L'année 2018 verra ainsi le lancement des travaux de 270 000 unités à travers le territoire national La formule de la pierre philosophale semble plus facile à trouver que celle du logement en Algérie. Bien que des progrès colossaux aient été réalisés dans ce domaine, les demandeurs sont toujours légion. Cette semaine seulement, trois nouvelles initiatives ont été lancées dans l'espoir de vaincre la crise du logement qui perdure malgré le programme ambitieux de l'Etat pour en venir à bout. De Biskra, Abdelwahid Temmar, le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville vient d'annoncer l'introduction d'une nouvelle formule destinée à «renforcer les formules locatives existantes et à diversifier l'offre». Cette expérience pilote qui débutera de la capitale des Zibans s'ajoutera donc à l'Aadl, le LPP, le LPA et au florilège de sigles qui donne le tournis. Entre-temps, des cohortes de demandeurs attendent de pouvoir disposer d'un toit et des centaines de milliers réclameront bientôt le leur une fois arrivés à l'âge de maturité. C'est donc un tonneau des Danaïdes qu'il faut sans cesse remplir. L'année 2018 verra ainsi le lancement des travaux de 270 000 unités à travers le territoire national, dont 80 000 pour l'habitat rural, 70 000 de type public aidé (LPA) et 120 000 dédiées à la formule de type location-vente. Mais la charge continuera de peser sur le système tant que le marché de la location demeurera crispé et dissuasif pour ceux qui n'ont pas la chance d'ouvrir droit à tel ou tel programme. Ils sont, en effet, nombreux ceux qui n'ont d'autre choix que s'entasser dans les demeures parentales ou de se tourner vers le privé pour louer suivant des modalités désavantageuses. Payer une année d'avance, ne pas savoir si l'on sera soumis à une augmentation l'année d'après ou être mis carrément à la porte en cas d'incompatibilité d'humeur avec le propriétaire constitue un véritable calvaire. Beaucoup de ces derniers sont en effet de vrais Thénardiers sans état d'âme qui ne s'encombrent pas de sentiments lorsqu'il s'agit de réaliser un profit. Peut-être que la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance possède une partie de la solution pour détendre un peu la pression sur le secteur. La CNEP-Banque lancera ce mois de novembre une nouvelle formule de location-vente appelée «Ijara tamlikia»; un prêt sans intérêt inspiré de la finance islamique. En vertu de ce contrat, l'établissement financier spécialiste de la question achètera le bien que son client choisira et le lui cèdera en contrepartie du paiement de loyers. La location est assortie d'une promesse de transfert de propriété au locataire une fois qu'il se sera acquitté de la totalité de son solde au terme d'une durée déterminée d'avance. «Ijara tamlikia» est destinée à couvrir les logements neufs ou anciens acquis par la CNEP-Banque auprès de particuliers et des promoteurs publics ou privés à l'exception du dispositif d'accession aidé pour les logements, comme le LPP. Le prix de l'habitation sera établi sur la base du salaire du ménage qui servira d'étalon pour fixer le montant des traites et la durée de la location.Le troisième acteur qui propose sa compétence pour assouplir les conditions d'accès au logement est la Fédération nationale des agences immobilières (Fnai). Selon les termes d'une convention-cadre l'Organisation nationale des promoteurs immobiliers, servira désormais d'intermédiaire aux demandeurs de résidences neuves réalisées par les constructeurs privés. Ainsi, les agences immobilières se chargeront du volet commercial des transactions que les promoteurs leur confieront pour se consacrer uniquement à leur métier, c'est-à-dire à la réalisation technique des immeubles. L'opération concernera, dans un premier temps, la wilaya d'Alger avant de s'étendre progressivement à d'autres régions du pays. Les bâtisseurs éprouvent actuellement des difficultés à écouler leurs produits en raison de leurs prix exorbitants en particulier dans les grandes villes. La non-maîtrise des aspects marchands de leur activité entraîne même certains d'entre eux devant les tribunaux à la suite des plaintes déposées par les usagers. Quoi qu'il en soit et en dépit de la multiplication des procédés, la demande sur le logement demeure largement supérieure à l'offre. L'angoisse de se retrouver à la rue, de rester à la merci de locateurs véreux ou de vivre dans la promiscuité de la famille élargie, taraude jour et nuit l'esprit de millions d'Algériens. Avant l'argent, cette préoccupation est sans conteste le premier facteur de stress et de mal-vie dans le pays. Les personnes qui n'arrivent pas à réunir les conditions pour enfin se loger, suivant tel ou tel programme, vivent un grand désarroi que ni l'Etat ni les banques ni d'autres structures ne prennent en charge. Une misère indicible qui pollue la vie et alimente la colère de nombreux Algériens.