Alors que le phénomène des listes parallèles a marqué les communes riches, la défiance vis-à-vis des élections a caractérisé les municipalités déshéritées. Le niveau de la défiance vis-à-vis de la politique est si élevé, que même les partis visibles sur la scène et ayant un ancrage social dans le paysage politique ne trouvent pas de candidats pour leurs listes. Des compétences fuient la scène électorale, notamment au niveau des municipalités déshéritées. Ces dernières refusent de s'engager dans la bataille électorale locale. «Cette pénurie de candidats a poussé certaines formations politiques nanties à acheter des listes d'autres partis», selon des observateurs. Faute de volontaires ou de suffisamment de militants, certains partis ont eu du mal à boucler leurs listes dans certaines circonscriptions. Toutefois, si des compétences ne se bousculent pas au portillon dans des communes pauvres, par contre un rush de candidatures, notamment au titre des partis du pouvoir est enregistré au niveau des communes plus ou moins riches. Dans ces cas de figure, des listes officielles et parallèles sont déposées au nom d'un seul parti. L'image que se font les citoyens de leurs institutions locales et même nationales s'est beaucoup dégradée. Même les Assemblées populaires communales n'ont pas résisté à la méfiance des citoyens en général et des jeunes compétences en particulier. Cette crise touche tous les niveaux de la représentation politique, comme illustré par le taux d'abstention lors des législatives précédentes. Conservatisme et religiosité aidant, le désengagement concerne également la gent féminine, particulièrement dans des zones rurales de l'intérieur du pays. Dépourvue de ressources financières suffisantes et parfois sans assiettes foncières pour accueillir d'éventuels projets de développement ou d'utilité public, la majorité des Assemblées communales est ingérable. De plus, sans prérogatives effectives, les élus ne peuvent délibérer sans l'avis favorable des secrétaires généraux de leurs municipalités des walis délégués et des walis. Dans le même ordre d'idées, plusieurs partis en lice pour le double scrutin des APC et APW, ont dénoncé le rejet injustifié de nombre de leurs listes pour les élections locales, d'autant plus que les candidatures écartées sont difficiles à remplacer. En outre, la loi électorale impose aux listes de partis fraîchement agréés et ceux ayant obtenu moins de 4% des voix aux précédentes élections de recueillir le parrainage de 50 électeurs par siège à pourvoir. Seuls le FLN et le RND, ont annoncé leur participation dans la presque majorité des 1.541 communes et 48 APW du pays. Au total, une mosaïque de plus d'une cinquantaine de partis participera aux élections locales. Par sa participation, la majorité des formations politiques, notamment les micropartis sans ancrage social, joue sa survie lors de ce double scrutin. A titre de rappel, nombreuses sont les assemblées locales actuelles, issues des élections précédentes de 2012, qui ont connu une totale «impasse» causée par les incohérences de l'article 80 du Code électoral du 12 janvier 2012. Ces assemblées ont été gérées non pas par un seul parti ou une liste de candidats indépendants, mais par plusieurs formations politiques. D'ailleurs, cet article, a été supprimé par le Code électoral du 28 août 2016. Les élections n'ont jamais constitué un baromètre sur la base duquel on peut juger de la représentativité d'un parti politique. Comme pour les législatives, où des formations proches du pouvoir ont été «bombardées» au premier rang quand des partis visibles et ayant un ancrage ont été déclassés. Les locales confirmeront cette tendance ou la même reconfiguration politique. Il s'agit de tracer l'itinéraire vers l'échéance de 2019.