Avant d'être premier magistrat de la commune d'Oran, Sadek Benkada est sociologue et historien, auteur d'une thèse sur l'histoire d'Oran pendant la période française. Dans l'entretien qui suit, accordé exclusivement à L'Expression, il livre sa vision et ses aspirations et celles de l'APC qu'il gère quant à la construction d'une ville méditerranéenne à la fois historique et futuriste. L'Expression: Quel bilan faites-vous après une année passée à la tête de la commune d'Oran? Sadek Benkada: D'abord, il n y a pas une année, nous sommes à neuf mois d'investiture. Nous allons boucler une année de mandature le 10 décembre prochain. Je considère, en toute modestie, que c'est un bilan positif dans la mesure où une année ne suffit pas pour entamer les grands projets. C'est une année de mise à niveau, de compréhension de la situation et de prise en charge du passif. Quels sont les grands chantiers qui nécessitent d'être lancés ou relancés en urgence? En réalité, les grands chantiers sont initiés par la wilaya. A notre niveau, nous avons les aspects concernant la maintenance et la mise en oeuvre de la politique globale de la wilaya. Il y a les problèmes de l'éclairage, ceux de l'hygiène, de la voirie et des lotissements. Nous sommes en voie de les régler. El Bahia souffre de son environnement, que préconisez-vous comme moyens d'intervention pour atténuer la pollution que connaît la ville? C'est commun à toutes les villes du monde. L'environnement joue un très grand rôle. C'est tout à fait normal. Une ville, est, elle-même, un organisme vivant, elle vit de son environnement. Mais, il y a les paramètres de gestion de l'environnement urbain qui sont un peu spéciaux. Nous avons une pollution moindre. Oran n'est pas une ville polluée. Ce qui est à son avantage. Les paramètres d'appréciation sont d'ordre démographique, économique, industriel, il y a le flux de transport, il y a la voirie. Tous ces éléments contribuent à faire de l'environnement d'Oran ce qu'il est actuellement. La problématique est multiple et multiforme. Mais le point central de cette dernière, voire l'interface, est de donner à la population d'Oran un cadre de vie agréable. Selon une étude confirmée par les pouvoirs publics, 12% de la population de la wilaya est asthmatique et le problème est lié à l'environnement. La wilaya d'Oran ne veut pas dire la ville d'Oran. Il y a des poches où il y a des foyers de maladies tel que l'asthme, mais pour la ville d'Oran, il y a quelques maladies mais qui ne sont pas endémiques, d'ailleurs comme dans toutes les autres villes. En dépit des efforts consentis, Oran n'arrive pas à retrouver sa vocation de ville méditerranéenne? Oran a, depuis sa fondation il y a 11 siècles, toujours été une ville méditerranéenne. La Méditerranée ne s'est jamais déplacée. Maintenant, pour ce qui est de la grande métropole touristique et régionale, c'est vrai! Oran est en passe, vous êtes mieux placé que moi, de devenir la deuxième capitale en matière du tourisme d'affaires, grâce au parc hôtelier qu'elle recèle. Il y a beaucoup de choses qui sont en train de se faire. Et l'événement le plus attendu dans l'immédiat, est la réunion des pays de l'Opep qui se tiendra en décembre de cette année. Un événement très important qui nous donnera du punch. Aussi, il y a un grand événement planétaire, si j'ose dire ainsi, que nous n'avons pas vécu depuis 1903: la ville d'Oran abritera le Congrès international du GNL 16 qui se tiendra en 2010. Et là, nous sommes en train de préparer beaucoup de choses. Les Oranais se plaignent du manque de logements et de l'état des routes... Comme toutes les villes et zones urbaines et rurales du pays, Oran souffre d'un déficit en matière de logement. Il y a une pression démographique urbaine à tel point qu'on arrive difficilement à obtenir des résultats. Mais grâce au programme présidentiel du million de logements, nous avons logé un nombre important de familles. Dans ce programme, la commune d'Oran a acquis la part du lion de ce parc de logements nouveau qui nous a permis de reloger, de loger plusieurs familles que nous avons évacuées du vieux bâti et des zones précaires des Planteurs et de Ras El Aïn. Pour les routes, nous reconnaissons ce déficit que nous assumons. Nous sommes en train de faire, en quelque sorte, le bitumage et la réfection de la voirie. Il y a un programme qui passe en priorité. D'abord, il y a les grandes voies de circulation qui accueillent beaucoup de voitures. Donc, cela va faciliter le flux de la circulation des véhicules. Ensuite, viennent les routes secondaires. Et là, nous avons privilégié les rues des quartiers qui sont en pente, nécessitant des avaloirs pour canaliser les eaux pluviales et éviter les inondations. La ville connaît une extension vers l'est tandis que pour l'ouest, Sidi El Houari, que préconise l'APC d'Oran pour sauvegarder le Vieil Oran? Beaucoup de choses. Nous avons commencé par des plans de sauvegarde du vieux bâti historique, pas le vieux bâti résidentiel. Nous allons installer, incessamment, une commission spéciale qui aura pour mission la sauvegarde des monuments des centres urbains. Ajoutons à cela la coopération internationale, notamment, espagnole et française en plus de l'aide importante du ministère de la Culture et celle des agences de sauvegarde des monuments historiques. Une partie des sites historiques et vestiges archéologiques est soutenue financièrement par le ministère de la Culture. Il y a des monuments qui sont en voie de classement aux niveaux communal, wilayal, national et international. D'ailleurs, sous la houlette du ministère de la Culture et en collaboration avec l'Agence espagnole de sauvegarde des sites historiques, un colloque international est prévu, lequel aura pour thème «la réhabilitation de la ville». Quelles sont les visions futuristes pour la ville d'Oran? Il y a beaucoup d'ambitions. Nous recevons chaque jour des projets de construction, soit d'équipements publics soit de logements de haut standing. C'est prometteur. Ce sont des facteurs qui feront de la ville d'Oran une grande métropole méditerranéenne. Un dernier mot peut-être? Je remercie votre honorable journal qui a opté pour le travail de proximité et qui est allé chercher l'information, de manière professionnelle, à la source auprès du maire d'Oran.