Un fonds spécial Hauts-Plateaux devant accompagner ce projet sera dégagé par l'Etat. «Une large partie des investissements nationaux sera désormais transférée vers la wilaya de Sétif» a déclaré, lundi, M.Haïb Yousfi, président de la Confédération générale des entreprises algériennes (Cgea). Avec un tel transfert des investissements, la capitale des Hauts-Plateaux constituera un futur pôle économique, a souligné M.Yousfi, en marge des travaux de la journée sur la réalisation d'un million de logements, tenue à Sétif. Evoquant une récente rencontre avec le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, le président de la Cgea a précisé que «le gouvernement ne manquera pas d'apporter totalement son soutien en matière de foncier industriel et de crédit à moyen et à long terme à des taux d'intérêts bonifiés». Sur ce point, la loi de finances complémentaire ( LFC 2005) n'a pas manqué de statuer en la matière. Pour stimuler et encourager l'investissement en dehors des grandes agglomérations, il a été décidé dans la LFC 2005 d'accorder des taux d'intérêts bonifiés aux investisseurs. «Cet avantage sera surtout destiné aux investissements qui se feront en dehors des grandes agglomérations, notamment au niveau des Hauts-Plateaux et au sud du pays» a rappelé récemment Mourad Medelci, ministre des Finances, lors d'une conférence de presse. D'ailleurs, le programme quinquennal du président de la République est déglobalisé en ce sens qu'il intègre la procédure d'équilibre régional et les efforts spécifiques envers certaines régions du pays qui, pour des arisons historiques ou autres, ont accumulé des retards socio-économiques. Dans ce cas précis, Nordine Yazid Zerhouni, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, avait cité lors de son passage devant l'APN en juin 2004, la Kabylie, les régions des Hauts-Plateaux et les régions du sud tout en soulignant la nécessité de la mise en oeuvre du fonds d'indemnisation régionale pour les Hauts-Plateaux. Pour rappel, le fonds d'indemnisation a été créé en 1996 comme une aide de l'Etat destinée aux régions sous-développées et qui rencontraient des difficultés, notamment les régions des Aurès, Djelfa et le Sud. Ainsi, le choix de Sétif comme futur pôle économique n'est pas fortuit. En effet, Cité au passé prestigieux, elle dispose aujourd'hui d'atouts nécessaires pour devenir l'une des agglomérations les plus importantes du pays. Géographiquement, sa circonscription administrative se situe entre deux grandes zones, le littoral au Nord et l'intérieur du pays au Sud. Ce qui lui confère le statut de courroie de transmission entre les quatre coins du pays par sa position géographique. Par sa position et ses infrastructures routières et ferroviaires, Sétif est directement reliée aussi bien à Béjaïa et son port, qu'à Alger et Annaba par voies routières. L'autre singularité de Sétif réside dans sa zone industrielle qui est devenue, au fil des plans de développement passés, l'un des pôles économiques les plus dynamiques de l'Algérie, dans des domaines aussi divers que la pétrochimie, l'électronique et l'agroalimentaire. Avec les réformes et les privatisations en cours, elle est désormais majoritairement occupée par le secteur privé. Hormis la transformation du caoutchouc, demeurée sous la coupe d'une filiale du groupe pétrolier Sonatrach, toutes les unités industrielles ont été cédées à des opérateurs privés. Cependant, le secteur le plus en vue demeure le bâtiment et les matériaux de construction. C'est ainsi que les entreprises sétifiennes sont sans doute les seules en Algérie à être capables de réaliser, sans apport externe, le programme régional de réalisation des logements et des infrastructures inscrites dans le plan quinquennal de consolidation de la croissance (PCC, doté d'une enveloppe de 55 milliards de dollars). A titre d'exemple: les capacités de production de ciment sont de l'ordre de 9000 tonnes par mois. Le PCC prévoit la réalisation de 25.000 logements à Sétif sur la période 2005-2009. La production locale dispose donc d'une marge non négligeable pour satisfaire la réalisation du programme en cours. En outre, depuis 2002, Sétif s'est dotée d'une nouvelle aérogare internationale. Toutefois, et en raison d'infrastructures insuffisantes, ses nombreux atouts touristiques (ruines romaines, sources thermales et thalassothérapie) sont sous-exploités. De ce fait c'est le dynamisme de son secteur privé qui a poussé les pouvoirs publics à faire de Sétif le futur pôle économique de l'Algérie. Dans le but de développer les Hauts-Plateaux et absorber les faramineuses lignes de crédit destinées à décongestionner, d'un point de vue démographique, les grands centres urbains que sont Alger, Oran, Constantine ou Annaba, la capitale des Hauts-Plateaux répond ainsi aux souhaits des pouvoirs publics. Et dans quelques années, Sétif sera, elle aussi, une agglomération de plus d'un million d'habitants. Décidément Sétif n'aura pas fini d'étonner.