La comptabilité de nos entreprises ne saurait être fiable si l'on n'applique pas la réalité économique L'importance que revêt la comptabilité financière aujourd'hui, que nul n'a le droit d'isoler ou de négliger dans ce nouveau monde de l'entreprise qui est en train d'émerger dans la mondialisation et la globalisation de l'économie et de la finance où notamment les entreprises des pays occidentaux et anglo-saxons sont valorisées sur les marchés financiers et boursiers à travers leur comptabilité aux normes comptables internationales dites IAS/Ifrs, au coeur de leur management et de leur processus de stratégies. Il est, par ailleurs, utile de signaler que ces normes en question sont considérées comme une innovation de taille devant permettre aux entreprises algériennes de tenir une comptabilité aux normes universelles. Alors que le système comptable algérien demeure caractérisé par une faible activité économique au sein des entreprises. Une comptabilité financière, certes est exercée dans nos entreprises, mais elle s'avère insuffisamment organisée, performante et bien introduite dans la gestion, l'économie et le contrôle interne. Ainsi, il est évident qu' il ne suffit plus de savoir tenir les livres comptables, il faut, en outre, saisir et comprendre les objectifs de l'entreprise, la maîtrise des problèmes industriels, commerciaux, financiers, marchés, qu'il faut absolument cerner et dominer dans la nouvelle économie, qui sont susceptibles d'apporter des valeurs ajoutées indispensables pour bien gérer les ressources d'une entreprise et essentiels pour sa pérennité dans le bon fonctionnement de cette dernière. Ceci dit, la comptabilité en Algérie reste un domaine encore en retard, car elle est loin d'être efficiente et adaptée à la réalité des marchés, d'ouverture et insuffisamment cernée au niveau managérial, économique et sécurité juridique commerciale pour les actionnaires et les investisseurs. L'écrasante majorité de nos entreprises ont en effet d'énormes difficultés à assimiler les nouvelles règles applicables aux écritures comptables selon les normes comptables internationales IAS/IFRS requises. Il est prouvé que la puissance économique et financière d'une entreprise dépend plus de la manière dont elle gère ses actifs et ses ressources que de l'importance de ceux-ci. Du coup, assurer aussi une meilleure protection des capitaux des actionnaires ou des investisseurs, voire encore la garantie-clé de confiance pour asseoir une coopération transparente et fructueuse avec les acteurs du monde de l'économie et de la finance (banques, Bourse des valeurs, investisseurs,...). L'objectif attendu dans cette vision des réalités économiques et financières à retenir dans notre présente contribution, c'est celui de donner quelques pistes de réflexion en oeuvrant surtout à mettre l'outil comptable au diapason de l'économie, afin d'assurer à la comptabilité des entreprises, sa cohérence et sa clarté et par conséquent, instaurer la culture comptable à mieux orienter les stratégies d'entreprise, l'économie financière et la visibilité de la gestion financière pour optimiser la bonne gestion des actifs et le management de l'entreprise algérienne dans la mesure où l'économie se mondialise. La micro-économie La comptabilité financière, c'est aussi une assise de l'économie nationale, voire de la politique d'un Etat dans la mesure où elle indique les valeurs et les repères des agrégats de la macro et de la micro-économie, et enfin, l'amélioration du système d'information de gestion pour développer les capacités d'anticipation de nos entreprises et développer une comptabilité nationale devant fonctionner harmonieusement en interface avec les comptabilités internationales qui ouvrent la voie sur les choix et les options pour l'exercice d'un management moderne des entreprises algériennes, au sens de l'initiative économique pour ne pas demeurer à l'écart du monde de l'entreprise et cette globalisation en mutation constante au niveau mondial. Ceci dit, la comptabilité de nos entreprises ne saurait être fiable si l'on n'applique pas la réalité économique (la juste valeur économique). Ce qui doit nécessairement conduire à une réorganisation des entreprises, car de nouveaux enjeux et de nouvelles règles de la finance s'imposent d'une part, et avec des comptabilités défaillantes, voire dans certains cas défectueuses, en effet la plupart des entreprises n'ayant pas de comptabilités suffisamment organisées et bien introduites d'autre part. En effet,la comptabilité est considérée comme une nécessité principale dans la gestion et la gouvernance des entreprises pour maîtriser et rationaliser leur gestion, voire encore pour valoriser leur management, dont l'organisation traduit les caractéristiques du niveau de performance, de transparence et de développement de l'économie d'une entreprise ou d'un pays, tant elle est le résultat de la vie socio-économique de l'entreprise. Cependant force est d'observer que la réforme comptable introduite par la loi N°07-11 du 25/11/2007, dont l'application est intervenue en 2010 en Algérie, n'a visiblement pas encore apporté le changement espéré sachant réformer c'est développer, moderniser et enfin rendre plus efficace, plus performant et plus transparente notamment la comptabilité enrichit le management des entreprises et l'économie en général. Une réforme comptable efficiente ne peut en effet consister en une simple tenue de comptabilité usuelle. D'autres difficultés de cohérence du système comptable algérien sont liées à la problématique d'orientation et d'encadrement de l'action économique et commerciale pour l'optimisation de la gestion comptable et fiscale des entreprises. La mobilisation des ressources publiques par la fiscalité ordinaire. Car force est de constater que nos entreprises ne tiennent une comptabilité financière à sa pure application fiscale où d'abord elle est subie surtout par les contribuables à faibles revenus, alors qu'il y a prolifération des pratiques frauduleuses de ceux qui exercent dans la sphère de l'économie et du commerce qui échappent à la fiscalisation (fausses déclarations sur la réalité des ventes, fausses factures ou achat de factures pour augmenter les charges, déclaration des travailleurs payés au Smig ou le plus souvent non déclaration des travailleurs...). Par ailleurs, la comptabilité est généralement assimilée à tort à une fonction de caisse ou d'enregistrement usuel,qui résulte d'une simple imputation comptable basée sur la correspondance des comptes PCN /NSCF sans plus au détriment de l'optimisation de la gestion comptable dans la maîtrise, le contrôle interne et l'amélioration de la gouvernance et gestion de l'entreprise, voire encore un manque important en matière de maîtrise des techniques de consolidation des bilans des sociétés de groupe qui nécessitent d'effectuer d'importants traitements et ajustements comptables spécifiques. A titre d'exemple: en 2016, selon la Cour des comptes, l'impôt sur le revenu global (IRG) sur les salaires a représenté 26% des recettes fiscales, par contre près de 16% pour l'impôt sur les bénéfices des entreprises(IBS), qui demeure très faible puisque dont 80% est récolté auprès des entreprises étrangères installées en Algérie. Mise en place d'une véritable structure financière et comptable D'où la nécessité d'adaptation de l'outil comptable à la nouvelle réalité économique qui est un peu en défaut. A contrario, on peut dire que le manque de transparence de la comptabilité des entreprises entrave la bonne gouvernance économique et financière du pays ainsi que leur crédibilité. «Un pays sans comptabilité, sans statistiques et sans transparence ne peut fonctionner». A ceci, il faut ajouter, à titre indicatif, que près de 60% déposent leurs comptes sociaux auprès du Centre national du registre du commerce (Cnrc), et qu'un nombre infime d'entreprises rend publique sa comptabilité valant de publicité d'intérêt public dans deux journaux au moins à gros tirage. On ne peut donc analyser la vie économique et financière des entreprises sans les situer dans l'environnement économique. Bref, notre objectif, c'est la mise en place d'une véritable structure financière et comptable dans les entreprises algériennes, en mettant en place des plans comptables sectoriels avec tout ce que cela devrait apporter comme valeur ajoutée à l'entreprise algérienne. Cela, requiert aujourd'hui, une nouvelle culture d'entreprise et une culture comptable. Il sera ainsi question d'un nouvel ordre comptable en Algérie dans le sens où l'entreprise est soumise à une responsabilité économique et aux prescriptions du droit privé (Code de commerce, Code civil. À partir duquel, les entreprises algériennes devront entrer dans l'émergence dans un processus de mise en place de bonne pratique de gestion favorisant les normes comptables internationales IAS/IFRS pour réussir leur ouverture économique et par conséquent accroître leurs performances économiques et financières dans le monde économique d'aujourd'hui, bâtie sur la globalisation. Il s'agit ainsi d'une question-clé afin de mettre la comptabilité de nos entreprises au centre des évolutions mondiales pour internationaliser l'entreprise algérienne et par voie de conséquence contribuer à l'intérêt grandissant envers les investisseurs (IDE), les actionnaires et les agences de notation (Coface, Goldman Sachs...). Il s'agit là, d'un grand pas pour se doter d'un outil de management et de contrôle appelé à évoluer et être appliqué rigoureusement à toutes les activités économiques, commerciales et financières pour un regard nouveau sur la vraie visibilité de l'économie des entreprises algériennes notamment, les incidences économiques et financières sur l'économie algérienne en ce qui concerne les prix, les produits et matières cotés en Bourse, la consolidation des bilans pour les groupes, les transactions interfiliales (sociétés mixtes et groupes de sociétés), les cessions d'actions ou parts sociales, les titres de participation, variation des taux de change, la mobilité des capitaux, méthodes de calcul des coûts et prix de revient, l'inflation monétaire et prix qu'il faut absolument cerner et maîtriser dans l'économie de marché, cotation des actions en Bourse des valeurs, les variations économiques et financières qui résultent surtout de crises ou de récessions, les dépréciations ou perte de valeurs sur les actifs, pertes d'exploitation liées aux grèves, chômage technique. Tout cela ayant une incidence économique ou financière, doit être pris en considération dans les bilans comptables des entreprises et les rapports de gestion des conseils d'administration. En effet, la comptabilité des sociétés n'aura de sens que si on lui applique les réalités économiques et les normes comptables internationales. A titre d'exemple: l'inflation ou la hausse des prix engendre des plus-values que les bilans de la plus grande partie de nos entreprises ne font pas apparaître, dont notamment les actifs y figurant ne correspondent pas à la hausse des prix. Cela amène à une surévaluation des bénéfices qui ne traduisent pas la prospérité ou l'amélioration de la gestion des entreprises au sens économique et qu'on peut appeler à ce titre, de bénéfices d'inflation et ayant un caractère fictif. En effet, les données comptables et financières établies et produites n'auront de sens que si elles reflètent ou se rapprochent de la réalité économique et par voie de conséquence pour une bonne gestion comptable pour déterminer la juste valeur économique de l'entreprise. Par cette approche on vise donc à répondre à un grand souci d'être proche du monde de l'économie d'aujourd'hui, notamment entre les comptes de l'entreprise et la réalité économique et financière associée à plus de transparence et de traçabilité, qui constituent la base nécessaire et apte à répondre aussi efficacement à toutes les attentes des investisseurs et des actionnaires aux regards des nouveaux besoins générés par la financiarisation et la globalisation de la nouvelle économie. Ceci dit, il ne s'agit pas d'une simple tâche d'imputations comptables, mais plutôt le fruit d'immenses travaux comptables d'aboutir à une comptabilité ordonnée des faits économiques, financiers et juridiques de l'entreprise qui se déroulent ou s'exercent à l'intérieur des circuits du marché et de la Bourse des valeurs... Organisation des entreprises algériennes Enfin, sommairement, le système comptable sur la structure qu'il s'appuie, comporte des normes comptables internationales aux nombres de: IAS/40 (international Accouting Standards), et en IFRS/07 (International Financial Reporting Standard) et composé d'une nomenclature de comptes dit plan comptable, structurés en sept classes permettant la production des états financiers (Bilan, compte de résultat, le tableau des flux de trésorerie, le tableau de variation des capitaux propres et l'annexe) fondés sur: a) des principes comptables sur la base de huit, à savoir comptabilité d'engagement, intelligibilité, fiabilité, coût historique, continuité d'exploitation, pertinence, comparabilité, prééminence. b) des normes comptables portant sur des règles d'évaluation et de comptabilisation des actifs, des passifs, des charges et des produits tels le contenu et le mode de présentation des états financiers. On peut conclure dès lors au regard de ce qui précède Il reste à souhaiter du Conseil national de la comptabilité des actions valorisantes qui devront s'inscrire dans le cadre d'une politique de normalisation comptable afin de professionnaliser davantage la gestion des entreprises. Aussi, le Conseil national de la comptabilité (CNC) doit publier des rapports périodiques sur l'évolution du système comptable et la profession comptable. Et par voie de conséquence apportera des solutions aux difficultés que rencontrent les comptables par la mise en place d'un observatoire de l'évolution de la profession comptable et du droit comptable; la diffusion des avis ou des directives comptables; la publication d'une revue d'économie et comptabilité, sinon un bulletin de liaison ayant trait aux nouvelles du Nscf comme étant un espace pour un échange de vues et d'expériences sur les problèmes d'application ainsi que de réflexions complémentaires au développement du Nscf en Algérie où pourront s'exprimer les comptables, les financiers et tous les acteurs du monde de l'entreprise. Aussi, il est temps de créer un espace de rencontres de la corporation comptable, notamment entre professionnels de l'ordre des experts comptables, comptables d'entreprises et chefs d'entreprise; la révision comptable qui doit retrouver sa place au sein de nos entreprises; la spécialisation en économie d'entreprise (droit des affaires, comptabilité, etc.) au sein de la justice et les corps auxiliaires (avocats, notaires...); Le statut légal et réglementaire du comptable d'entreprise à faire valoir aujourd'hui dans l'organisation des entreprises algériennes.