Le Front islamique français armé (Fifa) a accordé à la France un ultimatum de trois mois (jusqu'au 30 janvier 2005) pour répondre à ses revendications. La menace terroriste plane de nouveau sur l'Hexagone. L'attentat perpétré, vendredi dernier contre l'ambassade d'Indonésie à Paris, faisant une dizaine de blessés, est pris au sérieux par les autorités françaises qui ont aussitôt réactivé le plan «vigipirate». Désormais, il n'y aura plus d'exception, accordant des circonstances atténuantes à la France en raison de sa position hostile à l'occupation de l'Irak. Cette fois c'est un groupe terroriste ayant revendiqué l'attentat contre l'ambassade d'Indonésie qui fait monter les enchères, en exigeant dans une lettre adressée au commissariat du XVIe arrondissement de Paris, la libération de Boualem Bensaïd et Smaïn Aït Ali Belkacem, condamnés pour leur participation à des attentats commis en 1995 en France et revendiqués par le Groupe islamique armé (GIA). Le Front islamique français armé (Fifa), puisque c'est de lui qu'il s'agit, a accordé à la France un ultimatum de trois mois (jusqu'au 30 janvier 2005) pour répondre à ses revendications. Faute de quoi, le groupe terroriste en question, menace la France d' «actions nouvelles plus sanglantes que jamais» Car, outre l'annulation de la loi sur les signes religieux à l'école, le groupe terroriste en question demande à Paris d'appuyer l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne et d'interdire toute publication visant à «saboter l'islam» Pour le moment la police française qui n'a pas encore identifié le groupe, cherche à remonter la filière après l'arrestation dimanche dernier dans un cybercafé de la région parisienne d'où a été envoyé le courrier, d'un ressortissant Camerounais. Ce qui fait craindre le pire aux enquêteurs français, c'est que le mode opératoire suivi par les terroristes dans l'attentat de l'ambassade d'Indonésie rappelle curieusement celui utilisé par le GIA dans les attentats perpétrés en 1995 contre le RER parisien. En effet, les enquêteurs de la brigade criminelle ont établi que l'engin explosif utilisé contre l'ambassade d'Indonésie était une bonbonne de gaz placée dans un sac de sport. Par ailleurs, la panique qui s'est emparée des autorités françaises, depuis vendredi dernier, est perceptible à travers l'état d'alerte maximum des services de sécurité, postés aux alentours des points stratégiques de la capitale. Les édifices publics, les ambassades et les institutions ont été mis sous haute sécurité. Des opérations de simulation d'attaques chimiques et bactériologiques coordonnées par la préfecture de Paris, sont menées au cours de ces deux derniers mois dont la dernière en date est celle menée dimanche dernier dans le métro de Paris. Un exercice ordinaire pour les services sanitaires et la sécurité civile française, mais qui n'a pas manqué de susciter interrogations et incertitudes au sein de la population française. Par ailleurs, l'enlèvement des deux journalistes français Malbrunot et Chesnot, il y a de cela près de deux mois, relance le débat sur l'éventualité d'une escalade terroriste en France, après, notamment l'application de la loi sur le port des signes ostentatoires à l'école, malgré la mise en garde des ravisseurs des deux journalistes français. Il est utile de rappeler que ce n'est pas la première fois que la France fait face au terrorisme islamiste, puisqu'en sus de l'attentat sanglant du 27 juillet 1995, une série d'attentats et de tentatives d'attentats avaient été enregistrés de juillet à octobre de la même année dans divers quartiers de la banlieue parisienne. La menace terroriste est donc très sérieuse, d'autant plus qu'elle coïncide avec la tenue du procès de dix islamistes présumés - des Maghrébins pour la plupart - impliqués dans l'attentat déjoué contre le marché de Noël de Strasbourg, en 2000. Les membres du groupe, qui fait partie d'une nébuleuse activant dans différents pays européens (Grande-Bretagne, Allemagne, Italie, Belgique...auraient subi des entraînements au Pakistan et en Afghanistan. Ce qui n'écarte pas leur lien avec le réseau Al Qaîda. Cette organisation qui a pu tisser sa toile à travers les quatre coins de la planète. Pour preuve, une filière de faux passeports français fabriqués en Thaïlande, retrouvés à Francfort et lors d'un attentat déjoué en Jordanie avant le passage à l'an 2000 ainsi qu'au Canada, en relation avec un projet d'attentat aux Etats-Unis à la même période pour lequel un islamiste algérien, Ahmed Ressam, a été reconnu coupable, sont autant d'indices montrant que ces réseaux sont bien imbriqués les uns dans les autres du fait d'activités d'individus communs et incontournables comme Abou Doha à Londres, Ahmed Ressam en Amérique du Nord et Abou Djaffar dans la zone pakistano-afghane (un responsable de l'accueil dans les camps d'Oussama Ben Laden), indique le rapport, lors de l'ouverture du procès des auteurs présumés de l'attentat avorté du marché de Strasbourg.