Arrivée hier, en fanfare, du président américain, Donald Trump, accueilli à Pékin par son homologue Xi Jinping Donald Trump a entamé hier en Chine l'étape potentiellement la plus délicate de sa tournée asiatique, au cours de laquelle il tente de forger un front uni contre les ambitions nucléaires de la «cruelle dictature» nord-coréenne. L'avion du président américain a atterri à l'aéroport de Pékin en provenance de Séoul, donnant le coup d'envoi d'une visite de moins de 48 heures en Chine, pays dont il avait fait l'un de ses boucs émissaires avant son élection il y a tout juste un an, l'accusant d'avoir «volé» des millions d'emplois aux Etats-Unis. Mais désireux d'obtenir l'aide de Pékin dans sa croisade contre la Corée du Nord, il ne tarit plus d'éloges envers son homologue chinois, qui lui faisait hier visiter la Cité interdite, l'ancien palais des empereurs de Chine. «J'attends avec une grande impatience de rencontrer le président Xi, qui vient tout juste de remporter une grande victoire politique», avait tweeté M. Trump quelques heures avant de rejoindre Pékin, faisant allusion au nouveau mandat de cinq ans que Xi Jinping a obtenu à la tête du Parti communiste chinois (PCC) et donc du pays le plus peuplé du monde. «Il passe de la pommade. C'est pour préparer le terrain et le mettre de bonne humeur parce qu'il aura des choses désagréables à lui dire», pronostique le sinologue Jean-Pierre Cabestan, de l'Université baptiste de Hong Kong. Si la Chine a voté les dernières sanctions de l'ONU contre la Corée du Nord et promis de les appliquer strictement, Washington lui demande d'en faire davantage pour étrangler économiquement Pyongyang. «Des échanges commerciaux se poursuivent» à la frontière sino-coréenne, a affirmé un haut responsable de l'administration américaine devant la presse. «Nous allons travailler étroitement avec les Chinois pour identifier ces activités et y mettre fin», a-t-il dit dans l'avion qui amenait Donald Trump à Pékin. La Chine, qui assure la quasi-totalité du commerce de la Corée du Nord, est en position cruciale pour faire pression sur le régime de Kim Jong-Un, qui a procédé début septembre à un nouvel essai nucléaire. Mais si elle s'oppose au programme nucléaire nord-coréen, elle rejette les menaces de Donald Trump et plaide pour le dialogue. Avant de quitter la Corée du Sud, Donald Trump a une nouvelle fois mis en garde la Corée du Nord, tout en appelant Kim Jong-Un à sortir de son isolement. «Ne nous sous-estimez pas, ne nous mettez pas à l'épreuve», a lancé M.Trump devant l'Assemblée nationale sud-coréenne, sous des applaudissements nourris. M.Trump en a profité pour appeler «toutes les nations responsables» à unir leurs forces, citant la Chine et la Russie, appelées à rompre tous liens commerciaux et technologiques avec le régime de Pyongyang. «Vous ne pouvez pas soutenir, vous ne pouvez pas approvisionner, vous ne pouvez pas accepter», a-t-il lancé. Mais le président américain a aussi tendu la main au dirigeant nord-coréen. «En dépit des crimes que vous avec commis contre Dieu et l'homme, nous voulons ouvrir une voie vers un avenir meilleur», a-t-il déclaré à l'attention du jeune leader du Nord. Des propos qui ne devraient pas convaincre Pyongyang de renouer le dialogue, selon des experts sud-coréens. Qualifier Kim Jong-Un de dictateur cruel «pourrait suffire à provoquer la Corée du Nord, qui attache la plus grande importance à la dignité de ses dirigeants», relève Yang Moo-Jin, expert des questions nord-coréennes à l'Université de Séoul. Son discours devant les députés sud-coréens intervenait quelques heures après une déconvenue pour Donald Trump: l'annulation d'une visite surprise sur la zone démilitarisée (DMZ). Pour cause de brouillard, l'hélicoptère présidentiel n'a pu se poser à proximité de cette zone qui sépare les deux Corée depuis la fin de la guerre en 1953. Les relations commerciales devraient être l'autre gros dossier de la visite du président américain en Chine, même si plusieurs gros contrats pourraient être signés à cette occasion.