L'Expression: Pouvez-vous nous faire un bilan de cette manifestation culturelle? Rachid Belhocine: Du fait même qu'il a pu avoir lieu, le bilan de ce Salon ne peut être que positif. Dans le sens où les exposants, qu'ils soient antiquaires, brocanteurs ou collectionneurs privés ont joué pleinement le jeu, montrant au public des objets d'une très grande qualité et de grande valeur. Il fallait justement qu'il y ait des rapports privilégiés et cette symbiose pour que les exposants soient mis totalement en confiance. En tout cas, le déroulement du Salon a dépassé largement nos prévisions. L'autre aspect qui nous a également agréablement surpris, c'est la participation du public. Ils nous ont fait part de leur admiration. Il y a des Algériens mais aussi beaucoup d'étrangers, qui ont avoué qu'ils ne s'attendaient pas du tout à voir une manifestation de cette qualité, qui leur a permis de découvrir des facettes cachées de notre patrimoine. Il y a par exemple, le cas de cette visiteuse qui nous a déclaré avoir visité beaucoup de Salons de par le monde, et que le nôtre se défend bien, notamment au niveau de l'esthétique des objets exposés. Certes, on ne va pas comparer l'incomparable, nous n'en sommes qu'aux premiers balbutiements, mais pour nous, c'est nettement encourageant. En outre, je tiens à signaler que ce Salon n'aurait jamais eu lieu, sans l'aide et l'implication directe de Mme la ministre de la Culture en personne. Elle nous a apporté une aide concrète, notamment en nous autorisant à obtenir l'espace de ce prestigieux Palais de la culture. Le site lui-même a en effet rehaussé la manifestation. Quels sont les objectifs de ce salon? Notre but, c'est de sauvegarder et promouvoir le patrimoine culturel et historique de notre pays. L'organisation du salon était devenu une nécessité vitale, du fait qu'elle donne la possibilité aux citoyens collectionneurs et aux antiquaires qui détiennent des objets de valeur et des richesses inestimables, d'établir de nouveaux rapports avec le public. Est-ce que ce Salon deviendra une tradition? Notre objectif est en effet de perpétuer une telle manifestation, pour en faire une biennale et pourquoi pas un Salon annuel. Mais surtout, nous avons pour objectif de lui conférer une envergure nationale, en faisant participer tous les professionnels des antiquités et de la brocante à travers le territoire national. L'incidence de ce salon, c'est que beaucoup de familles nous ont déclaré posséder des objets précieux dont elles ne connaissent pas la valeur réelle. Nous souhaitons donc amener les pouvoirs publics à prendre des mesures à même de dynamiser le marché de l'art, de susciter des vocations et de former des experts. Car en effet, le problème de la formation se pose avec acuité maintenant, en cette période charnière où notre patrimoine végète dans l'oubli et la marginalisation. Pour l'heure, on ne peut pas affirmer qu'il existe en Algérie des antiquaires au sens plein du terme, c'est-à-dire des professionnels qui ont reçu une formation sanctionnée par un diplôme. Il y a lieu de prendre les mesures pour introduire dans le cursus universitaire la formation des antiquaires spécialisés par époque et par branche. Ce Salon nous a donné l'occasion d'entamer une réflexion sur la possibilité d'organiser le marché de l'art qui reste un métier de spécialistes. Quelles sont les grandes actions du programme d'El Djazaïr El Assima? Les grandes lignes sont celles fixées dans les statuts. Les premières actions à engager restent la sauvegarde et la promotion du patrimoine. Cela est difficile dans un environnement hostile, d'où la nécessité de nous occuper de l'environnement et du développement durable. Quant à l'organisation du Salon, l'initiative est venue des membres de l'association, dont certains sont eux-mêmes antiquaires. Je citerais Hamouda Mustapha, dont le père est le premier antiquaire algérien, Belazoug Saïd, dont le père est également antiquaire, Bouchène Nassereddine et bien d'autres bien sûr.