L'apaisement social, le seul mot d'ordre des partis Elle est dans son rôle en critiquant les choix du gouvernement et sa gestion de la grogne sociale. Cette fin de semaine peut être aisément qualifiée de week-end politique chargé, notamment pour l'opposition. Car, il faut le dire, depuis que le rideau est tombé sur les élections locales, une majorité de partis politiques a sombré dans le coma. Très peu d'entre eux ont cette force d'exister tout au long de l'année et d'aiguillonner l'activité politique. C'est le cas notamment des deux partis au pouvoir, à savoir le Rassemblement national démocratique (RND) et le Front de libération nationale (FLN). Les «frères-ennemis» n'ont pas manqué d'animer tout au long de ces derniers mois la scène politique avec les «piques» échangées. Cependant et depuis la semaine dernière, les rivières coulent de nouveau à leur rythme et dans leurs lits d'origine. Une manière de dire que les deux partis au pouvoir ont pris la résolution de mettre en veilleuse leurs différends. Les leaders du FLN, comme du RND, sont revenus à une posture très «fraternelle».. La parenthèse sur le différend qui opposait le FLN et le RND, à savoir la Charte sur le partenariat public-privé, a été fermée. L'option est aujourd'hui à l'apaisement et il ne s'agit pas seulement de tourner le dos aux polémiques stériles, mais de se tourner vers «les choses sérieuses», à savoir l'Algérie et son développement, le citoyen et ses préoccupations. Cependant, cette Charte sur le partenariat public-privé ainsi que la grogne sociale continuent d'alimenter les discours des autres formations politiques, notamment celle de l'opposition dont trois, à savoir le Parti des travailleurs (PT), le Front El Moustakbel et El Islah, ont en fait le fil conducteur de leurs interventions respectives, hier, lors de rencontres avec leurs militants. En premier, il y a le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune. La femme de fer algérienne, très active sur la scène politique nationale, ne manque jamais de participer à tous les débats de l'heure. Elle a, d'ailleurs, été la première, aux côtés du FLN, à critiquer la Charte de privatisation public-privé, signée entre le gouvernement, le patronat et l'Ugta. Dans une conférence de presse, Louisa Hanoune a continué sur sa lancée en plaidant pour le retrait de la Charte du partenariat public-privé et la suppression de la loi 01-04 sur les privatisations. La pasionaria du PT est également revenue, dans son intervention, sur les grèves et manifestations organisées dans différents secteurs. Très critique envers la gestion du gouvernement de ces mouvements de protestations, Louisa Hanoune parle de «dangers dont est porteuse la situation actuelle». Elle annonce que son parti est «en ordre de bataille» pour faire face à la situation, mais propose également «de mener des actions envers les plus hautes autorités de l' Etat». Elle aspire donc à une rencontre avec le chef de l'Etat pour non seulement participer à la gestion de la grogne sociale mais, à ne pas en douter, discuter de la privatisation des entreprises. Cette proposition, le PT est seul à la faire. Le président du mouvement El Islah, Filali Ghouini, s'est contenté, lui, de plaider en faveur d'un dialogue «responsable et sérieux» avec les partenaires sociaux, plaidant pour l'association des syndicats autonomes aux réunions de la tripartite et rencontres officielles portant sur l'emploi et les conditions socioprofessionnelles. Une manière de dire que l'Ugta n'est pas l'unique partenaire social, à prendre en compte. Le Front El Moustakbel choisit, quant à lui, d'être à fond dans la critique du gouvernement. Abdelaziz Belaïd, le président de la troisième force politique du pays qui est fier de le rappeler à chaque fois, a, dans une réunion, hier, avec ses élus du Centre, âprement critiqué les «réponses» des pouvoirs publics par «le gourdin, la matraque et la manière musclée» aux protestataires et grévistes «qui observent des grèves pour des revendications légitimes et protégées par la Loi fondamentale». Ce dernier va même jusqu'à affirmer que la crise financière du pays n'est pas liée à la chute des prix du pétrole, mais à «l'émergence de certains parasitaires qui spéculaient dans la sphère économique avant d'occuper la scène politique». Et si l'opposition est dans son rôle en critiquant les choix du gouvernement et sa gestion de la grogne sociale, du côté des partis de l'alliance, le débat n'est pas mieux abordé. Puisqu'il ne s'agit pour ces partis que de cautionner les choix et d'annoncer le soutien inconditionnel au président de la République dans le cas où ce dernier décide de se présenter pour un cinquième mandat. C'est le cas de Amar Ghoul, le président de Tajamou Al Djezaïr (TAJ) qui, en réunissant ses élus à Alger, n'a pas jugé utile de proposer des solutions conduisant à l'apaisement social, se contentant de rappeler son soutien au chef de l'Etat et au gouvernement. Mieux, Amar Ghoul a évoqué les «forces du mal qui cherchent à déstabiliser l'Algérie». Un discours loin de convaincre les travailleurs qui ne cherchent, en dépit des difficultés financières de l'Algérie, qu'à améliorer leur niveau de vie. En fait, le moment n'est pas aux critiques non constructives mais plutôt à l'union de l'ensemble de la classe politique pour prendre le chemin de la sérénité dans le discours et l'action. L'élection présidentielle est dans 15 mois et l'option à retenir pour le moment devrait être celle d'apaiser la grogne sociale et de se concentrer sur l'essentiel, la stabilité et le développement.