La ville de Thamugadi est cette architecture romaine issue de deux sources: l'héritage fascinant des Grecs et la tradition locale italienne remontant aux Etrusques. A la recherche d'effets spectaculaires par les architectes romains, la ville de Thamugadi est construite sur la pente de coteaux qui se rattachent aux avant-monts de l'Aurès, sur un terrain qui s'incline vers le nord. Ses ruines actuelles (plan d'ensemble), s'arrêtent sur les trouvailles de l'année 1903. Les fouilles qui ont dégagé la ville antique, ont été entreprises en 1881 par les services des monuments historiques. Rappelons qu'elle a été détruite deux fois, la première vers le début du VIe siècle par les montagnards berbères qui se sont révoltés contre les ingérences de l'administration et la deuxième fois, lors des conquêtes arabo-musulmanes. L'Etat actuel date donc de la fin du VIIe siècle. Selon les différents écrits, la colonie de Thamugadi a été fondée par ordre de Trajan en l'an 100 après J.-C. et les travaux d'installation ont été faits par les soldats de la 3e région pour surveiller les débouchés de l'Aurès par le Foum Ksantina, au sud-est et par la vallée de l'oued Taga, au sud-ouest. D'après le nombre des maisons qu'a dû contenir la ville primitive, le nombre des colons établis à Timgad est évalué très approximativement à 250. Après la population a dû s'accroître rapidement surtout au début du IIIe siècle. Thamugadi a dû faire officiellement partie de la province d'Afrique jusqu'à la création de la province de Numidie. Cette ville a été le chef-lieu d'une circonscription financière. La ville primitive, dont la superficie était de 11 hectares et demi, avait une forme à peu près carrée (les côtés mesurent de 324 mètres à 354). Elle était vraisemblablement entourée d'un mur dont il ne reste pourtant aucune trace ; il a dû être rasé quand Thamugadi s'est agrandie. Beaucoup plus tard, à une date indéterminée (peut-être avant l'occupation byzantine), un rempart de mauvaise construction a été établi sur l'emplacement de l'ancien périmètre, les angles de cette enceinte (comme sans doute ceux du mur primitif), étaient arrondis en quart de cercle. La colonie de Trajan formait un damier. Elle comptait onze rues parallèles et à angle droit, dirigées de l'O.S.O à l'E.N.E, dont la principale (le decumanus), coupant la ville par le milieu, se confondait avec la voie de Lambèse à Theveste. Onze autres rues étaient perpendiculaires aux précédentes ; la rue principale (cardo maximus), se composait de deux segments qui n'étaient pas dans le prolongement l'un de l'autre, au N. du decumanus, c'était la rue du milieu (la sixième), au sud, c'était la neuvième rue à partir de l'est, la troisième à partir de l'ouest. A l'exception de l'emplacement occupé par le forum et de la butte où fut établi le théâtre, les îlots circonscrits par ces rues mesuraient en moyenne 20 m de côté. Dans la seconde moitié du IIe siècle et au début du IIIe siècle, la ville s'est agrandie ensuite (surtout au sud et à l'ouest) et, dans les quartiers nouveaux, les rues n'ont pas eu la disposition symétrique que l'on constate dans la colonie primitive. On n'ignore si ces quartiers ont été entourés d'une enceinte. Les rues étaient dallées en grès, sauf le decumanus (dans la ville primitive et dans la traversée du faubourg occidental) et les deux tronçons du cardo maximus, qui étaient dallés en calcaire bleuâtre (sur l'emploi du grès et du calcaire à Timgad). Des colonnades bordaient le decumanus et le cardo nord. Çà et là, s'élevaient des fontaines. Des égouts étaient établis sous les rues. Dans chaque îlot de la ville primitive, il y avait d'ordinaire deux maisons (quelquefois trois ou une seule). Certaines habitations construites plus tard, sont plus vastes. Ces maisons sont en général mal conservées et très remaniées. La ville de Thamugadi est cette architecture romaine issue de deux sources: l'héritage fascinant des Grecs et la tradition locale italienne remontant aux Etrusques. Les Romains ont excellé dans la création d'édifices publics. Libérés de leurs restrictions, issues des traditions religieuses, ils avaient usé de leur habilité technique pour couvrir de voûtes d'immenses espaces que le temps a détruits ou n'en a pas laissé de traces. A Timgad, ils ont construit une esplanade ornée de colonnes (forum) à l'extrémité du cardo, un escalier permet accéder au théâtre. Mais les bâtiments les plus spectaculaires de tous étaient les thermes qui couvraient de vastes espaces et se composaient de bâtiments centraux voûtés et surmontés de dômes abritant les bains chauds. Tout autour, se trouvaient les jardins, gymnases et bibliothèques publiques, le fort byzantin, les quartiers du capitole et de la cathédrale donatiste, l'arc de Trajan et d'autres que le journal L'Expression vous laissent découvrir. L'architecture urbaine des Romains mettait surtout l'accent sur le grandiose, afin de glorifier l'empire et d'encourager sa pérennité qui malheureusement n'a pas résisté au temps.