L'or noir a clôturé, à Londres, la semaine qui s'est achevée le 5 janvier, nettement au-dessus des 67 dollars. Le baril a le vent en poupe. Même s'il a accusé un léger repli. D'ordre technique vraisemblablement: des prises de bénéfices. Il «semble tout simplement prendre un peu de recul avec des investisseurs engrangeant une partie de leurs bénéfices», a confirmé Gene McGillian de Tradition Energy. Le baril de «light sweet crude» pour livraison en février, référence américaine du brut a lâché 57 cents, vendredi dernier, pour finir à 61,44 dollars sur le New York Mercantile Exchange. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars a clôturé, de son côté, à 67, 72 dollars sur l'Intercontinental Exchange de Londres, accusant une légère baisse de 35 cents par rapport à la clôture de jeudi. Les cours de l'or noir avaient grimpé, ce jour-là, à leur plus haut niveau en séance depuis mi-2015 et en clôture depuis décembre 2014. 62,21 dollars pour le pétrole newyorkais et 68,27 pour le Brent. Ce n'est apparemment que partie remise. La barre des 70 dollars est à sa portée. Sera-t-elle franchie prochainement? Ce n'est pas exclu. Le marché croule sous des informations qui ne peuvent que l'inciter à cracher le feu. Le volcan est longtemps resté endormi. Tout s'y prête pour qu'il entre en action. Pas de manière spectaculaire probablement, mais suffisamment pour que les pays producteurs voient leurs efforts récompensés. L'Opep et ses 11 alliés dont la Russie non-Opep, ont décidé de reconduire leur accord portant sur la baisse de leur production de 1,8 million de barils par jour jusqu'à la fin de l'année pour rééquilibrer le marché et faire rebondir les prix. Une initiative sur laquelle n'ont parié que peu de spécialistes. «De nombreuses personnes ont dit que l'accord de réduction de la production de brut par l'Opep n'aurait pas d'impact sur le marché cette année, que la production de schiste (aux Etats-Unis) remplacerait ces coupes, que l'Opep tricherait, ou que la demande serait terne. Or, tout cela s'est révélé faux», a noté Phil Flynn de Price Futures Group. Les prix ont malgré tout fini l'année au-dessus des 60 dollars. Et ce n'est théoriquement pas terminé. La conjoncture géopolitique, la baisse des réserves américaines, les conditions climatiques hivernales qui s'annoncent assez rudes, une vague de froid s'est abattue sur le nord-est des Etats-Unis, devraient contribuer à maintenir les cours de l'or noir sur une trajectoire ascendante. «La semaine a été riche en informations pour le marché du pétrole, entre l'importante baisse des réserves de brut aux Etats-Unis (elles ont reculé de7, 4 millions de barils sur une semaine, Ndlr), les inquiétudes sur les tensions en Iran et ses possibles conséquences sur la production dans ce pays, et la poursuite du rééquilibrage entre l'offre et la demande», a rappelé l'analyste de Price Futures Group, Phil Flynn. «Le marché a été dopé récemment par des perturbations de la production, un risque géopolitique plus élevé, une croissance économique robuste et, plus récemment, par une vague de froid sur l'hémisphère Nord», ont résumé de leur côté les analystes de Barclays. Le marché reste cependant focalisé sur la production mondiale. Il y a d'un côté l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires, qui ont réduit leur offre de près de 2 millions de barils par jour et de l'autre les producteurs privés américains de pétrole de schiste, qui profitent du rebond des cours pour relancer leur activité. Un bras de fer qui s'est imposé depuis la dégringolade des prix qui s'est dessinée à la mi-juin 2014. Il a tourné à l'avantage des «24», particulièrement en ce début d'année. Les 13 pays Opep et leurs 11 alliés hors-organisation ne resteront certainement pas les bras croisés si les Américains persistaient à leur mettre les bâtons dans les roues.