«Une grève sans préavis. C'est de la sauvagerie. Ils nous prennent en otage» Tous les vols au départ d'Alger n'ont pas pu décoller alors qu'à Oran et Annaba certains vols ont pu être effectués hier matin. Une cellule de crise et un numéro vert ont été installés. Lundi 22 janvier 4 h du matin. Les premiers voyageurs arrivent à l'aéroport Houari Boumediene d'Alger. Surprise: leurs vols sont retardés pour une durée indéterminé! La raison: le personnel navigant commercial de la compagnie Air Algérie a déclenché une grève «sauvage». Plusieurs vols internationaux et nationaux de la compagnie aérienne nationale ont été annulés. Au fur et à mesure que le temps passe, la pagaille s'installe à l'aéroport d'Alger, mais aussi dans plusieurs autres aéroports du pays, à l'instar de Annaba et Oran, où les «locaux» ont partiellement suivi ce mouvement de grève. Tous les vols au départ d'Alger n'ont pas pu décoller alors qu'à Oran et Annaba certains vols ont pu être effectués hier matin. Les vols devant relier Alger à Paris, Barcelone, Lisbonne et d'autres destinations ont été enregistrés dans la matinée, mais les avions n'ont pas pu décoller...A l'aéroport Rabah Bitat de Annaba, sur les six vols programmés pour la journée, seuls ceux à destination d'Alger et de Lyon (France) programmés à 7 heures et 9 heures du matin ont été assurés. Les quatre autres vols dont un international ont été annulés. A l'aéroport international Mohamed Boudiaf de Constantine, seuls les vols domestiques à destination d'Alger, Ouargla et Oran ont été effectués. Les vols internationaux programmés vers Marseille, Paris et Nice (France) ont été annulés. C'est la crise! Les heures passent avant qu'Air Algérie ne réagisse via un communiqué de presse pour informer ses clients que «le mouvement de grève déclenché par le personnel navigant commercial d'Air Algérie a été totalement observé à l'aéroport d'Alger mais partiellement suivi à Oran et Annaba, tandis qu'une cellule de crise a été installée». La compagnie nationale a ainsi mis à disposition de ses passagers des numéros de téléphone pour s'informer de la situation de leurs vols: (021) 50 90 70 - (021) 50 92 86. En attendant, les voyageurs perdent patience. «Ce n'est pas normal de déclencher une grève sans préavis. C'est de la sauvagerie. Ils nous prennent en otage», peste un passager. Le hall de l'aéroport est bondé. Certains essayent de se «naviguer» des billets d'autres compagnies. «Je dois être cet après-midi à Paris, j'ai un important rendez-vous que je risque de rater à cause de cette grève», lance, paniquée une quinquagénaire. Des rixes s'ensuivent entre passagers à bout de nerfs et le personnel qui refuse de communiquer. «Que l'on nous dise au moins ce qui se passe. Personne n'est là pour nous rassurer, on ne sait pas si on pourra prendre l'avion aujourd'hui ou même si notre vol est concerné», dénonce un homme d'un certain âge. L'ambiance est donc électrique. Plus le temps passe, plus les passagers perdent patience. Des représentants des grévistes se décident enfin à aller expliquer les raisons de ce débrayage inattendu. «Nous avons ouvert le dialogue avec le P-DG afin de régler à l'amiable nos revendications socioprofessionnelles, sans recourir à la grève. Nous avons eu en début de semaine une réunion avec lui, mais cela n'a abouti à rien. On a donc décidé de passer à la manière forte», explique une hôtesse de l'air à certains passagers qui l'ont violemment apostrophée. Il faut dire que cette grève était attendue depuis un moment déjà. A la fin du mois de décembre dernier, un préavis de grève avait été déposé par le syndicat du personnel navigant commercial qui menaçait de perturber les vols des fêtes de fin d'année. Leur revendication principale est l'augmentation des salaires. Ils réclament une nouvelle grille, alors qu'il a été décidé le gel de toute augmentation de salaire à cause de la situation financière dramatique dans laquelle est plongée la compagnie... La justice déclare la grève d'Air Algérie «illégale» La cour d'Alger - tribunal de Dar El-Beida- a déclaré hier après-midi «illégale» la grève du personnel navigant commercial d'Air Algérie en vertu d'un jugement en référé, a indiqué à l'APS une source responsable au sein de la compagnie aérienne. Le jugement rendu fait obligation au personnel gréviste de ne pas entraver le fonctionnement des services de la compagnie, ajoute la même source. Le jugement intervient suite à l'action en justice introduite par Air Algérie près le tribunal territorialement compétent de Dar El Beïda. Suite à cette décision, toutes les mesures nécessaires seront prises à l'encontre des travailleurs grévistes, ajoute la même source. Une cellule de crise a été mise en place par l'administration d'Air Algérie pour trouver des solutions à la perturbation du trafic aérien au niveau de l'aéroport, depuis les premières heures de d'hier à l'effet de programmer les vols et permettre aux voyageurs de parvenir à leurs destinations, a indiqué la même source. La compagnie a fait appel à un huissier de justice pour entamer la procédure nécessaire suite à la décision judiciaire déclarant illégale cette grève.