Mieux vaut tard que jamais! Et le plus tôt est le mieux. Ainsi, l'aveu de l'ex-Premier ministre et ex-chef de la diplomatie qatarie, Hamad bin Jassem al-Thani (membre de la famille régnante du Qatar), n'a fait que remettre les choses à l'endroit. Ne sont, ou ont été, surpris par ses révélations que ceux qui n'avaient pas connaissance des véritables soubassements du complot contre la Syrie et l'identité des initiateurs et sponsors de la rébellion. De ce point de vue, l'aveu de Hamad bin Jassem al-Thani est le bienvenu, d'autant plus qu'il confirme ce que l'on savait déjà, apportant des éléments d'information, étant l'un de ceux qui étaient dans le secret, pour ne point dire l'un des organisateurs de cette dite «instabilité constructive» du Moyen-Orient. Une «instabilité constructive» sortie tout droit des cerveaux insensés des néo-conservateurs états-uniens qui voulaient remodeler la région. Le Qatar et l'Arabie saoudite n'en ont été que les exécutants des basses oeuvres. De fait, l'ex-Premier ministre qatari avoue que Doha a été «mandatée» par Washington pour accomplir le sale boulot. L'engagement du Qatar dans le complot était patent depuis le début des évènements en mars 2011. Ce que nous écrivions depuis six ans sur ces mêmes colonnes (se reporter aux éditoriaux de L'Expression) en pointant du doigt le Qatar, certes, mais également, l'Arabie saoudite, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et la Turquie qui, à un degré ou à un autre, ont participé à la mise en oeuvre du projet de destruction (déstabilisation est trop faible pour dire ce qu'endurent les Syriens depuis six ans) de la Syrie, le départ de Bachar al-Assad n'étant que le point final, la cerise sur le gâteau, ouvrant le pouvoir (à Damas) à des fantoches manipulés par Washington et l'Arabie saoudite. De fait, tous les responsables du pseudo-Conseil national syrien (CNS, opposition) sont proches ou directement désignés par Riyadh, du moins avec son approbation. L'affirmation de Hamad bin Jassem al-Thani, selon laquelle le Qatar avait dépensé 137 milliards de dollars dans le complot anti-Syrie en dit long sur les incroyables moyens, mis à disposition, financiers, logistiques, matériels, de formation et d'armement de plus de 100.000 jihadistes (venus de 87 pays). Outre cela, les mentors n'ont pas lésiné sur les dépenses pour faire déserter les officiers de l'armée syrienne et les cadres de l'Etat, achetés au prix fort. Les maîtres d'oeuvre de la destruction de la Syrie n'ont reculé devant aucun expédient pour assouvir leur ambition d'hégémonie mondiale, pour les uns, régionale pour les autres. Ainsi, en est-il de la propagande occidentale selon laquelle «Assad tue son peuple» jubilant aux attentats sanglants que leurs sbires commettaient en Syrie, en attribuant la responsabilité au régime syrien. Aussi, comment peut-on ne pas relever les éloges de l'ex-chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui se félicitait de l'oeuvre criminelle d'al-Nosra, assurant «on ne peut condamner al-Nosra qui fait du bon boulot» en Syrie. Il n'y a rien à ajouter quant à la connivence de Paris avec ce qui s'est passé ces dernières années au pays du Cham. En fait, chacun à son niveau, les Etats-Unis, l'Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie, la France et la Grande-Bretagne avaient des visées précises sur cette région stratégique qu'ils voulaient balkaniser pour mieux la contrôler. Aussi, ce que dit Hamed bin Jassem al-Thani, dans ses aveux à la BBC britannique, tout en étant opportun, met en exergue le cynisme des «décideurs» des affaires du monde. Quand Riyadh accuse son complice Doha de «terrorisme» il savait de quoi il parlait. Idem pour Trump, briefé par les services de renseignements états-uniens. Toutefois, l'Arabie saoudite ne peut s'exonérer à peu de frais du mal qu'elle a fait au Monde arabe et aux musulmans, offensant l'islam. Un islam mortifère! Depuis l'Afghanistan, l'Arabie saoudite [qui a créé et financé «al-Qaîda»] et les Etats-Unis [qui ont entraîné ses premières phalanges et les ont armées - leur octroyant à l'époque des lance-missiles Stingers dont seuls les militaires états-uniens en étaient équipés] ont créé une sorte d'ONG les «jihadistes sans frontières» opérant selon les besoins de leurs mentors et financiers. De ce point de vue, les précisions apportées par Hamad bin Jassem al-Thani confirment au besoin, outre les dérives de la haute politique internationale, que des actions délibérées ont été entreprises en particulier dans les pays arabes, installant le chaos et la misère, au grand bénéfice des ennemis du Monde arabe. Et ce sont des pays «arabes» qui en ont été les fers de lance. Hélas!