Les terroristes d'Al Qaîda ont démontré qu'il est quasiment impossible de déjouer toutes les tentatives d'attentat. Il est clair que les terroristes qui ont perpétré le quadruple attentat de Londres visaient, en plus d'un maximum de victimes, un effet médiatique mondial. La tenue du Sommet du G8 en Ecosse est une coïncidence, sans doute voulue par les auteurs de l'attaque. En effet, quoi de plus spectaculaire que de frapper le jour même où les plus grandes puissances mondiale se réunissent. Parmi les «huit», il s'en trouvent des Etats, très engagés dans la crise irakienne. Les Etats-Unis, l'Italie et la Grande-Bretagne sont la tête de pont de l'invasion des «alliés» en Irak. Le message est, pour ainsi dire, d'une grande clarté. Il annonce une grande détermination d'Al Qaîda à rester quoi qu'il lui en coûte, au devant de la scène politico-militaire internationale. En frappant pour la troisième fois en quatre ans, une nation qui entend se placer sur la première ligne de la lutte antiterroriste internationale, l'organisation d'Oussama Ben Laden prouve une importante capacité à porter sa guerre sur le terrain de l'ennemi et, partant frapper l'imaginaire des opinions publiques de ces pays. Ces dernières qui ont réélu Bush et Blair, malgré leurs politiques par trop «interventionnistes» au Proche-Orient, sont donc frappées par l'onde de choc de la guerre que les deux chefs d'Etat ont déclarée en Irak. Démontrer l'invulnérabilité des grandes nations face à de telles attaques constitue le deuxième message adressé par les terroristes d'Al Qaîda, que la coïncidence avec l'organisation des Jeux olympiques de 2012, semble tomber à point nommé, donnant, de fait, une dimension médiatique inespérée à l'acte terroriste. Cela pour l'aspect politique de ce quadruple attentat. Au plan strictement opérationnel, les terroristes d'Al Qaïda en Europe, même pourchassés par tous les services de renseignement, ont démontré qu'il est quasiment impossible de déjouer toutes les tentatives d'attentat. Et pour preuve, au lendemain des attaques de ce jeudi, les services secrets britanniques et français ont rendu publiques plusieurs de leurs interventions qui leur ont permis de faire échec à des actions terroristes. C'est dire que les attentats de Londres étaient inéluctables. Et pour cause, techniquement, il est dans les moyens d'une dizaine d'individus de lancer pareilles opérations. La démonstration a d'ailleurs été apportée par Yacef Saâdi et son groupe qui, durant la Bataille d'Alger ont réussi à faire trembler Alger, alors que les autorités militaires françaises croyaient en avoir fini avec l'ALN à Alger. Dans un témoignage, Saâdi raconte qu'effectivement l'organisation d'Alger était moribonde, mais il restait une quinzaine de bombes. Et au moment où personne ne s'y attendait, la Zone autonome d'Alger, avec quelques éléments seulement, a lancé l'une des plus spectaculaires opérations de la Bataille d'Alger. Techniquement donc, les services de sécurité britanniques sont démunis face à un ennemi insaisissable. D'où le caractère illusoire de confiner la lutte antiterroriste à de simples opérations de police. C'est dire donc que la menace terroriste sur les capitales occidentales demeurera d'actualité, tant que les Etats n'auront pas tenté une approche politique de la question du Proche-Orient et à leur tête le problème palestinien.