«La solution des problèmes de la région, dont une grande partie est le résultat de la politique stérile de l'Arabie saoudite, n'est pas de publier de telles déclarations sans valeur, mais de cesser de suivre la politique du régime sioniste qui cherche à accentuer les divisions dans la région», estime Téhéran. Comme nous l'avions écrit et explicité dans notre édition d'hier, l'Algérie n'a pas pris part dimanche à la réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe, convoquée par l'Arabie saoudite. La résolution adoptée malgré les réserves du Liban et de l'Irak représentés à un niveau secondaire a qualifié le Hezbollah d' «organisation terroriste» et accusé l'Iran de «financer et entraîner des groupes terroristes à Bahreïn et au Yémen». La Ligue arabe a également «fait assumer au Hezbollah, partenaire dans le gouvernement libanais, la responsabilité de fournir aux groupes terroristes dans les pays arabes des armes sophistiquées et des missiles balistiques». M. Aboul Gheit avait même ajouté que «les capitales arabes sont dans la ligne de mire des missiles balistiques de Téhéran». C'est pourquoi, dit le document, l'heure est venue de dénoncer les «ingérences iraniennes» au Conseil de sécurité de l'ONU. L'Irak et le Liban se sont abstenus de voter, arguant du fait que certains points du communiqué final, qualifiant le Hezbollah d'«organisation terroriste», sont contraires à leurs convictions. Réagissant aussitôt, l'Iran a jugé «sans valeur» cette déclaration. «La solution des problèmes de la région, dont une grande partie est le résultat de la politique stérile de l'Arabie saoudite, n'est pas de publier de telles déclarations sans valeur, mais de cesser de suivre la politique du régime sioniste qui cherche à accentuer les divisions dans la région», a déclaré Bahram Ghassemi, le porte-parole de la diplomatie iranienne, cité par l'agence Isna. Cette réunion, venue dans le sillage de l'affaire Hariri qui a braqué le regard deux semaines durant sur le Liban, permet à l'Arabie saoudite de souffler sur la braise, voire de préparer l'opinion à un conflit que le très pressé Mohamed ben Salmane annonçait hier, disant que son pays «ne restera pas les bras croisés face aux agressions de l'Iran et qu'il n'épargnera aucun effort pour défendre sa sécurité nationale». La réaction du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, est intervenue hier soir, à Beyrouth, à la veille du retour de Saad Hariri pour la Fête de l'indépendance. Sur la route du Liban, M.Hariri est passé par le Caire où il a été reçu par le président égyptien Al Sissi. C'est dire si, dès mercredi, les rapports que le Premier ministre démissionnaire va avoir avec le Hezbollah vont s'avérer conflictuels, issue que l'ensemble des parties libanaises redoutent parce qu'elle signifierait une crise fatale au fragile équilibre qui prévaut dans le pays du Cèdre. M.Hariri a clairement accusé l'Iran d'avoir la mainmise sur le Liban par le biais du Hezbollah, avant de remettre en question le caractère armé du parti. Ce faisant, il a validé par avance les termes de la Ligue arabe traitant le Hezbollah d' «organisation terroriste» et durcissant le discours, dimanche au Caire. Certes, le Liban a émis plusieurs réserves à ce sujet, notamment les alinéas 4,6 et 9 de la Déclaration et même évité une mise en cause directe de la responsabilité de son gouvernement qui aurait été une condamnation du pays. Mais le mal est fait, qui sied au voisin israélien dont le ministre de l'Energie, Youval Steinitz, a reconnu clairement, hier, les «liens secrets avec plusieurs pays arabes», sans dire lesquels! Intervenant sur la radio militaire israélienne, il a répondu: «Nous avons des liens, certes secrets, avec plusieurs pays arabes et musulmans» dont il veut «respecter les souhaits» de discrétion. Or il n'y a aucun mystère quant à la conjonction d'intérêts des pays actuellement mobilisés contre l'Iran et le Hezbollah dont le rôle en Syrie a dérangé de nombreux intérêts.