L'odieuse sentence a été prononcée le jour de l'enlèvement. Ni les familles des deux défunts ni les partis politiques algériens ni la société civile ni les Oulémas et religieux irakiens, ni l'Alliance des partis religieux au Pakistan encore moins les gouvernements algérien et irakien n'ont pu fléchir, par leurs appels puissants et incessants, la décision des ravisseurs de mettre à exécution leur menace et commettre leur inqualifiable forfait. Les deux diplomates algériens, Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi, ont été lâchement assassinés. La nouvelle macabre est tombée hier, en fin d'après-midi sur le site Internet du groupe du chef d'Al Qaîda en Irak, Abou Moussab Al Zarkaoui. Il est connu que chez les communautés sunnites, il n'existe pas de référent doctrinal. Chaque groupe se remet à ses propres tendances en l'absence d'une autorité religieuse. Les ravisseurs sont restés sourds aux appels lancés au nom de la religion musulmane, au nom de l'arabité, au nom de la fraternité entre les deux peuples et au nom de l'histoire des deux pays qui ont toujours eu à combattre le colonialisme. L'acte constitue un grave précédent et une sentence contre l'Algérie. La célérité de l'exécution des deux diplomates algériens, une semaine, montre bien que l'odieuse sentence a été prononcée le jour de l'enlèvement. Si les familles, la société civile, les autorités et le peuple algérien ont gardé espoir jusqu'au dernier moment, la sentence semblait déjà prononcée. Le communiqué d'Al Qaîda qui a confirmé l'enlèvement, l'enregistrement vidéo diffusé sur le site Internet de la même nébuleuse, montrant les deux diplomates, n'ont été, en fait, que des opérations de médiatisation. Ce qui était interprété comme un signe positif, « une surenchère » des ravisseurs pour peser dans les négociations, n'était en fait que les dernières salves d'un crime déjà commis. Le rapt des diplomates ayant été souillé par «les félicitations pour l'enlèvement des deux diplomates algériens» adressées par le Gspc au groupe d'Al Zarkaoui, l'exécution n'a fait que s'accélérer. L'empressement à supprimer deux vies humaines a pris de court les efforts diplomatiques des autorités algériennes qui ont réactivé tous les réseaux existants en Irak pour trouver un dénouement heureux à cette affaire, traitée dans toute sa délicatesse. «Les raisons» avancées par le réseau d'Al Zarkaoui sur son site Internet pour «justifier» cet assassinat, ne collent pas à l'Algérie. Car notre pays, est clair dans sa position immuable aux causes justes. L'Algérie a condamné de la façon la plus ferme la présence des forces de la coalition en Irak. L'Algérie qui a goûté aux affres du terrorisme pendant douze années, n'a pas pourtant jamais fait l'amalgame entre le terrorisme et l'islam de paix et de tolérance. Une autre épreuve, une autre peine, un autre deuil: «L'Algérie se souviendra» a écrit hier le communiqué de la présidence de la République suite à cet odieux assassinat.