Cela pourrait aider le gouvernement «à préserver les réserves de changes» comme le lui a recommandé le président Bouteflika lors du Conseil des ministres qui s'est tenu à la mi-juin. Les cours de l'or noir ont signé leur cinquième hausse consécutive, portés par des indices de rééquilibrage du marché, comme le montre le net recul des stocks américains. Peut-on dire que l'Opep a atteint sa cible? S'il est prématuré de l'affirmer, il n'empêche que des signaux évidents permettent d'avancer que cela en prend le chemin. Le bras énergétique des pays consommateurs, qui est pourtant sans concessions vis-à-vis du Cartel, est affirmatif. «L'AIE a...fait part d'une baisse des stocks de l'Ocde (l'Organisation pour la coopération et le développement économique), ce qui permet d'avancer vers l'objectif de l'Opep de ramener le niveau de ses réserves près de leur moyenne sur cinq ans», a souligné Matt Smith de ClipperData. Et ce n'est pas tout. L'Agence internationale de l'énergie «a revu à la hausse ses prévisions de demande, et la bonne santé des consommateurs a été prouvée par les données venues de Chine, qui montrent un bond des importations de 17,9% par rapport à juin dernier à 8,79 millions de barils par jour» dans son dernier rapport mensuel, ont relevé les analystes de PVM.Chancelants il y a à peine quelques jours, les prix du pétrole viennent d'afficher une meilleure santé. Ce n'est pourtant pas une raison pour crier cocorico. Car ils sont loin d'avoir atteint le niveau escompté par les pays producteurs (Opep et non-Opep) dont les économies ont été sérieusement malmenées par leur dégringolade. A commencer par l'Algérie dont la trésorerie s'est notoirement détériorée par le tarissement des recettes pétrolières. Une situation à laquelle tente de remédier le gouvernement à travers certaines mesures dont celle de la facture des importations qu'il compte faire baisser de quelque 15 milliards de dollars d'ici la fin de 2017. Une addition salée qui est passée de 56 milliards de dollars en 2015 à 46,7 milliards de dollars en 2016 qu'il espère ramener autour des 30 milliards de dollars au terme de l'année en cours. Même si cet objectif demeure une de ses priorités, le niveau actuel des prix du pétrole ne peut être passé au second plan. La loi de finances ayant été confectionnée sur la base d'un baril à 50 dollars. Un palier au-dessous duquel il évolue actuellement. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a clôturé la semaine qui s'est achevée vendredi à 48,91 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Soit une hausse de 49 cents par rapport à la clôture de jeudi. Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI), référence américaine du brut, a clôturé à 46,54 dollars sur le contrat pour livraison en août au New York Mercantile Exchange (Nymex) enregistrant un bond de 46 cents par rapport à la séance précédente. Il a connu une progression de 5% sur la semaine. Est-ce la fin de la série noire? Ecoutons l'avis des experts. «La rengaine qui a dominé le marché ces dernières semaines commence à changer», a estimé Phil Flynn de Prices Futures Group. «D'une attitude très négative en raison notamment de la hausse de la production aux Etats-Unis, le marché commence à reconnaître les signes d'un rééquilibrage», a-t-il expliqué. «Il devient par exemple de plus en plus difficile d'ignorer la chute des réserves de brut aux Etats-Unis», a indiqué le spécialiste. Les stocks US ont reculé de près de 14 millions de barils en deux semaines. «Et l'argument selon lequel les producteurs de pétrole de schiste vont compenser (la baisse de) ces stocks ne tient pas si on estime que l'exploitation de ce pétrole n'est pas rentable avec un baril sous les 50 dollars», a poursuivi Phil Flynn. Ce qui rentre exactement dans les projections faites par l'Opep et ses 11 alliés dont la Russie qui ont décidé de baisser leur production de 1,8 million de barils par jour suite à l'accord conclu le 10 décembre 2016 à Vienne en Autriche. L'espoir de voir rebondir les prix en 2017 renaît. Ce qui devrait rendre réalisable l'objectif fixé par le président de la République au gouvernement. Abdelaziz Bouteflika a exclu «le recours à l'endettement extérieur» et a recommandé à l'Exécutif «de préserver les réserves de changes du pays» lors du dernier Conseil des ministres qui s'est tenu en juin. Le baril qui a aligné cinq hausses de suite pourrait bien lui faciliter la tâche. A condition qu'il maintienne la cadence.