Ni bousculades habituelles de cameramen et photographes ni ruche de journalistes. Une pénurie de communication et indigence de nouvelles au ministère des Affaires étrangères. Aucune information n'a filtré hier, de la cellule de crise installée pour suivre l'affaire des deux diplomates algériens enlevés jeudi à Bagdad. Tout semble aller normalement à l'entrée du ministère des AE. Ni bousculades habituelles de cameramen et photographes ni ruche de journalistes. La discussion entre les agents de sécurité évoquant le souvenir de Ali Belaroussi et de son ami Azzedine Belkadi devient une information. Ni salle de presse, ni un quelconque bureau n'a été improvisé pour la circonstance. Deux journalistes attendent pendant presque une heure et leur nervosité trouble la quiétude apparente du ministère. Personne ne réagit, aucune nouvelle, les deux reporters rentrent déçus à leurs rédactions. Les médias n'ont pas renforcé hier leurs équipes au ministère des Affaires étrangères. L'actualité des attentats terroristes à Londres et en Egypte qui a coïncidé avec l'enlèvement des deux diplomates algériens a fait taire la chasse à l'information. «Le ministère algérien des Affaires étrangères ne dispose d'aucune nouvelle de ses deux diplomates enlevés», serait-on tenté de dire si ce n'est la clarification du chef du gouvernement vendredi, qui s'exprimait sur cette affaire à la clôture des travaux de la cinquième session du RND. Ahmed Ouyahia a appelé «toutes les forces à s'unir autour de l'Etat algérien» car «les vies de deux compatriotes sont en danger». Il a cependant ajouté que «le bon sens et la raison recommandent de se passer de commentaires et de ne pas surenchérir mais de laisser se faire le travail qui doit se faire». Prenant à la lettre les recommandations, les responsables de la communication affichent un silence radio. «De quelle cellule de crise vous parlez, il n' y a pas de crise!», s'étonne le préposé à la réception du ministère des Affaires étrangères devant un journaliste qui voulait s'informer.«Nous n'avons pas d'informations, c'est la cellule de crise qui s'en charge», répond la responsable de communication du département de M.Bedjaoui. Preuve du verrouillage de la communication, le responsable chargé de la cellule de crise est injoignable et aucun autre responsable travaillant au ministère ne peut expliquer, même d'une manière générale, où en est la situation et comment elle a évolué. Il s'agit «d'éviter des associations d'idées malencontreuses», selon un fonctionnaire au ministère parlant sous le sceau de l'anonymat. Face à ce «déficit» c'est le groupe du chef d'Al-Qaîda en Irak, Abou Moussab Zarqaoui qui prend les devants de la surenchère. Il a revendiqué hier, sur Internet l'enlèvement jeudi à Bagdad du chargé d'affaires d'Algérie, Ali Belaroussi. Curieusement, le message n'a pas fait mention de l'autre diplomate algérien, Azzedine Belkadi, qui pourtant était avec son compagnon au moment de l'enlèvement.