La colère des blouses blanches Les actions menées par les médecins résidents se sont durcies au fil des semaines, faisant de leur mobilisation un mouvement de grande envergure. Le secteur de la santé aura été marqué ces derniers mois comme jamais auparavant, par un mouvement de protestation bien corsé. La colère des blouses blanches ne pouvant plus être contenue, a fini par tonner. La contestation des médecins résidents qui dure depuis près de trois mois illustre clairement cet état de fait. Les actions menées par ces derniers, se sont durcies au fil des semaines, faisant de leur mobilisation, un mouvement de grande envergure. En sachant que l'ampleur de ce dernier est amenée à grandir. Pour retracer le cheminement de ce mouvement qui, à ses débuts, semblait peu signifiant, il faut remonter au mois de novembre dernier. Par ailleurs, il faut savoir que l'organisation de débrayages un peu partout au niveau national avait commencé bien avant, pour différentes raisons au sein des hôpitaux du pays. Après une légère accalmie, les médecins résidents ont pris la décision de renouer avec la protesta. Le porte-voix de ces derniers, qui n'est autre que le Collectif du Camra, avait appelé à l'entame d'une grève cyclique de deux jours les 14 et 15 novembre 2017. Celle-ci a été suivie en masse, dans les EPH et autres établissements de santé. Les médecins résidents ont afflué par dizaines des quatre coins du pays, avec comme principaux mots d'ordre: la révision du service civil dans sa forme actuelle, la révision du statut général du résident ainsi que l'amélioration des conditions de travail. Par cette action, les résidents tentaient d'attirer l'attention du gouvernement sur une situation qui selon eux, ne pouvait durer plus que ça. Mettant en évidence les lacunes qui touchent leur environnement de travail, ils ont appelé à plus de considération. Et ce en commençant par déterminer et de définir le statut du résident. Une revendication légitime lorsqu'on sait qu'effectivement, il est difficile de savoir où se situe le résident; il n'est considéré ni comme étant un étudiant ni comme un médecin professionnel. Pour ce qui est du service civil, l'autre point crucial de l'ensemble des doléances, ils exigent la suppression de son caractère obligatoire. Aussi, ils ont insisté sur l'échec avéré de sa forme actuelle. Face à ces préoccupations, la tutelle, après avoir constaté la teneur des actions enregistrées, a fini par sortir de son silence et ouvrir la voie du dialogue. Mais suite à une entrevue, rien n'a été concrètement réglé. A partir de là, les protestataires décident de durcir leur contestation en passant dans le cadre de leur grève cyclique, de deux à trois jours. La tutelle ne daignant toujours pas prendre en charge de façon effective les sollicitations des résidents, les a incités davantage à être plus offensifs. En effet, après avoir brandi la menace d'une grève illimitée, ils n'ont pas tardé à mettre leur menace à exécution. Les proportions de ce mouvement ont été d'autant plus sérieuses, au début du mois en cours, lorsqu'une marche pacifique initiée par le Camra fut violemment réprimée. Se terminant par le passage à tabac de dizaines de manifestants par la police antiémeute. Ces scènes de violence ont tout de suite éveillé une solidarité sans précédent entre les praticiens de la santé, sans parler de l'indignation d'une frange de la population. Des suites de ce comportement inimaginable, le gouvernement a tenté de se justifier et de se rattraper. En parallèle, les résidents pour manifester leur colère, ont appelé au boycott des examens du diplôme d'études médicales spécialisées (Dems). Une première dans l'histoire des grèves qui ont ponctué ce secteur. Le département de la santé a ainsi organisé l'entrevue qui devait en principe représenter le dénouement de cette affaire. Alors que tous pensaient que les dernières décisions de la tutelle allaient mettre fin à la grève illimitée, il s'est avéré que les contestataires sont allés à contre-courant et se sont montrés résolus à poursuivre le boycott ainsi que le débrayage. Les raisons: en dépit de la prise en charge de certaines revendications, d'autres demeurent en suspens, à savoir celles ayant trait au service civil et sur lequel la tutelle reste vague, mais aussi la question du service militaire et qui relève des compétences du ministère de la Défense. Il est par ailleurs utile de souligner que le projet de la loi sanitaire qui est toujours au niveau de l'APN tarde à être adopté. On peut par ailleurs supposer que le mouvement de protestation des médecins résidents constitue l'une des raisons de cette temporisation. En effet, ce n'est pas fortuitement que ces derniers ont précisément choisi cette période afin de faire pression sur le gouvernement et le faire céder sur le service civil notamment qui est inclus dans ce fameux projet. Par ailleurs, au train où vont les choses, et de l'ampleur de la contestation qui s'intensifie de jour en jour, il n'est pas exclu de penser que le gouvernement apporte un changement effectif sur la question.