La formation est une condition sine qua non pour pouvoir donner à la Hiise toute la dimension constitutionnelle dont elle est porteuse. Le Conseil de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections (Hiise) s'est réuni hier, en présence du président de ladite instance, Abdelwahab Derbal pour adopter le rapport final de cette dernière qui a trait aux élections locales du 23 novembre dernier. Cette réunion a abordé l'aspect lié à l'expérience électorale durant l'année 2017 qui a vu le déroulement de deux rendez-vous électoraux, à savoir les législatives du 4 mai dernier et celui des locales. Abdelwahab Derbal a abordé dans son allocution devant les membres du conseil de son instance les questions d'ordre juridique, organique et aussi politique dont la Hiise est chargée d'assurer, et les défis qui se profilent quant au rôle de cette instance qui puise son pouvoir et son effectivité et sa pérennité de la Constitution de 2016 après sa révision et l'introduction d'un certain nombre de réformes via un mécanisme constitutionnel lui permettant d'engager des procédés à même de promouvoir et de développer l'instance en optant pour le recyclage et la formation, pour qu'elle puisse jouer son rôle en sa qualité d'instance de surveillance et de contrôle du processus électoral de son début jusqu'à sa fin. Dans ce sens, Derbal a essayé lors de cette réunion d'étaler l'expérience de la Hiise en tenant compte des embûches qu'elle a rencontrées durant les deux joutes électorales qui ont marqué l'événement politique du pays. Il a évoqué des situations qui ont démontré que le processus électoral depuis la convocation du corps électoral et l'annonce des résultats du scrutin. Par rapport à ce volet, le président de la Hiise a indiqué que «le suivi de l'opération électorale dans ses étapes et jusqu'à l'annonce des résultats préliminaires de ces élections exige un contrôle minutieux et précis et une surveillance sur le terrain en ayant un sens très aiguisé de conscience et de maîtrise, ce qui nous a permis de constater beaucoup de cas et de réalités en essayant de corriger et d'alerter. Mais il reste beaucoup à faire en matière d'effort, de travail et d'amélioration», a expliqué Abdelwahab Derbal, président de la Hiise. Profitant de la présence de tous les membres du conseil de la Hiise pour entériner et adopter le rapport de l'instance qui sera destiné au président de la République, il fait insinuer aux présents, sans recourir aux choix des mots clairs et directs qu'«il y a un cumul impressionnant en matière de mentalités et des idées qu'il faut revoir pour que nous puissions être en accord avec les objectifs suprêmes des réformes politiques et juridiques comme elles ont été tracées par le législateur constitutionnel, qui traduisent la volonté politique clairvoyante des réformes constitutionnelles qu'avait initiées Son Excellence le président de la République en 2016», a souligné Abdelwahab Derbal. Le président de la Hiise fait allusion à son instance qui fait face à des interférences émanant de l'administration et d'autres partenaires qu'il faut comprendre par là, les partis politiques, ce qui ne lui permet pas d'assumer sa vocation, consistant à être réellement indépendante dans son contrôle et sa gestion, quant aux questions en rapport avec sa mission de surveillance des élections. Dans ce sens, il précise que le travail qui attend l'instance est colossal avec tous les partenaires pour donner un ton et un saut qualitatif au processus électoral dans le pays. La rencontre d'hier a permis au président de la Hiise d'abonder sur la question qui a trait à la mission de l'instance qu'il préside, telle qu'elle est mentionnée dans le texte de loi 16/11 prévoyant les compétences dont elle en est l'exécutant. Dans ce sens, Derbal considère que cette loi est loin de refléter la réalité du travail et de l'intervention de son instance dans le déroulement du processus électoral jusqu'à son achèvement. Il rappelle que cette loi doit être reformulée pour que la Hiise puisse jouir d'un rôle qui lui confère la mission de la dissuasion pour qu'il y ait des interventions et des traitement catégoriques, qui mettraient fin aux interférences de l'administration et certains partenaires politiques qui ne jouent pas le jeu de la transparence dans ce domaine. Dans son speech, le président de la Hiise a soulevé la question de non-maîtrise de certains partenaires politiques de la procédure relevant des démarches électorales ou de la saisine, via des recours que ce soit lors de la première étape dudit processus ou lors de la phase finale qui exige la formulation de recours à qui de droit. Dans ce sens, Derbal a affirmé que «beaucoup de partenaires politiques à travers leurs candidats ne savent pas ou ne sont pas bien formés par rapport à la procédure qui préside au processus électoral. Le constat est manifeste, beaucoup d'entre eux confondent les prérogatives de la Hiise et celles des commissions électorales de wilayas et celles des tribunaux administratifs spécialisés en la matière», a rétorqué le président de la Hiise. La réunion d'hier qui a vu la participation de tous les membres du Conseil de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections, s'est attelée à pointer du doigt la faille relevant du manque de formation qui s'est répercutée et qui se répercute jusqu'à aujourd'hui sur l'encadrement de cette instance qui est censée être permanente et de ce fait, elle doit bénéficier de formation continue sur des questions de procédures juridiques, administratives et de gestion en général.La formation est une condition sine qua non pour pouvoir donner à la Hiise toute la dimension constitutionnelle dont elle est porteuse comme mécanisme et levier qui structure l'opération de l'urne, surtout que l'Algérie est à la veille de l'élection présidentielle de 2019. Ce rendez-vous déterminant doit être corroboré par la mise en place d'un aggiornamento électoral qui soit soutenu par une instance de surveillance des élections qui ne laissera rien au hasard ou à l'aventure, d'où l'urgence de sa consolidation en la dotant de moyens humains formés et d'artifices juridiques à la lumière des expériences précédentes.