La question qui se pose à présent reste incontestablement liée à la possibilité de la tenue d'un scrutin. Désormais rien ne semble arrêter la machine actionnée par le chef du gouvernement et les archs en vue du règlement de la crise en Kabylie. Comme nous l'avions annoncé dans notre édition d'avant-hier, le conseil des ministres était hier en réunion avec pour objet la prononciation de la dissolution des assemblées locales de Kabylie issues du scrutin controversé d'octobre 2002 et ce, conformément aux conclusions de l'accord global signé en janvier dernier. Après de longues tergiversations, le sujet est revenu ces dernières semaines au-devant de la scène relançant ainsi le débat sur l'opportunité ou l'inopportunité de la dissolution de ces assemblées. Hier encore, les gens en parlaient même si c'est avec un esprit déjà en vacances. Entre ceux qui ne voient pas d'opportunité et ceux qui applaudissent, c'est le schéma politique de la région qui se reproduit encore une fois. Selon qu'on soit proche de l'un ou l'autre des deux partis activant dans la région, les commentaires varient pour donner exactement le même topo que lorsqu'il était question de dialogue. Dans les communes dirigées par des assemblées, les avis divergent sur la question. Ainsi en est-il de cette position qui exprime parfaitement le désaccord citoyen. Pour beaucoup, «il est vraiment inutile de dissoudre ces assemblées pour organiser un scrutin élisant une nouvelle équipe pour deux années seulement». D'autres pensent que «c'est de la hogra constitutionnelle» en ce sens que «le même pouvoir qui avait applaudi la participation aux joutes électorales d'octobre 2002 s'est retourné contre "ses alliés d'hier"». Plus réalistes, certains pensent que «l'initiative des dissolutions, ne peut que ralentir les efforts de développement entrepris au lendemain de l'installation des APC». Il y aussi ceux qui «redoutent le retour de l'instabilité», une appréhension légitime lorsqu'on connaît ce qu'avaient enduré les populations trois années durant. En face, il faut noter l'applaudissement d'autres citoyens qui déclaraient que «les élus actuels méritent ce sort car ils ont ramé contre la volonté populaire en 2002». Dans ce clan on voit la dissolution comme «une punition à l'égard de ceux qui ont trahi». «Ils ont volé leurs mandats et ils doivent les rendre», estime Saïd qui dit n'avoir aucun lien avec les archs. On expliquera aussi cet enthousiasme par le fait que «toutes les assemblées de la région doivent être sur un pied d'égalité». Comme lors de l'appel du chef du gouvernement, la population de la Basse Kabylie affichait un air de satisfaction mêlé au doute et à l'incompréhension. Le flou qui a entouré la concrétisation de cette mesure s'est dissipé clarifiant davantage l'avenir de communes. Les populations des municipalités dépourvues d'assemblées reprennent espoir de se voir dotées enfin d'une équipe élue pour gérer leurs affaires devenues importantes après plus de deux années de gestion par des administrateurs. Mais la question qui se pose à présent reste incontestablement liée à la possibilité de la tenue d'un scrutin lorsqu'on sait que la partie «lésée» se vengera à coup sûr. Elle ne le cache d'ailleurs pas puisqu'elle ne jure que par un empêchement des plus musclés.