Les médecins résidents ont décidé de maintenir leur grève Le comité intersectoriel qui sera installé ne résoudra pas la crise. Les médecins résidents qui poursuivent leur mouvement de protestation depuis plus de deux mois, semblent décidés à maintenir la pression sur les pouvoirs publics jusqu'à la satisfaction totale de leurs revendications. Cependant, cette situation risque d'aller vers le pourrissement sans voir de dénouement. En effet, la rencontre, samedi dernier, entre le ministre de tutelle, le professeur Hazbellaoui et le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) a permis la prise en charge de quelques points de la plate-forme de revendications, mais en l'absence d'un consensus sur la question du service civil, les médecins résidents ont décidé de maintenir leur grève. En fait, la question du service civil, comme l'a expliqué le ministre de la Santé, ne relève pas des prérogatives de la tutelle. Elle ne pourra être prise en charge qu'au sein d'une commission intersectorielle regroupant les représentants du ministère de la Défense, ceux de l'Intérieur, de l'Enseignement supérieur, de la Santé et bien évidemment les représentants des médecins résidents. Cette commission devra discuter et débattre afin de trouver la solution idoine donnant satisfaction à toutes les parties et ne lésant pas également, sur le plan de la prise en charge médicale, les habitants des régions isolées. Mais jusque-là aucune proposition dans ce sens n'a été avancée hormis la déclaration faite, la semaine dernière, par le ministre qui a évoqué une prise de contact avec le vice-ministre de la Défense et chef d'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, pour discuter de la protestation des médecins grévistes contre leur exclusion des dispenses du Service national. Ainsi donc et en attendant la prise en charge de la question du service civil, le ministère de la Santé a décidé la mise en place d'un comité qui sera chargé uniquement de l'élaboration et du suivi de la mise en oeuvre d'une feuille de route relative à tous les aspects en rapport avec la formation et le devenir des résidents en sciences médicales. Ce comité, qui sera installé dimanche prochain par le professeur Hazbellaoui, sera composé de personnalités médicales reconnues, de représentants de différents départements ministériels et de représentants des résidents en sciences médicales. Il permettra, selon le ministère de la Santé, cité par l'APS, «à l'ensemble des concernés de suivre la mise en oeuvre effective des mesures retenues au titre de la prise en charge des revendications des résidents en sciences médicales». Il ne s'agira donc que des mesures «retenues» lors de la rencontre de samedi dernier. Ce qui ne va sûrement pas décider le Camra à arrêter sa grève. Une situation qui devient pesante pour le citoyen surtout qu'à la grève des médecins résidents est venue se greffer celle des paramédicaux. Les établissements hospitaliers et malgré le service minimum assuré dans certains hôpitaux, connaissent une grande perturbation concernant notamment les soins, les rendez-vous médicaux, mais aussi la programmation des interventions chirurgicales. La situation est urgente et les pouvoirs publics doivent impérativement lever ce blocage induit par la grève de ces deux corps. En fait, même si «le service civil est un patrimoine», comme l'a déclaré le professeur Hazbellaoui, et qu'il y a nécessité d'une «couverture sanitaire spécialisée dans les régions les plus lointaines», la revendication des médecins résidents doit être écoutée. Ces derniers demandent leur intégration dans les mesures de dispense du Service national comme l'ensemble des citoyens. Ils demandent également la négociation de la durée du service civil dont la durée varie de deux à quatre ans. A bien voir, un médecin résident doit effectuer un minimum de quatre années entre le service civil et national. Cette formule pourrait bien être revue. Un choix pour effectuer le Service national ou le service civil pourrait éventuellement être proposé. Il pourrait aussi être question du maintien des deux services avec une réduction de leurs durées. Les propositions peuvent être multiples, il faudra juste prendre le temps d'en débattre pour arriver à une solution consensuelle. Seule manière d'éviter le pourrissement.