Le tamazight à l'école, une réalité La ministre de l'Education nationale ne fait pas dans le verbiage. Pragmatique, elle avance les chiffres: près de 350.000 élèves étudient la langue amazighe à travers 38 wilayas! Nouria Benghabrit, la femme de fer algérienne, est aguerrie pour batailler sur plusieurs fronts. Elle le fait, sans grand bruit, de manière très efficace. Sur la question de la généralisation de la langue amazighe, qui a provoqué d'imposantes marches dans plusieurs régions du pays, la ministre vient juste d'y mettre son grain de sel. Nouria Benghabrit qui a préféré attendre que les esprits se calment avant de prendre part à la polémique sur la généralisation de l'enseignement de tamazight, est revenue sur cette question. Non pas pour faire dans le «verbiage» en rappelant l'importance et la nécessite de produire l'enseignement, mais pour affirmer que l'enseignement de la langue est bien effectif sur le terrain. Pragmatique, elle avance les chiffres: près de 350.000 élèves étudient la langue amazighe à travers 38 wilayas! Une information de taille que vient de glisser la ministre permettant de désamorcer une «bombe» qui aurait bien pu être la cause d'une déstabilisation. L'annonce de Nouria Benghebrit enlève tout bien-fondé et argumentation à ceux qui exigent la généralisation de l'enseignement de tamazight. Ces derniers peuvent exiger certes plus d'efforts de l'Etat pour la promotion de la langue, mais ne peuvent plus lui reprocher de reléguer cette question au second plan. Avec 38 wilayas concernées par l'enseignement de la langue sur les 48 que compte le pays, il est clair que la généralisation n'est plus à ses débuts. Encadré par 2757 enseignants, l'enseignement de tamazight est passé de 11 wilayas en 2014 à 38 wilayas durant l'année scolaire 2017-2018, et a touché 343.725 élèves contre 252.155 élèves inscrits durant l'année scolaire 2014-2015, a indiqué la ministre dans une déclaration à la télévision algérienne. Elle a ajouté que l'enseignement de cette langue a connu une hausse depuis 2002 passant de 13.426 élèves du cycle de l'enseignement secondaire général et technique à 68.436 élèves durant l'année scolaire 2017-2018. La ministre de l'Education nationale a indiqué par ailleurs que le nombre d'enseignants de la deuxième langue nationale et officielle a doublé durant l'année en cours, passant à 2 757 enseignants contre 1902 durant l'année 2015-2016. En donnant ces chiffres, la ministre n'avait plus besoin de rappeler les efforts et les moyens mis en oeuvre pour la promotion de tamazight. Elle n'avait plus besoin de faire cas de la création du Centre national pédagogique et linguistique pour l'enseignement de tamazight ou encore de l'ouverture, cette année, de 32 classes d'enseignement de la langue dans les établissements scolaires de la wilaya de Tissemsilt. L'intervention de la ministre de l'Education devrait, raisonnablement, recadrer les débats et les inscrire dans un autre registre. Il ne devrait plus être question de généralisation de la langue du moment que l'Etat s'attelle à le faire d'une manière progressive, mais plutôt de se fixer des dates butoirs pour atteindre des objectifs précis comme à titre d'exemple: se donner 5 ans pour doubler ou tripler le nombre des élèves du cycle primaire inscrits à cet enseignement, se fixer une date butoir pour finaliser la préparation de l'ensemble des supports éducatifs pour les élèves des trois paliers et même pour la formation universitaire... Une fois les objectifs des étapes fixées seront atteints, il ne sera même plus besoin d'aller vers l'obligation de l'enseignement de la langue puisque tamazight va, d'ici là, s'imposer d'elle-même. Il faut reconnaître donc que la ministre de l'Education a démontré à nouveau, son efficacité. Déterminée à aller au bout de sa mission de réformer et moderniser l'école, Nouria Benghabrit ne manque pas de batailler sur d'autres fronts en mettant en place une stratégie nationale pour améliorer le niveau d'enseignement de la langue arabe, en organisant des examens professionnels et des formations afin d'améliorer le niveau des enseignants ou encore en veillant à l'amélioration du contenu du livre scolaire, à l'introduction de plus de rationalité, de pédagogie, de savoir, de réflexion.... Elle pense à améliorer l'enseignement des enfants handicapés, à l'introduction des TIC et répond énergiquement à tout danger qui guette l'enfance. Faut-il rappeler qu'interpellée sur le danger des applications sur la Toile, après les décès enregistrés à cause du jeu morbide «Baleine bleue», le département de Nouria Benghabrit n'a pas tardé à réagir en élaborant une circulaire pour sensibiliser aux dangers de l'usage abusif d'Internet. Avec autant de réactivité, il est à espérer que la ministre de l'Education réussisse son challenge. 2018, année de la célébration du patrimoine culturel amazigh L'année 2018 sera celle de la célébration du patrimoine culturel amazigh dont les composantes seront «visibles tout au long de l'année», a annoncé hier le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi. S'exprimant lors du Séminaire international dédié au traitement médiatique des questions liées au patrimoine, le ministre a ajouté que ce programme devra débuter lors de la célébration du Nouvel An amazigh Yennayer 2968, correspondant au 12 janvier prochain, et que toutes les manifestations culturelles et les festivals devront adapter leurs contenus à cette thématique, «fil rouge de l'année 2018». A ce sujet, il a appelé à «renforcer» l'officialisation de tamazight par un travail de «valorisation de tous les éléments» du patrimoine culturel amazigh.