Il a joué dans une cinquantaine de films, pourtant il garde toujours la modestie du débutant. «Contrairement à nous qui sommes classés en France dans la peau de l'Arabe de service, les comédiens maghrébins connaissent aujourd'hui une certaine évolution». Il campe le premier rôle dans le dernier film d'Ali Ghanem, actuellement en cours de tournage, Chacun sa vie, celui de Rachid, un maghrébin de soixante-cinq ans vivant en France avec sa petite famille. Bientôt la retraite, le vieux rêve d'aller revoir son pays natal. Si jusque-là tout se passe bien, dans le meilleur des mondes, le désir du père de rentrer en Algérie va tout faire basculer. La famille refuse de le suivre... Avec plus de 40 ans de métier au compteur, Hmed Taybi campe pour la première fois son rôle au cinéma. Entretien express avec un comédien modeste et peu prolixe... L'Expression: Pourriez-vous nous parler de votre parcours cinématographique? Hmed Taybi: J'ai commencé ma carrière cinématographique à Paris, en 1966. J'ai joué dans pas mal de films français et marocains, notamment. J'ai interprété le deuxième rôle dans le film Mektoub, d'Ali Ghanem et le premier rôle dans Chacun sa vie. J'ai travaillé dans plusieurs films français. J'ai tourné avec des réalisateurs marocains dont Abdou Achouba et Mahnouni. En tout, j'ai joué dans une cinquantaine de films. C'est Ali Ghanem qui m'a donné cette chance de camper le premier rôle. Quel regard portez-vous sur le personnage que vous interprétez? Quand je me mets dans la peau du personnage, je n'ai pas besoin de jouer parce que c'est la réalité qui a droit de cité. Moi aussi, j'ai des enfants qui ne veulent pas retourner chez eux, c'est-à-dire dans leur pays d'origine. J'ai aucun mal à jouer ce personnage car c'est la vie. C'est ma vie. Y a-t-il quelques différences entre tourner dans un film marocain et un film algérien? Non, c'est presque pareil étant donné que dans les films où j'ai tourné, cela se passait en Espagne et en France. Ce sont toujours des films en coproduction soit franco-marocaine ou franco-algérienne. Tout de même, votre famille n'a pas refusé de vous suivre en Algérie, à l'instar du personnage que vous campez. (Sourire). Non, pour l'instant, elle n'a pas refusé de me suivre mais je ne sais pas ce qui va se passer dans quelques années... Cela fait 40 ans que je suis parti en France. J'ai appris le cinéma sur le tas. J'ai fait également beaucoup de théâtre dans la région parisienne, dans des maisons de jeunes et de la culture, dans les banlieues. Quelle appréciation faites-vous de l'évolution du cinéma avec nos acteurs à l'étranger? Les jeunes comédiens d'aujourd'hui ne veulent plus accepter de se cantonner aux rôles de l'Arabe de service. Ils commencent à avoir des rôles plus ou moins importants et à s'intégrer plus facilement dans le circuit, contrairement à nous qui sommes déjà classés. Quand on a besoin d'un Arabe, on sait où le trouver. Vous avez commencé tôt à jouer dans des films...? Pas spécialement, j'ai 72 ans. J'ai débuté à l'âge de 23 ans. Mon premier rôle, c'était de la figuration dans le film de Claude Lelouch, Un homme et une femme. En 1956, j'ai joué aux côtés de Hamidou, le Marocain, Boussoufi... Je me rappelle de Hamidou, car c'est lui qui m'a embauché à l'époque.