Au moment où Blair tente de réfuter tout lien entre les attentats à Londres et l'Irak, Al Qaîda lance un ultimatum à l'Europe. Dans un communiqué diffusé hier, sur un site Internet, le réseau Al Qaîda a donné aux pays européens, présents en Irak, un ultimatum d'un mois pour qu'ils retirent leurs troupes, sous peine de lancer en Europe de nouveaux attentats après ceux de Londres. Cet ultimatum tombe au moment où la violence a atteint des sommets en Irak, alors qu'en Grande- Bretagne, la controverse est ouverte entre ceux qui soutiennent qu'il existe un lien entre les attentats en Europe et la guerre en Irak et le gouvernement britannique qui nie en revanche qu'il puisse y avoir une telle relation avec l'Irak. Or, la probabilité d'un lien entre les attentats, commis à Londres le 7 juillet et à Madrid le 11 mars, et l'Irak devient évidente au moment où l'on assiste à une escalade meurtrière de la violence dans ce pays. Le Premier ministre britannique, Tony Blair, a encore réitéré hier que les «terroristes» utilisent l'Afghanistan et l'Irak comme prétexte pour s'attaquer à l'Occident, indiquant «Bien sûr que ces terroristes vont utiliser l'Irak comme un prétexte, ou l'Afghanistan», a déclaré M. Blair, s'exprimant dans une conférence de presse en compagnie du président afghan Hamid Karzai. «Bien sûr, a-t-il ajouté, le 11 septembre (les attentats aux Etats-Unis en 2001) a eu lieu avant ces deux choses, et le prétexte alors était la politique américaine, ou Israël», mais les terroristes auront «toujours leur raison d'agir», selon leur «logique tordue» ajoute le chef du gouvernement britannique. De fait, s'il y a prétexte, dans le cas de l'Irak, le lien existe donc bel et bien d'autant plus que le terrorisme était inconnu en Irak avant l'invasion américano-britannique du 20 mars 2003. Les autorités britanniques semblent ainsi privilégier une vision manichéenne des choses refusant de voir la réalité, comme elles l'ont fait durant des années lorsque Londres abritait les islamistes les plus radicaux qui y avaient trouvé refuge tout en étant libres de leurs mouvements. Le communiqué diffusé par les «Brigades Abou Hafs Al-Masri» au nom d'Al Qaîda, daté du 16 juillet 2005, une semaine après le carnage de Londres, annonçait que «ce message est le dernier que nous adressons aux Etats européens. Nous vous donnons un délai d'un mois pour faire sortir vos soldats de la terre de Mésopotamie (Irak)». Dès lors, à partir du 15 août, indique-t-il, «il n'y aura pas d'autres messages, mais des actes et des mots qui seront tracés au coeur de l'Europe», précise le texte signé par le groupe qui a revendiqué les attentats de Londres. Dans son avertissement à l'Europe, les «Brigades Abou Hafs Al-Masri», affirment et menacent: «Ce sera une guerre sanglante, au service de Dieu. C'est un message que nous adressons aux Croisés qui sont toujours présents en Irak: le Danemark, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, l'Italie et les autres pays dont les soldats continuent de sillonner le territoire irakien» soulignant «Ce sont nos derniers mots» car à l'expiration de l'ultimatum, «les moudjahidin, qui sont aux aguets, auront d'autres mots à dire dans vos capitales». Revenant sur les attentats de Londres, les auteurs du communiqué réitèrent «après les louables frappes ayant ébranlé Londres et d'autres villes des Croisés qui sont toujours présents en Irak, nous vous renouvelons l'ultimatum que nous vous avions fixé. Nous vous accordons tout un mois pour bien réfléchir sur votre politique à l'égard de l'islam et des musulmans». Après avoir énuméré d'autres menaces, le texte, très long, indique «Les attaques dirigées contre des villes européennes relèvent de la légitime défense et constituent une réponse à l'humiliation et à la honte dont souffre la nation islamique, du Golfe au Maghreb». Curieusement, quatre jours après les attentats de Londres, le quotidien espagnol El Mundo révélait le 11 juillet que les «Brigades Abou Hafs Al-Masri - Division Europe» avaient ordonné d'attaquer l'Europe dans un message diffusé le 29 mai sur l'Internet et que ce message, indique le journal espagnol, avait été remis par les services secrets d'Espagne à leurs homologues britanniques, après les attentats de Londres. Selon toute apparence, l'Espagne a mis sous le coude des informations importantes qui auraient pu, sans doute, faire éviter le drame qui a endeuillé Londres. Drame qui se poursuit en Irak où une vingtaine de personnes ont été tuées hier dans divers attentats dans des villes irakiennes semblant indiquer une nouvelle escalade de la violence dont le nombre de morts est évalué à près de 180 victimes des attentats perpétrés lors des quatre derniers jours. Par ailleurs, toujours hier, trois membres sunnites du comité de rédaction de la Constitution ont été assassinés à Baghdad a indiqué, dans un communiqué, le ministère irakien de l'Intérieur. Ces assassinats sont intervenus peu de temps après l'annonce par le président irakien, Jalal Talabani, que la nouvelle Constitution pourrait être présentée d'ici à la fin du mois de juillet. En effet, le comité parlementaire chargé de rédiger la nouvelle constitution, composé de 71 membres, dont 17 sunnites, - deux seulement parmi ces derniers sont des députés -travaille d'arrache-pied pour respecter les échéances fixées. Cette situation est inhérente au fait du boycott des législatives -qui eurent lieu en janvier dernier - par les sunnites avec comme conséquence une sous-représentation de leur communauté au Parlement. Selon la Constitution provisoire, la rédaction de la nouvelle Constitution de l'Irak doit être achevée d'ici au 15 août, et le texte doit ensuite être soumis à référendum avant le 15 octobre. Aussi, c'est à une course contre la montre que se livre le comité de rédaction qui a pris beaucoup de retard dans ses travaux du fait des difficultés à assurer une représentation adéquate des sunnites.