Après la signature de l'accord, il sera question de mettre l'industrie algérienne au diapason avec les ambitions économiques du pays. La cérémonie pour le paraphe de l'accord d'association entre l'Algérie et l'UE a eu lieu, hier, à Bruxelles, en présence du chef de l'Etat Abdelaziz Bouteflika en visite officielle en Belgique. Un événement dont l'importance est à la mesure de ses conséquences sur l'économie nationale que certains appréhendent et que d'au- tres, en revanche, saluent. «Notre destin est aussi européen», déclarait, en ce sens, Bouteflika en réponse à la déclaration de bienvenue du maire de Bruxelles, mardi, avant d'ajouter qu'il le «deviendra davantage avec la signature de l'accord d'association et avec la nouvelle relation que nous nous attelons à construire avec l'Otan». Un objectif qui dépasserait donc le simple fait de s'insérer dans l'économie mondiale, pour finalement, faire de cette «modernité», dont rêve le Président, une conséquence de l'ouverture de l'Algérie vers la Rive nord de la Méditerranée en parallèle à ses efforts tournés vers le Maghreb et l'Afrique. Le chef de l'Etat semble ainsi convaincu que l'aspect militaire et sécuritaire ne peut être exclu des accords multilatéraux entre pays appelés, souvent, à faire des efforts communs pour la stabilité d'une zone qu'ils veulent voir forte et efficiente. Par ailleurs, le fait d'inclure dans les négociations entre l'Algérie et l'UE le chapitre sur la lutte antiterroriste, titre ajouté par la partie algérienne, en matière de justice et d'affaires intérieures, témoigne de la volonté des pays européens de revoir leur politique sécuritaire vulnérable sur la Rive Sud notamment depuis l'avènement du terrorisme. Une aide plus conséquente en matière militaire aidera l'Algérie à se repositionner sur le plan régional, aussi bien au Maghreb que dans le monde arabe, surtout qu'Israël, tout petit pays qu'il est, n'a jamais cessé de mener une course effrénée à l'armement et a toujours bénéficié de l'aide des Américains mais également de celle de l'Otan. Outre ce fait, l'accord d'association qui sera signé, effectivement, d'ici à la fin du premier trimestre 2002 englobe des volets très importants d'ordre économique, financier, culturel, humain et social. Il s'inscrit dans la perspective d'un dialogue politique régulier et de la création d'une zone de libre-échange. L'espace européen étant déterminé à faire un bloc solide face à l'APEC et à l'ALENA. La zone de libre-échange entrera en vigueur d'une façon concrète d'ici, au plus tard, douze ans, ce qui laisse peu de temps à nos entreprises et à nos industries pour se préparer à faire face à une concurrence des plus rudes. Il s'agit plus particulièrement de l'industrie algérienne qui sera appelée à faire non seulement des efforts monumentaux pour rendre ses produits compétitifs, mais aussi à faire des sacrifices souvent douloureux afin de réduire les coûts ; la suppression des effectifs étant presque incontournable. Dans ce sens, il n'est pas impertinent de rappeler combien ces accords paraphés portent l'empreinte de la primauté commerciale en ce sens que les tarifs douaniers infligés aux produits de l'importation seront ramenés à leur seuil zéro. Le protectionnisme sera alors définitivement aboli. Concernant les échanges, il faut savoir que les hydrocarbures qu'exporte l'Algérie sont, en règle générale, régis par les lois du marché pétrolier et que le volet agricole bénéficie en Europe d'un protectionnisme avéré, il ne reste donc que la production industrielle. C'est cette dernière qui, au risque de disparaître, doit dorénavant adopter les normes internationales, acquérir les meilleures parts de marché et verser dans la qualité. C'est dire qu'il faut également songer au consommateur algérien qu'il faut réconcilier avec la production nationale en travaillant à regagner sa confiance. Il va falloir aussi se tourner vers le marché maghrébin. Un marché que l'Europe ne semble pas vouloir négliger et pour cause, l'Algérie, le Maroc et la Tunisie totaliseront ensemble pas moins de 94 millions d'habitants à l'horizon 2010. Un espace qu'il serait dommage de continuer à désigner comme étant un simple et vulgaire marché de consommation.