Allez, profitez de la relaxe! Maître Abdelhamid Amara, l'avocat de Hanafi K., n'avait pas fini de savourer sa joie de la relaxe, prononcée sur le siège par le juge de la chambre correctionnelle. Son jeune client alla se rasseoir après que le président de la chambre correctionnelle l'eut relaxé, lorsque, soudain, le procureur général l'interpella de sa puissante voix: «Eh! prévenu! Revenez donc au box, car vous avez un mandat d'arrêt. Vous n'en avez pas fini avec la justice!». Mais que vient de dire le parquetier? Y a-t-il deux justices dans une même salle? Quelle sera la réaction du conseil? La balle est dans le camp du juge, seul maître à bord en ce lieu! Le prévenu se releva plus vite qu'il ne s'assit. Tout justiciable connaît de réputation le «procureur»! En langage populaire on l'appelle «l'enfonceur» i-e «El Gharak». C'est tout dire! «Assis, monsieur!» répliqua Me Amara qui reprit la volée: «Assis, car monsieur le procureur général ignore la loi! Monsieur le président détient seul la police de l'audience et il vient de prononcer votre relaxe!». - Maître, voyons! La cour est gênée! Vous auriez dû demander à intervenir... - Monsieur le président, votre collègue aurait dû, avant moi, demander à intervenir! Quant à mon intervention, elle va en droite ligne avec le droit. Ni plus ni moins! - L'incident est clos: affaire suivante!» dit le juge qui a su garder son sang-froid et maintenir l'ordre, car il a tout de suite senti que Me Amara n'était pas né avec les dernières pluies d'hiver. Sage décision de Hammache! Mohammed Hammache, l'ancien président de chambre du Palais de justice Abane- Ramdane d'Alger était arrivé comme à l'accoutumée au tribunal. Tiré à quatre épingles, un papillon bien ajusté n'ont pas suffi à masquer la mauvaise mine qu'il affichait; ça n' annonçait rien de bon pour cette journée. Cet air cachait une sacrée déception. Et quelle déception! En effet, en ouvrant l'audience, le regard clair, les sourcils en accent circonflexe, le ton conciliant, le juge invita l'assistance à s'asseoir et dit presque sans ponctuation: «Maîtres, je vous annonce que l'audience d' aujourd'hui sera tronquée, du fait que je n'entendrai pas les présumés voleurs. J'ai été volé; on m'a volé ma roue de secours ce matin et donc je n'ai ni l'envie ni le désir d'entendre des prévenus de vol!». Le brillant magistrat commença son audience par un dossier de voisins qui en sont venus aux mains. Il fit son boulot correctement, achèvera l'audience plus tôt que prévu et tenta d'oublier au plus vite l'incident de l'aube, en tenant parole et les prévenus de vol devront attendre une semaine de plus, car Mohammed Harnache n'était pas dans son élément de juge du siège, qui sait mieux que quiconque qu'un juge en colère ne doit pas continuer son audience... Mais ce qui est curieux, c'est cette manière qu'il a lorsqu'il est dans tous ses états, de garder ce très beau regard empreint d'une envie de bien faire son boulot. Et bien faire son boulot dans ce cas, c' est rendre justice dans les règles de l'art! Et la sage décision prise durant cette matinée ne peut être que saluée. El Harrach respire... Rassurez-vous, ce n'est pas l'USMH qui respire, mais le tribunal qui a retrouvé des couleurs depuis l'ouverture du tribunal voisin de Dar El Beïda. En effet, le grand tribunal, que les initiés appelaient affectueusement «l'usine», n'existe plus. Les communes de Bab Ezzouar n'en font plus partie. D'ailleurs, la nouvelle juridiction est tellement spacieuse que les responsables de la cour d'Alger ont eu la lumineuse idée de transférer le tribunal criminel de la première instance à Dar El Beïda, qui a vraiment soulagé le tout-Alger, puisque cinq tribunaux (Bab El Oued, Sid M'hamed, Hussein Dey, El Harrach et Bir Mourad Raïs) atterrissent tous à Dar El Beïda (sans jeu de mots!). Quand on revient à El Harrach, ce n'est plus la foule d'avant 2016! Certes, il y a la fréquentation habituelle, mais amoindrie. Le guichet unique ne désemplit pas. Tant que persistera la bureaucratie, il y aura toujours foule. Les magistrats, eux, sont pour la plupart des jeunes, car les Fella Ghezloun, Fredj Bachir, Mohammed Zaâtout, Nassima Saâda ont pris la tangente vers Dar El Beïda. De toutes les façons, chacun a pris le chemin qu'il fallait pour rendre justice comme il faut. Tant mieux pour tous! A.T.