A défaut de réglementation, des sommes d'argent astronomiques échappent complètement au contrôle de l'Etat et du fisc. Surestimation, surévaluation, sous-estimation des biens immobiliers, absence de relations contractuelles avec le client, appât du gain facile, complicité collective, flambée des prix, désorganisation totale, spéculation, fraude fiscale, blanchiment d'argent, tout y est. Voilà quelques-uns des griefs portés contre une bonne partie des 3200 agences immobilières Le secteur de l'immobilier est en pleine anarchie. Un climat dû aussi au vide juridique et surtout à l'absence de conscience professionnelle. Acheter, louer ou vendre un logement est devenu une vraie corvée. En effet, les problèmes liés aux contrats de bail sont de plus nombreux et complexes. Pour éluder ces obstacles, grand nombre préfèrent passer par les agences immobilières dans l'espoir de leur faciliter la tâche à l'encontre du courtier, ou «smasri», et agent immobilier. Mal leur en prit parfois. Car, généralement, le «smasri» ne s'occupe que de sa commission et n'accorde aucune importance quant au logement proposé. Un comportement que dénonçait Abdelkrim Aouidat, vice-président de l'Union nationale des agences immobilières (Unai), également gérant de l'agence immobilière Transiko à Kouba, qui ont, dit-il, porté de sales coups à la profession. Notre interlocuteur nous révèle qu'il n'existe pas de barème zonal en Algérie et que les prix sont fixés par les «trabendistes» du milieu de l'immobilier. Cependant, ce responsable de l'Unai ne désespère pas de voir un jour cette profession réglementée pour éviter le désordre et l'anarchie. D'après lui, le métier d'agent immobilier ne s'improvise pas, il exige une aptitude professionnelle continuelle. Pour M.Djebbar, président de l'Unai, «il suffit d'avoir un registre du commerce pour ouvrir une agence», s'indigne-t-il tout en relevant que l'anarchie qui prévaut dans la profession n'est pas seulement due au vide juridique criant, mais également à l'absence de conscience professionnelle chez certains propriétaires d'agence. En outre, certains notaires sont également pointés du doigt en raison de leur complicité dans plusieurs affaires relatives au trafic de l'immobilier. A en croire certains agents, ces notaires acceptent, en percevant un pot-de-vin, de délivrer des actes de vente sans pour autant que le client présente un acte de propriété. Ce qui est sévèrement sanctionné par la loi. Il convient de rappeler dans cette optique que plusieurs citoyens ont été floués en achetant des appartements en «pas-de-porte». «Cette pratique est interdite et je lance un appel à l'ensemble des adhérents de notre fédération pour éviter ce genre de procédures», a insisté M.Abdelhakim Aouidat. L'autre pratique consiste à ne pas déclarer le réel bail de location afin de payer une faible taxe. De ce fait, ce sont plus de 50% de pertes pour le Trésor public. Il est à souligner dans ce sens que si les agences immobilières étaient régies par des textes de loi, la crise du logement serait moins aiguë qu'elle ne l'est actuellement. Par ailleurs, au sujet de la constante augmentation des tarifs de location et de la vente des logements, les spécialistes ont souligné que cette situation est due à l'inflation réelle sur le marché. Mais aussi au fait de cibler la clientèle étrangère. Les professionnels de l'immobilier sont unanimes: la flambée des prix de location de l'immobilier est due aux étrangers qui n'hésitent pas à payer le prix fort, notamment dans les quartiers huppés de la capitale pour installer leur «business» et leurs affaires. Quand on sait que 70% des transactions immobilières sont effectuées au sein des agences immobilières, l'on devine aisément où résident les intérêts des uns et des autres et pourquoi près de la moitié des agences immobilières sont implantées dans l'Algérois. Une aubaine que certaines agences n'ont pas hésité à mettre à profit. En effet, certaines agences affichent ouvertement leurs préférences pour les étrangers dans leurs placards publicitaires et parfois n'hésitent pas à exiger le payement en devises fortes. Ce qui est réprimandé par la loi. A défaut de réglementation, des sommes d'argent astronomiques échappent complètement au contrôle de l'Etat et du fisc.