L'augmentation des salaires dans le secteur privé relève des conventions collectives tandis que le Snmg ressort de l´initiative de l'Etat. Le secteur privé ne voit pas d'inconvénient pour rallier la Fonction publique sur la question d'augmenter la fourchette salariale. C'est ce qu'a mis en évidence Habib Yousfi, président de la Confédération générale des entrepreneurs algériens (Cgea), invité au forum A coeur ouvert avec l'Expression. Les discussions entre les différentes parties concernées par l'augmentation des salariés privés sont au stade très avancé pour aboutir, bientôt, à une hausse, pour Habib Yousfi, presque acquise. Selon lui, il est certainement demandé d'appeler un chat un chat. Car, de toute évidence, l'augmentation des salaires n'est jamais similaire à une révision à la hausse du Snmg (Salaire national minimum garanti). «La problématique de l'augmentation des salaires relève des conventions collectives signées et d'autres en instance. Mais, si cette hausse touche le Snmg, cela doit être discuté dans le cadre de la tripartite», précise le président de la Cgea qui, fait-il savoir, préfère toujours faire la part des choses afin de mieux expliquer l'aspect économique de la question. La prise en charge «directe» de cette problématique dans le secteur de la Fonction publique ne peut pas demeurer sans conséquence sur le secteur privé, explique à nouveau Habib Yousfi. Cela a débouché sur une concertation interpatronale qui, de son côté, a abouti à une bipartite Patronat/Ugta. «L'augmentation des salaires des travailleurs du privé obéit à la politique des conventions de branche». En termes clairs, cette hausse réclamée à cor et à cri ne sera pas la même pour chaque secteur d'activité, mais doit être conforme aux capacités de production et au niveau d'essor de chaque secteur. Cela, de l'avis de Habib Yousfi, est indispensable afin de ne pas mettre désormais l'entreprise en état de difficulté financière. Les conventions de branche qui ont été d'ores et déjà paraphées par les organisations patronales et l'Ugta ont abouti à une nouvelle fourchette salariale au profit de certains secteurs. Demeurent les pourparlers ouverts pour les autres branches d'activité. Quant à l'autre réclamation de la centrale syndicale d'aller vers une révision à la hausse du Snmg, notre invité renvoie cette question aux débats de la tripartite. C'est-à-dire, «cette question relève tout d'abord de la décision de l'Etat», a-t-il mis au clair. Et d'ajouter que selon toute vraisemblance «le débat devra prendre en compte plusieurs paramètres» à savoir, à titre indicatif, «l'inflation, la productivité et la croissance de l'entreprise». Quoi qu'il en soit, indique Habib Yousfi, le patronat est favorable à cette hausse, mais «l'Etat doit faire l'arbitrage pour mieux équilibrer la barre». En tout cas, notre invité laisse le soin aux groupes de travail de décider la nouvelle fourchette salariale dans le cadre des différentes conventions de branche. Celles-ci, à en croire le patron de la Cgea, seront accélérées en juillet afin d'aller rapidement vers la concrétisation souhaitée. Tandis que l'augmentation du Snmg est du ressort de l'Etat qui est appelé, de même, à imposer son arbitrage sur la suite que prendra le débat de la tripartite. Un avis propre à Habib Yousfi expliqué lors de son passage dans notre nouvelle édition de A coeur ouvert avec l'Expression. Le président de la Cgea est conforté dans son opinion par une récente déclaration du ministre des Finances, Mourad Medelci. Ce dernier a laissé entendre que la révision à la hausse du salaire minimum garanti relève de l'initiative de l'Etat car il est «important de veiller à l'équilibre financier du Trésor public», appelé, si le débat sur le Snmg est ouvert, à sacrifier une nouvelle cagnotte au profit des salariés. Même si, pour la Cgea, le principe d'une augmentation a été accepté par les trois parties négociatrices, demeurent les négociations non closes sur les suggestions du patronat. L'invité de L'Expression explique qu'il y a eu déjà deux décisions principales, partant du principe de soutenir l'entreprise pour mieux répondre aux nouvelles donnes. Il s'agit primo de réviser à la baisse les charges fiscales de l'entreprise, ce qui conduira, selon Habib Yousfi, à une plus large plate-forme de recrutement, mais aussi une revalorisation salariale évidente. Secundo, il est également important de réduire l'imposition sur le bénéfice ainsi que la TVA pour permettre à l'entreprise de mieux respirer. En un mot, le président de la Confédération générale des entrepreneurs algériens insiste sur le fait que toute revalorisation salariale obéit à des paramètres bien précis. «Il faut y aller prudemment, car, selon certains experts, il y a bel et bien crainte d'inflation», a-t-il soutenu, soulignant que les réserves de change ne sont pas une référence qui pourrait nous éviter une possible inflation (phénomène économique qui se traduit par une hausse des prix généralisée, due à un déséquilibre entre l'offre et la demande globale des biens et des services disponibles sur le marché).