Le FLN et le RND doivent s'ancrer dans le réel, aller vers l'essentiel et savoir raison garder. Car autant que les attaques du FLN sont non constructives, autant les réponses du RND sont vaines et superflues. Qui se souvient de la tragique bataille entre les Horaces et les Curiaces visant à éviter l'éclatement d'une guerre fratricide entre Albe-la-Longue et Rome, deux cités soeurs et voisines. Tragique a été la fin de cette histoire mi-historique, mi-légendaire qui accompagne les origines de Rome. Tragique est aujourd'hui la situation dans laquelle se trouvent également les Curiaces et les Horaces algériens. Les deux partis au pouvoir, le FLN et le RND, se livrent à une bataille stérile qui rappelle énormément celle à laquelle se sont livrées les deux familles Horace et Curiace, liées par le sang. Malgré le fait que les dernières élections ont confirmé la dominance des deux partis sur la scène politique, le FLN et le RND ne semblent plus être des frères jumeaux mais plutôt des frères-ennemis. Les derniers couacs entre les dirigeants des deux formations politiques offrent cette image désolante d'un «crêpage de chignon» ou au mieux de «disputes de chiffonniers». Pas plus tard que jeudi dernier, Ahmed Ouyahia, mis sous pression et critiqué par le FLN depuis les élections législatives, a décidé de riposter et de rappeler les «erreurs politiques» du passé, commises par le parti unique. Auparavant, le FLN qui a toujours dit qu'il était opposé aux privatisations, a voulu prendre de la distance vis-à-vis de la Charte du partenariat public-privé, signée entre le Premier ministre, Ahmed Ouyahia et le patronat. La tenue d'une rencontre avec le FCE et l'Ugta, quelques jours après la tripartite, a d'ailleurs jeté le doute sur la démarche initiée par le gouvernement. Ce qui a amené le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, à intervenir afin d'assurer de la transparence à la démarche et d'y apporter du crédit. En fait, le FLN et le RND ne filent pas le parfait amour et depuis un bon moment déjà. La diatribe constitue bel et bien le lot de ces deux formations. Djamel Ould Abbès et Ahmed Ouyahia ne cessent de s'envoyer des flèches assassines. Le secrétaire général du FLN s'en est pris à son «allié» du RND à plusieurs reprises et ce dernier n'a pas manqué de répliquer à chaque fois. Faut-il rappeler que lors de la campagne électorale des législatives, Ould Abbes a rappelé au RND que «le FLN est né avec les moustaches des révolutionnaires. Il n'est pas fabriqué», faisant allusion à la création du RND en 1997 et qui a remporté la majorité de l'APN quelques mois plus tard. Une réplique, à l'époque, aux déclarations du patron du RND qui avait critiqué les partis qui parlent au nom du président et s'attribuent le mérite de la Révolution de 1954. Quel intérêt ont ces piques que se lancent les deux partis? Les deux formations ne peuvent-elles pas s'élever au- dessus de ces «enfantillages» et éviter la politique infructueuse de l'invective? Surtout qu'il s'agit de deux partis qui ont la même approche. Deux partis qui soutiennent la politique du président de la République et qui se revendiquent de la coalition présidentielle. Les deux partis majoritaires peuvent et doivent constituer des forces de propositions pour faire face à la crise par laquelle passe le pays. Ils doivent, ensemble, relever les défis du gouvernement, à savoir diversifier l'économie, baisser le chômage, régler le problème du logement ou encore améliorer le niveau de vie des citoyens. Le FLN et le RND qui ont été portés largement au dessus des autres formations politiques ont l'obligation d'honorer leurs engagements en soumettant des propositions aux espérances citoyennes car le citoyen qui a donné sa voix à un parti politique s'attend à ce que les élus de cette formation politique consacrent leur énergie pour bien le servir. Il n'est pas du tout intéressé par un feuilleton de «crêpage de chignon». Il est important donc que les dirigeants des deux formations politiques arrêtent leur «chamaille» pour revenir vers le fondamental. Au moment où l'Algérie compte ses sous et que le fond des caisses est raclé, Le FLN et le RND doivent s'ancrer dans le réel, aller vers l'essentiel et savoir raison garder. Car autant que les attaques du FLN sont non constructives, autant les réponses du RND sont vaines et superflues. Hier, le patron du FLN a refusé de répondre à la presse et de commenter les déclarations de la veille de Ahmed Ouyahia. Est-ce le début de l'ère de l'enterrement de la hache de guerre entre les deux frères ennemis? il faut l'espérer. Ce qui est, du moins, certain, c'est que la «soudaine» sagesse du patron du FLN sera appréciée en haut-lieu où il s'est dégagé un certain agacement de la guéguerre entre les deux formations politiques. Ce qui est compréhensible car tout ce qui est excessif est insignifiant.