication humaine, compte tenu de ce que nous savons de l'histoire des sciences. Ainsi les constatations de l'homme moderne sur l'absence d'erreurs scientifiques sont harmonie complète avec les conceptions des Exégètes musulmans sur le caractère révélé du Coran, considération qui implique que «Dieu ne pouvait exprimer une idée inexacte». Notre auteur démontre tout au long d'un gros volume que «La Révélation coranique a une histoire fondamentalement différente de celle des deux premières» c'est-à-dire les Evangiles de Matthieu et de Luc. Et de conclure: «Prenant la suite des deux Révélations qui l'avaient précédée, la Révélation coranique est non seulement exempte des contradictions dans les récits qui sont la marque des rédactions humaines diverses des Evangiles, mais elle offre encore à qui entreprend son examen en toute objectivité à la lumière de la science, le caractère qui lui est propre d'une concordance parfaite avec les données scientifiques modernes.» A cet effet, Maurice Bucaille examine sereinement l'Ancien Testament et les Evangiles. Chaque «Livre» est mis à l'épreuve d'une critique raisonnable et audacieuse. Chaque Evangile est examiné objectivement sans aucune parure artificielle, mais en se faisant une idée des circonstances qui ont conduit à des remaniements textuels au cours des siècles. Mais, je le dis, sans aller plus loin, les meilleurs moments de lecture sont dans la plus grande partie consacrée à «l'association entre le Coran et la science», car cette «association» pourrait étonner tout en faisant profiter l'esprit non averti de ce que le Coran recèle comme trésors dans lesquels la science moderne devrait puiser avec profit. Et cela dans divers domaines. D'abord sous le titre «Le Coran et la science»: Histoire de la rédaction du Coran; la création des Cieux et de la Terre ; l'astronomie et la conquête de l'espace; la Terre, son relief et son atmosphère; le règne végétal et animal ; la reproduction humaine. Ensuite sous le titre «Récits coraniques et récits bibliques»: Parallèle Coran/Evangiles et connaissances modernes; Parallèle Coran/Ancien Testament et connaissances modernes; le Déluge (confrontation du récit biblique et du récit coranique); l'Exode de Moïse (selon la Bible et selon le Coran), etc. Ouvrage donc capital que celui que nous donne à lire ou à relire Maurice Bucaille qui finit par écrire: «La comparaison de plusieurs récits de la Bible avec les récits des mêmes sujets du Coran rend compte de l'existence des différences fondamentales entre les affirmations bibliques scientifiquement inacceptables et des énoncés coraniques en parfaite concordance avec les données modernes... (...) On ne peut pas concevoir que beaucoup d'énoncés coraniques qui ont un aspect scientifique aient été l'oeuvre d'un homme en raison de l'état des connaissances à l'époque de Mahomet. Aussi est-il parfaitement légitime non seulement de considérer le Coran comme l'expression d'une Révélation, mais encore de donner à la Révélation coranique une place tout à fait à part en raison de la garantie d'authenticité qu'elle offre et de la présence d'énoncés scientifiques qui, examinés à notre époque, apparaissent comme un défi à l'explication humaine.»